L’accalmie du coucher de soleil pour les personnes en situation de crise

Par Emy-Jane Déry 2:11 PM - 25 juin 2021
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Marie-Luce Jourdain, directrice par intérim de la maison Tshimishtin.

Une maison d’hébergement temporaire et d’aide pour les Innus en situation de crise ouvre ses portes à Uashat.

Nadeige Guanish, 18 ans, mère d’un bébé, s’est enlevé la vie le 31 octobre 2015. Cette année-là, cinq autres personnes ont mis fin à leur jour sur la communauté de Uashat mak Mani-Utenam.

Cette vague de suicide était « évitable », a conclu le coroner Bernard Lefrançois, au terme d’une enquête publique menée en 2016 sur la situation.

Au total, il a fait 41 recommandations après avoir entendu une trentaine de témoignages chargés d’émotions au Palais de justice de Sept-Îles. L’une des principales était l’ouverture d’une ressource spécialisée et disponible 7 jours sur 7 dans les communautés pour gérer les crises.

Le 12 juillet 2021, au 2 rue Shimun, à Uashat, cette ressource ouvrira officiellement ses portes. C’est plusieurs années plus tard, mais il faut dire que la pandémie a retardé le projet.

Évitable

« Évitable », ce terme a marqué Marie-Luce Jourdain, la tante de Nadeige Guanish. C’est elle la directrice intérim de la maison Tshimishtin. Elle a aussi contribué à la création du projet, une façon pour elle que tous ces drames ne soient pas en vain.

Tshimishtin signifie « le vent se calme ».

« Juste avant le coucher du soleil, il y a souvent des bourrasques de vent. Et lorsque le soleil se couche, il y a une accalmie, le vent se calme », explique Mme Jourdain. Le nom de la maison reflète l’ambiance qu’on souhaite y instaurer.

Elle est ouverte pour le temps d’un café, ou pour 14 jours d’hébergement, selon les besoins. Tout a été pensé dans les moindres détails. Il n’y a pas de télé dans la salle commune de l’étage. On s’y rassemblera pour manger, discuter, faire les tâches.

Il y a une horloge dans chaque chambre, « car c’est important de se situer dans le temps », a dit à Marie-Luce Joudrain, un de ses amis qui est psychiatre.  

L’une des chambres de la maison Tshimishtin.

Au sous-sol, il y a une pièce insonorisée où les résidents pourront aller crier pour se défouler s’ils le souhaitent, ou simplement lire un livre en profitant de l’aromathérapie. D’ailleurs, les gens de la communauté sont invités à contribuer à la bibliothèque de la maison, en y faisant don d’un livre qui les aura particulièrement aidés au cours de leur vie.

Pour le moment, la maison pourra accueillir jusqu’à cinq pensionnaires à la fois en raison des mesures sanitaires. Elle espère grimper ce nombre à huit.

Elle a actuellement quatre intervenants d’embauchés et d’autres sont à venir. La maison est aussi accompagnée d’un service téléphonique 24h/par jour. Les familles des personnes en situation de crise suicidaire pourront aussi y être hébergées et y recevoir des services. C’est le Conseil de bande de Uashat mak Mani-utenam qui finance 100% du projet.

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