De jeunes Septiliens à la recherche de modèles LGBTQ2+

Par Maxim Villeneuve 10:08 AM - 30 juin 2021
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Hands of a group of three people with LGBT flag bracelets. LGBT pride celebration.

Faire son « coming out » dans un petit milieu peut sembler intimidant. De jeunes Nord-Côtiers LGBTQ2+ tracent le chemin pour les prochaines générations.

Il y a eu une évolution dans les mentalités et les choses ont changé pour les personnes queers, remarque l’ancienne professeure à l’école Manikoutai, Alex Rodrigue. À son avis, la tendance à l’ouverture a grandi depuis ses débuts à cette école en 2015.

Il/elle* a senti que la cohorte finissante de 2021 a marqué l’école de valeurs plus inclusives. De nombreux élèves ont déclaré leur identité sexuelle et de genre.

« C’est un maudit beau cadeau de cette cohorte », observe Mme Rodrigue.

Les étudiants en apprennent beaucoup sur le sujet avec Internet et ils se partagent l’information.

L’isolement causé par la pandémie a forcé les gens à réfléchir davantage, selon M. Rodrigue. C’est ce qui a laissé de la place à l’ouverture d’esprit.

Mme Rodrigue quitte la région sous peu. Malgré son départ, il/elle croit avoir fait une différence pour la communauté.

« Mon aura ne va pas quitter l’école nécessairement », exprime Mme Rodrigue. « On ne part jamais vraiment de la Côte-Nord. On continue de l’habiter, juste différemment. »

Étant aussi queer, Alex Rodrigue a permis aux élèves d’avoir une personne de référence.

Alex Rodrigue a été professeur plusieurs années à l’école Manikoutai. Photo courtoisie

« On n’a pas d’exemples dans la vie de tous les jours », raconte-t-il/elle.

Avoir plus de modèles encouragerait les jeunes à s’affirmer. 

« C’est dur d’être différent, mais c’est gratifiant d’être la référence », témoigne Mme Rodrigue.

Il/elle croit que l’esprit de communauté parmi les personnes LGBTQ2+ est très peu présent dans la région. Il y aurait un besoin de créer des organismes ou un regroupement, selon Mme Rodrigue. À son avis, il est rassurant d’être entouré de gens qui nous ressemblent, surtout dans un petit milieu.

Mme Rodrigue a senti ce besoin cette année sans même qu’il soit nommé. Il/elle envisage que la création d’organismes pourrait être possible bientôt.

« Ça doit venir des élèves », précise Mme Rodrigue.

Un désir partagé

D’autres voix pointent le manque d’esprit de communauté. Rose Boulianne, un jeune Nord-Côtier qui s’identifie comme non-binaire et lesbienne témoigne qu’il aimerait avoir des gens ayant une histoire semblable avec qui interagir. Selon lui, il faudrait des ressources d’aide sociale, de support et d’information en la matière à Sept-Îles.

« La ville pourrait mentionner son support et avoir des évènements », propose-t-il.

Selon M. Boulianne, pour contrer l’homophobie, il faut militer pour le plus grand nombre. À son avis, les débats individuels ne sont pas la solution.

« L’activisme est plus efficace que le cas par cas », affirme M. Boulianne.

M. Boulianne croit qu’il faut réduire l’importance que l’on accorde aux catégories.

« Ce que je trouve dommage, c’est le besoin que les gens ont d’absolument savoir le genre », exprime-t-il.

Ce dernier croit que la langue française n’est pas adaptée à la non-binarité, car les mots ont un genre. Il faut donc être plus compréhensif lorsque quelqu’un se trompe involontairement.

La compréhension commence par l’éducation

William, un jeune septilien, raconte qu’il ne savait pas à quoi s’attendre comme réaction de son entourage à son « comming-out ». Ce dernier s’est dit agréablement surpris de l’acceptation facile des gens.

William a toutefois remarqué que plusieurs ne comprennent pas tout à fait sa situation.

« Je pense que c’est une question de long terme, parce que là, il n’y a pas beaucoup d’exemples », explique William.

À son avis, il faudrait plus d’éducation sur les différentes identités sexuelles et de genre.

*À la demande des personnes queers interrogées dans cet article, l’utilisation des genres (il/elle, M/Mme) a été faite de manière aléatoire

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