Ce Septilien cherche des remèdes contre le cancer

Par Emy-Jane Déry 11:21 AM - 10 juin 2021
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Le chercheur Jean-Yves Masson. Photo courtoisie

Jean-Yves Masson déambulait encore dans les corridors de l’école primaire Marie-Immaculée quand son intérêt pour l’ADN s’est présenté.

Il était le genre d’enfant à regarder un champignon et à se demander pourquoi cette chose était devenue un champignon plutôt qu’un humain.

Quand sa mère lui a demandé ce qu’il voulait faire dans la vie, à 6 ans, il lui a fermement répondu qu’il deviendrait un savant.

Celui qui consacre maintenant ses journées à trouver des traitements contre le cancer assure que c’est elle, d’ailleurs, qui l’a éveillé à la biologie.

« Elle nous faisait cueillir des champignons, ensuite il fallait les analyser, les mettre en famille. On s’intéressait aussi beaucoup à la mer et à la vie sous-marine », raconte-t-il.

Puis de l’Institut d’Enseignement de Sept-Îles, au programme de Sciences de la nature du Cégep de Sept-Îles, il a tracé sa voie vers de grandes études scientifiques.

« C’est un de mes grands regrets, s’il y avait eu une université, je serais toujours là, à Sept-Îles. C’est clair que c’était un manque à ce moment-là », dit-il.

C’est donc vers l’Université de Sherbrooke qu’il s’est tourné, pour aller chercher jusqu’à une maîtrise en biologie cellulaire. À l’Université Laval, il obtient un doctorat dans le même domaine. À 28 ans, il choisit de poursuivre encore avec des études post-doctorales dans une institution mondialement renommée dans le domaine de la réparation de l’ADN, l’Institut Clare Hall, près de Londres.

Pour s’y rendre, il a réussi à obtenir quatre bourses.

« J’ai été élevé en disant : si on a un rêve, il faut le poursuivre et il va arriver. »

500 000$ de microscopes

Le Septilien est désormais chercheur au Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval et professeur titulaire au Département de biologie moléculaire, biochimie médicale et pathologie de la Faculté de médecine de l’Université Laval.

Il vient d’obtenir une Chaire de recherche niveau 1 en réparation ADN cancer et recherche sur le cancer.

Pour obtenir ce genre de reconnaissance de niveau national en recherche, il faut notamment avoir fait des découvertes importantes et aussi formé des gens de la nouvelle génération.

Un des grands avantages, c’est l’équipement relié à la Chaire. Grâce à celle-ci, Jean-Yves Masson vient d’obtenir 500 000$ uniquement en microscopes haute-résolution. Ça permettra à son équipe et à lui de faire de grands avancements.

Ils se concentrent sur « comment l’information génétique est réparée dans une cellule ».

En gros, uniquement lorsque nous respirons, nous pouvons endommager notre ADN. Tous les jours, nous avons de 20 000 à 100 000 dommages à l’ADN, par cellule. La plupart du temps, tout ceci se répare. Mais parfois, il arrive que les mutations dans les gènes puissent entrainer le cancer.

Ils essaient donc de comprendre comment les dommages sont réparés et ensuite, de trouver les médicaments personnalisés, selon le type de mutations survenues. C’est comme d’obtenir un traitement sur mesure pour un patient, selon son statut génétique. Le groupe de chercheurs se concentre sur les cancers du sein, ovariens et de la prostate.

Retour aux sources

L’équipe de M. Masson est composée de 14 personnes issues de partout dans le monde. Ces gens sont venus spécifiquement pour œuvrer dans son laboratoire en provenance du Brésil, de l’Irlande, de la Chine, d’Espagne…il leur raconte toujours qu’il vient de Sept-Îles.

« Ce n’était pas un chemin tracé. La première année au BAC à Sherbrooke, mon Dieu que je m’ennuyais de la Côte-Nord », lance-t-il. « Je pense que j’ai fait même une mini dépression. Je m’ennuyais de mes amis, des vagues, du rivage…mais, on finit par passer au travers », insiste-t-il, en rappelant qu’il est important de suivre ses passions.  

Mais même si on passe au travers, ça semble finir par nous rattraper. Car quand il songe au futur, c’est dans son chalet à Matamec avec sa femme et ses enfants qu’il rêve maintenant de passer plus de temps.

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