Vincent Vallières rend hommage à Port-Cartier et au Graffiti

Par Emy-Jane Déry 12:46 PM - 26 juillet 2021
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Vincent Vallières entouré des élèves de la chorale du Centre Éducatif l’Abri, lors de son premier passage au Graffiti, en 2003. Photo Facebook

Vincent Vallières était en spectacle au Café-Théâtre Graffiti, samedi. Suite à son passage, il a publié sur Facebook un long message hommage à la région et au directeur de la salle, Yves Desrosiers.

Voici l’intégrale de son message.

Pendant un temps, passé Baie Comeau, la 138 devient très escarpée. Elle se transforme en une spectaculaire montagne russe oscillant entre des montées à pic et des descentes vertigineuses. Mon regard est appelé vers le large, mais la conduite nécessite toute mon attention. Dans le bout du Lac Low, il y a quelques points de vue qui en jettent sérieusement. Ça se poursuit de plus belle jusqu’à Franquelin où des pêcheurs lancent leur ligne à la jonction de la rivière et du fleuve dans un décor immense et intime à la fois.

En traversant Baie-Trinité, j’ai une pensée pour l’excellent roman Tout est Ori de Paul Serge Forest. L’auteur a grandi sur la Côte-Nord et l’action de son livre se déroule dans ce village. À cette hauteur, la 138 a arrêté son manège. Maintenant, elle s’étire et s’entête en ligne droite. Hypnotique, elle ondule au bout de l’horizon dans de légères courbes.

J’arrive à l’hôtel le Q’Artier en milieu d’après-midi. Avant d’être rénové il y a quelques années, l’établissement était connu sous le nom du Château. Après un spectacle, je me rappelle y être rentré avec Gasse un soir de pluie diluvienne. Dans le corridor, il y avait une multitude de sceaux remplis d’eau dû au toit qui coulait de partout. Ça tombait à grosses gouttes et ça a donné à notre fin de soirée un feeling de fin du monde.

Port-Cartier est une municipalité de six mille habitants.

Son économie tient massivement sur l’industrie du bois et du fer. Quand on arpente ses rues, on sent la fierté des résidents. En regardant une carte de la ville, on découvre une grande zone verte en son centre. Ça fait penser à un poumon qui oxygène les quartiers qui s’étendent autour. De grands parcs avec des sentiers pédestres sont aménagés dans cet espace. Entre les îles Patterson et McCormick s’entremêlent des rivières et des ponts ainsi qu’une piste cyclable. Un peu plus haut, il y a un barrage hydro-électrique hors-service qui remonte aux années 20.

Des immenses galets de pierres polies par l’eau de la mer protègent les rivages. Sculptées par les marées et par le temps, elles sont l’œuvre précieuse de la nature et nous rappelle qu’ici, ce ne sont pas les risques d’érosion des berges qui guettent les riverains, mais bien la crue des eaux.

J’arrive au Graffiti au bout de l’après-midi. L’inspirante boîte à chansons se trouve sur la pointe de l’Île McCormick. Par les belles soirées d’été, les spectateurs peuvent s’installer avec un verre sur la terrasse qui fait face à la mer. Dans la loge, un écran où défile des photos attire mon attention. En regardant les images passer distraitement, je me vois soudainement apparaître. Sur le cliché, je suis entouré des élèves de la chorale du Centre Éducatif l’Abri, la polyvalente de Port-Cartier. Je me rappelle ce moment comme si c’était hier.

Ça remonte à mon premier passage au Graffiti en 2003. C’est le diffuseur Yves Desrosiers qui, peinant à vendre des billets pour mon spectacle, avait eu l’idée de créer cette rencontre. À sa demande, j’étais allé discuter avec les élèves durant l’après-midi précédant le concert puis nous avions fait une répétition. Le soir venu, le chœur avait chanté avec moi Faut qu’tu fesses fort dans vie. Ce fut un beau moment qui a créé un sentiment d’attachement pour moi envers Port-Cartier. Depuis, Yves est devenu un ami. Il a présenté la majorité de mes spectacles et le public a vieilli à mes côtés.

Ce soir, les gens rassemblés au Graf sont particulièrement chaleureux. Ils applaudissent à tout rompre mes interprétations et chantent tout au long du spectacle. Après le show, je ramasse mes instruments et je vais saluer l’équipe au bar ainsi que Marc, le technicien qui nous accueille depuis mes débuts. Dans la salle, il reste quelques spectateurs qui discutent, dont les 4 sœurs Camiré. Deux d’entre elles ont chanté avec moi en 2003. Elles sont rendues aujourd’hui dans leur jeune trentaine. L’une est médecin, l’autre est notaire. On se salue et on prend des nouvelles. Ça me touche qu’elles soient venues en famille m’écouter chanter.

Avant de quitter avec Louis afin d’arriver au pub St-Bernard avant la fermeture de la cuisine, je donne le point à Yves en manquant de mot pour lui dire merci.

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