Un patrimoine vivant à Unamen-Shipu

Par Maxim Villeneuve 9:56 AM - 11 juin 2021
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Charles-Api Bellefleur. Photo courtoisie

Le gardien des légendes de sa nation, Charles-Api Bellefleur, a été nommé parmi les lauréats des Maîtres des traditions vivantes de 2021.

M. Bellefleur fait rayonner sa culture et ses ancêtres à l’aide de sa voix et son teueikan, un tambour sacré chez les Innus. Il s’accompagne aussi à l’accordéon. Il est porteur des traditions de sa culture, l’innu-aitun. M. Bellefleur est très présent dans sa communauté et dans plusieurs de leurs événements.   

Le programme national des Maîtres de traditions vivantes reconnaît chaque année les artisans de grand talent qui maîtrisent une pratique transmise de plusieurs générations. Les lauréats sont des emblèmes du patrimoine vivant canadien.

Chasseur et sage aîné sont les mots qui décrivent bien Charles-Api Bellefleur. Ces 72 ans ne l’empêchent pas de suivre les saisons et les changements mensuels de pratique de la chasse. Il est aussi un aidant naturel depuis plusieurs années.

Le maitre des traditions habite à Unaman-Shipu. Dans cette petite communauté à La Romaine, on parle encore en innu-aimun, ce qui est une fierté pour M. Bellefleur. Certaines communautés ne parlent plus leurs langues traditionnelles. Malgré l’attachement qu’il ressent, Charles-Api Bellefleur perçoit Unaman-Shipu comme un espace limité. Presque une prison, car il ne peut y vivre comme ses ancêtres.

Il a grandi avec ses parents et ses grands-parents dans la forêt. N’ayant été qu’un an au pensionnat, il était très proche de sa famille et il s’est imprégné de leurs histoires. Par l’écoute attentive de la tradition orale, son savoir a grandi.

« J’étais très à l’écoute de leurs contes, de leur culture, du son du tambour », raconte M. Bellefleur.

À l’adolescence, M. Bellefleur a commencé à dessiner pour partager sa culture. Ce désir provient d’un amour puissant pour son peuple et ses légendes. Avec le temps, l’envie de transmettre la tradition innue l’a poussé à poursuivre son art avec la musique et le conte.

« Moi j’ai vu que c’était une belle culture la culture innue. C’est ce que j’ai vu qui m’a poussé à aller loin, parce que je l’ai vécu et je voulais la transmettre à d’autres », témoigne-t-il.

Toutefois, M. Bellefleur ne dessine plus.

« Aujourd’hui, j’ai arrêté. J’ai 72 ans, je me sens trop vieux », ricane-t-il.

Sa nomination de Maîtres des traditions l’a touché et lui procure un sentiment de fierté. De la fierté pour lui-même, mais surtout pour la visibilité que cela donne à sa culture.

« Toute ma culture vient de siècles et de siècles, aujourd’hui je très reconnaissant qu’ils ont pu reconnaitre les Autochtones. C’est une première pour les Autochtones », exprime-t-il.

M. Bellefleur dit qu’il reçoit beaucoup d’invitations pour participer à des événements culturels.

« Ça n’arrête pas! », déclare-t-il.

Aujourd’hui, M. Bellefleur travaille avec le Centre de santé de La Romaine qui fait la transmission de la langue et de la culture innue à la communauté. Il va aussi dans les écoles et à la maison des jeunes pour partager des contes et légendes.

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