Une institution septilienne ferme ses portes après 58 ans
La propriétaire Anny Lavoie a acheté la Bijouterie Banville à Gilles Banville, il y a 22 ans.
Après 58 ans d’opération, l’institution qu’était devenue la Bijouterie Banville de Sept-Îles a fermé ses portes.
Des fleurs et du chocolat, Anny Lavoie en a reçu de ses clients tristes d’apprendre la fermeture de la bijouterie.
C’est que la bijouterie, c’est un membre de la famille, croit la propriétaire.
« J’ai des clients qui sont venus bébés avec leurs parents. On leur a mis une croix dans le cou, on leur a percé les oreilles et aujourd’hui, je leur ai vendu leur bague de fiançailles » a illustré, Mme Lavoie.
Ce n’est pas par manque de clientèle qu’elle a choisi de mettre la clé dans la porte. C’est plutôt un désir de prendre sa retraite et un manque de relève.
Un métier en évolution
Le métier de bijoutier a grandement évolué depuis qu’Anny Lavoie a racheté la bijouterie de Gilles Banville, il y a 22 ans. Les cellulaires ont remplacé la montre, le cadran et même les crayons.
Le commerce en ligne fait aussi compétition. « Il y a beaucoup de choses qu’on vendait, qu’on ne vendait plus », a-t-elle admis.
« Dans ma propre bijouterie, des gens vérifient la montre sur Amazon avec leur cellulaire et si on ne peut pas leur faire à ce prix-là, ils s’en vont », a-t-elle raconté.
N’empêche, les réparations et la vente de bijoux sont encore d’actualité.
« On va toujours porter des bijoux, les réparer, se marier », a dit Mme Lavoie.
Difficile de recruter
Il y a quelques années, le réparateur local de la bijouterie est malheureusement décédé. Le remplacer n’a pas été chose facile. Il a fallu que Mme Lavoie mette en place un système de réparation en collaboration avec son frère qui a lui aussi une bijouterie, mais à Magog.
« Mon oncle a une bijouterie à Joliette et les gens ne veulent pas aller travailler là pour réparer, car ils disent que c’est trop en région…à 35 minutes de Montréal…imaginez-vous qu’ils ne sont pas près de venir à Sept-Îles ! »
Il faut aussi trouver des personnes de grande confiance et faire des enquêtes sur chaque employé. Les dernières employées de Mme Lavoie avaient entre 62 et 78 ans.
« On a peur de tout », soutien Anny Lavoie. « Du chum qui cohabite, qui peut prendre les clés de bijouterie et venir me voler », cite-t-elle en exemple.
Par le passé, la propriétaire a même déjà reçu des offres de compétiteurs pour l’engager elle-même.
« Ça donne une idée de comment ce n’est pas évident dans le domaine. »
De magnifiques années
« Ça a été des superbes de belles années », a lancé Anny Lavoie, en repensant à cette aventure un brin nostalgique. « J’ai aimé autant mes clients que mes employés. »
Et ce qu’elle a aimé le plus ? Voir la vie des gens à travers les bijoux qu’on lui confiait. Perle de naissance, anneaux de mariage…
« Un bijou, c’est un héritage que tu laisses aux autres pour longtemps, c’est plus qu’un luxe », a-t-elle conclu.