Modification du régime forestier : Alliance forêt boréale interpelle François Legault

Par Johannie Gaudreault 10:50 AM - 17 juin 2021
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Le président d’Alliance forêt boréale, Pascal Cloutier, veut des réponses du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs et interpelle le premier ministre Legault. Photo : Courtoisie AFB

Faute d’obtenir des réponses auprès du gouvernement du Québec et de son premier ministre François Legault, Alliance forêt boréale (AFB) s’est fait entendre via une conférence de presse le 17 juin concernant la modification du régime forestier pour la Côte-Nord et le Saguenay-Lac-St-Jean.

« Le premier ministre n’a pas saisi l’opportunité de rencontrer les élus des communautés forestières du Saguenay–Lac-Saint-Jean et de la Côte-Nord. AFB croit qu’il a manqué une belle occasion de travailler en mode solution avec les communautés forestières », clame le président d’AFB, Pascal Cloutier.

Dans la dernière année, à de nombreuses reprises, AFB a fait part au ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP), Pierre Dufour et à son ministère de plusieurs préoccupations en lien avec le secteur forestier. Le 30 avril, AFB a finalement rencontré M. Dufour afin de lui faire part de ses préoccupations sur différents enjeux forestiers.

Les sujets suivants ont été abordés : régime forestier, décentralisation du MFFP en région, aires protégées et stratégie de protection du caribou forestier.

« Le ministre Dufour a toutefois refusé de discuter des modifications à apporter au régime, a affirmé que les 17 modifications administratives effectuées dernièrement étaient suffisantes et a prié les communautés forestières d’attendre encore un an ou deux pour en voir les bénéfices », dévoile M. Cloutier, ajoutant que le milieu forestier a assez attendu.

L’organisation n’acceptant pas cette déclaration, elle a donc transmis au cabinet du ministre Dufour un document afin d’obtenir des réponses à ses questions, « document qui n’a toujours pas eu de retour ».

« Force est de constater aujourd’hui que les modifications administratives proposées sont insuffisantes pour respecter l’engagement de M. Legault. Elles sont insuffisantes également pour garantir la survie et la vitalité de l’ensemble de notre industrie forestière dans nos communautés, menacées par la lenteur et l’inefficacité du système et nous souhaitons travailler de pair avec le gouvernement pour que ça change », affirme Pascal Cloutier.

AFB demande au gouvernement de mettre de l’avant une réelle réforme du régime forestier et l’assure « de son entière collaboration » à la réalisation de ce chantier. « Notre principale préoccupation est d’assurer la survie et la vitalité de l’ensemble de notre industrie forestière dans nos communautés », fait savoir le président d’AFB.

Selon l’Alliance, l’industrie forestière est la solution pour relancer l’activité économique des régions ainsi que pour lutter contre les changements climatiques. « Les démarches entreprises aujourd’hui sont dans le but d’assurer un avenir aux générations futures de nos régions forestières. Le Saguenay-Lac-Saint-Jean et la Côte-Nord se sont bâties et développées autour de la forêt et nous souhaitons que la forêt demeure un devenir pour ceux qui y habitent, dont les jeunes », soutient Pascal Cloutier.

« Les entreprises sylvicoles sont prêtes à relever le défi de vos ambitions de développer une économie verte pour nos enfants et les générations futures, et ce, dès maintenant. Monsieur le premier ministre, la prévisibilité en est la pierre angulaire. Les modifications administratives au régime forestier sont peut-être une avancée, cependant, tous sont d’accord pour dire qu’elles sont insuffisantes pour faire face aux enjeux structurels », de dire Rémy Paquet, entrepreneur de Baie-Comeau et administrateur à l’Association des entrepreneurs en travaux sylvicoles du Québec.

Alliance forêt boréale n’a pas obtenu de réponses de la part du ministre Pierre Dufour. Photo : Audrey Folliot, Bell Média


Des demandes réalistes, selon AFB

Après plusieurs consultations avec les différents acteurs de l’industrie, Alliance forêt boréale « est plus que convaincue » que ses demandes sont réalistes et permettront de faire une réelle différence dans la performance de l’industrie forestière.

  1. Améliorer la Loi des forêts et les éléments dysfonctionnels dans le régime forestier actuel.

AFB a tenu des consultations le 22 février 2021 auprès de l’ensemble des acteurs forestiers de son territoire et tous affirment que le processus de planification n’a pas été amélioré malgré les annonces faites en 2020. « La prévisibilité, la flexibilité et la rentabilité ne sont toujours pas au rendez-vous », confirme le président Pascal Cloutier.

2. Soutenir la sylviculture en investissant davantage afin de pouvoir prétendre atteindre les objectifs fixés dans la Stratégie nationale de production de bois notamment doubler le rendement des forêts d’ici 2050 et améliorer le bien-être des entrepreneurs, des communautés et des écosystèmes forestiers.

« En décembre 2020, lors de l’annonce de la Stratégie nationale de production de bois, le ministre Dufour a indiqué son intention d’investir 250 M$ par année en travaux sylvicoles. Le 25 M$ supplémentaire n’est pourtant pas de l’argent neuf car il provient de programmes fédéraux ou de sommes de 2020-2021 non utilisées, donc non récurrentes », explique M. Cloutier, mentionnant que la Stratégie n’est qu’un mirage jusqu’à maintenant.

« Les entrepreneurs veulent contribuer à la lutte aux changements climatiques, ils souscrivent à la Stratégie nationale de production de bois et souhaitent être des acteurs de la relance économique des régions, sauf que les investissements appropriés ne sont pas aux rendez-vous. Monsieur le premier ministre, il est temps, maintenant, de nous donner le moyen de vos ambitions en investissant massivement en sylviculture », souligne Jean-François Harvey, entrepreneur au Saguenay et vice-président à l’Association des entrepreneurs en travaux sylvicoles du Québec.

3. Permettre à la forêt de jouer pleinement son rôle dans la lutte aux changements climatiques et dans la relance économique des régions et du Québec.

De l’avis d’AFB, le Québec dispose du meilleur moyen pour lutter contre les changements climatiques : la forêt.

« C’est reconnu scientifiquement, une forêt qui pousse et qui est aménagée, capte du carbone alors qu’une forêt qui se décompose émet du carbone. L’utilisation du matériau bois est un moyen qui permet également de capter du CO2. Cependant, pour utiliser le matériau bois, il faut rendre disponible la matière ligneuse à la récolte. Il faut permettre la réalisation de travaux sylvicoles afin d’aménager la forêt pour éventuellement la récolter et utiliser le matériau bois », précise Pascal Cloutier.

4. Préserver l’accès à la matière ligneuse (aires protégées, caribou forestier, TBE, etc.)

Plusieurs menaces planent sur les approvisionnements forestiers à court et moyen terme.

« Le MFFP tout comme le ministère de l’Environnement sont opaques dans les dossiers du caribou et des aires protégées. AFB demande au gouvernement d’être transparent dans le cadre de ces deux stratégies et d’impliquer les communautés dans leur élaboration », conclut le président, aussi maire de Dolbeau-Mistassini.

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