19 avril 2024
« Je ne suis pas d’où je suis né, mais d’où je me suis fait ». Voilà comment André Michel se décrit et lorsqu’on regarde la trace immense qu’il a laissée dans le paysage culturel septilien, on comprend mieux cette phrase.
C’est au début des années 1970 qu’André Michel est arrivé dans la région. Originaire de la France, il avait décidé de quitter sa terre natale étant donné qu’on lui refusait toutes ses idées de projet, parce qu’on disait qu’il était trop jeune.
En arrivant ici, il a découvert un contexte très différent. Malgré que la vie culturelle était très peu développée à Sept-Îles, la population locale l’encourageait dans ses projets.
Il a donc décidé de monter un projet au Vieux-Poste pour permettre aux artistes d’exposer leurs œuvres.
Ce lieu a connu un succès rapidement. C’est après, que l’idée du Musée régional de la Côte-Nord a germé. Pour se lancer dans un tel projet, il faut bien sûr avoir du soutien. M. Michel, souligne le rôle important qu’a joué le maire de Sept-Îles de l’époque, Jean-Marc Dion.
«S’il n’avait pas été là, Sept-Îles serait bien différente. C’est bien beau que j’aie des idées et des projets, mais il fallait l’appui de Jean-Marc Dion», affirme M. Michel.
Derrière la réalisation d’un projet comme celui du Musée régional de la Côte-Nord, se cachent de petites histoires. Pour attirer l’attention du gouvernement envers ce dossier, André Michel faisait parvenir au ministre de la Culture de l’époque, Clément Richard, des cartes postales avec des paysages de Sept-Îles.
Pour la salle de spectacle, André Michel a réutilisé cette stratégie, sauf que cette fois, il faisait parvenir
à Lise Bacon, la ministre de la Culture, un bouquet de roses rouges à chaque conseil des ministres.
Selon André Michel, cette stratégie d’attirer l’attention des ministres a fonctionnée, parce que dans les deux cas, les projets ont été de l’avant.
L’artiste a quitté la région à la fin des années 1980 pour s’installer à Mont-Saint-Hilaire.
« C’est une fierté pour moi de revenir à Sept-Îles et de voir que le Vieux-Poste, le Musée régional de la
Côte-Nord et la Salle Jean-Marc Dion perdurent », indique-t-il. « Les plus belles années de ma vie, c’est à Sept-Îles que je les ai vécues », ajoute M. Michel.
Un lien unique avec les Innus
Durant toutes ses années à Sept-Îles, il créera une relation spéciale avec les Innus. C’est en allant dessiner dans les bois qu’il fera leur rencontre. Il se lia rapidement d’amitié avec eux. Il se faisait inviter à les accompagner à la pêche et à la chasse. N’étant pas chasseur ou pêcheur, M. Michel profitait de ce moment pour les peinturer dans ses œuvres.
Ce lien de confiance qu’il a créé au fil des années explique en partie pourquoi la communauté lui a demandé sa collaboration pour mettre en place le Musée Shaputuan, à la fin des années 1990.
Dévoilement d’une statue
Une statue réalisée par André Michel a été dévoilée le samedi 25 septembre. Elle est située sur le terrain entre le Musée régional de la Côte-Nord et la Salle Jean-Marc Dion. L’œuvre représente un bronze de lui-même.
Pour l’occasion, le maire de Sept-Îles, Réjean Porlier, a rendu hommage à André Michel. Il a souligné l’implication qu’il a eue dans la réalisation de différents projets culturels à Sept-Îles.
«Aujourd’hui, on prend pour acquis les édifices culturels qui sont présents, mais il a fallu des gens convaincants comme André Michel pour qu’on ait des institutions comme cela», affirme Réjean Porlier.
En plus de ce bronze, il est aussi l’artiste derrière la statue de l’Ami d’acier sur la rue Arnaud et celle des Gens d’ici sur le terrain de l’Hôpital de Sept-Îles.
