Le personnel, comme une chaîne, ne s’est jamais lâché

Par Emy-Jane Déry 11:50 AM - 5 août 2021
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Gisèle Bambara, préposée aux bénéficiaires au CHSLD de Sept-Îles.

Gisèle Bambara est préposée aux bénéficiaires depuis sept ans au CHSLD de Sept-Îles. Lorsque la crise de la Covid-19 a éclaté, elle s’est retrouvée au cœur de journées remplies de tensions inhabituelles, mais surtout, de démonstrations d’entraide inspirantes.

Le 7 juillet, le CHSLD de Sept-Îles a tenu une petite fête avec ses résidents et ses employés. Une façon de souffler un soupir de soulagement après des mois de tension et de bouleversement, qui heureusement, se sont soldés avec aucun décès COVID-19 à l’intérieur de l’établissement.

La petite fête, tout en simplicité avec des cupcakes et des hot-dogs, était surtout une façon de remercier le personnel qui a tenu le centre à bout de bras, sans jamais perdre espoir.

 « Les gens étaient en panique. Très rapidement, nos gestionnaires ont mis en place des mesures. Ça nous a vraiment donné la chance d’éviter d’avoir des cas », estime Gisèle Bambara.

Elle croit que l’aspect éloigné de la région a donné une chance aux gestionnaires de se préparer à la crise avant que le pire ne se présente.

« Ils se sont dépêchés de faire venir du monde pour nous soutenir, avant que ça ne fasse un boom total », dit-elle.

De nombreuses mesures, relatant aujourd’hui du quotidien, ont été rapidement mises en place : port du masque, mains continuellement désinfectées, prises de température quotidienne.

Et il a fallu confiner les patients dans leur chambre. Probablement le plus difficile, selon Mme Bambara.

« Les patients ne comprenaient pas trop, certains étaient vraiment très malheureux, tristes, ils s’ennuyaient beaucoup de leur famille », relate-t-elle. « Pour ceux qui ne comprenaient pas, il fallait essayer de leur expliquer et on devenait comme leur deuxième famille. »

Perdre un proche en pandémie

Durant la pandémie, Gisèle Bambara a personnellement vécu la perte de son père qui était en Afrique de l’Ouest. Elle n’a donc pas pu se rendre à ses côtés.

« Ça m’a fait réaliser et comprendre les familles qui ne pouvaient pas venir voir leurs parents ici », dit-elle.  « Ils étaient impuissants face à ça. J’ai vraiment compris la souffrance qu’ils éprouvaient d’être coincés, sur le gros nerf », confie-t-elle.

C’est par vidéo qu’elle a pu partager ses derniers moments avec lui. Pour les familles du CHSLD de Sept-Îles, cette alternative a aussi vraiment tout changé, se souvient-elle.

Une chaîne

Pour le reste, les travailleurs du CHSLD n’ont plus compté leurs heures et se sont soutenus entre eux. Ils se sont remplacés, lorsque trop épuisés.

Pour le centre, ils sont devenus une barrière de protection. Par exemple, lorsque des travailleurs de l’extérieur venaient prêter main forte, le personnel local s’assurait que leur teste Covid avait bien été passé avant leur arrivée.

« Entre collègues, nous sommes devenus très soudés. On faisait en sorte que l’autre ne tombe pas. On ne se lâchait pas, nous étions comme une chaîne, on se tenait », conclut Mme Bambara.

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