Un an de COVID : Sept-Îles s’en tire bien aux yeux de Réjean Porlier

Par Sylvain Turcotte 8:56 AM - 21 mars 2021
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Le maire de Sept-Îles, Réjean Porlier, retient beaucoup de positif de la dernière année, malgré le contexte de la COVID-19. Photo : Courtoisie

Un an de changements et de bouleversements marqués par la COVID-19, ses impacts, ses mesures sanitaires. Regard sur cette dernière année avec l’œil du maire de Sept-Îles, Réjean Porlier, mais aussi l’homme.

Quel bilan Réjean Porlier, le maire, dresse-t-il de cette année de COVID pour Sept-Îles et la région?

Je pense qu’on est de ceux qui s’en sont bien tirés, si je compare. C’est sûr que c’est une année difficile pour tout le monde. Juste le fait que la grande industrie a réussi à continuer, et qu’on a beaucoup de choses qui tournent autour d’elle, ç’a fait en sorte qu’économiquement ça s’est somme toute bien passé. Nos restaurants ont été mieux qu’ailleurs. On a traversé les fêtes avec les restaurants ouverts alors qu’ailleurs tout était fermé.

Le dernier bout a été plus difficile. La zone orange foncé a été mal digérée par les gens. Comment se fait-il qu’avec les résultats qu’on a ici qu’on a la même médecine que partout ailleurs. Moi aussi je trouvais ce bout difficile. Normalement, on devrait s’en sortir.

Comment a été la dernière pour Réjean Porlier, l’homme, l’humain, mais aussi comme maire?

Ç’a changé ma vie de maire, parce que moi c’était soirs et fins de semaine avant la COVID, les soirées de financement, les activités. Mes fins de semaine étaient remplies. On est passé des heures de bureau, en dehors de bureau, comme tout le monde. Il y avait peu de contacts. Ç’a ralenti mon rythme en dehors des heures de travail régulières. Ç’a un impact positif, même si j’aime bien le monde et souligner des choses importantes. J’ai été plus à la maison que je ne l’ai jamais été durant les six autres années. Ç’a fait du bien à la conjointe, mais on sait que ce n’est pas la réalité.

C’est difficile de ne pas pouvoir être proche de tes enfants, de ta famille, comme tout le monde. Ça nous a ramené plus près de nos valeurs humaines, prendre le temps, prendre le temps d’appeler ses parents, nos proches. Même si on ne pouvait se toucher, on se préoccupait davantage des personnes vulnérables, des personnes seules. Il n’y aura pas que du négatif. J’espère qu’on va garder les bons réflexes à la sortie de tout ça.

Comme maire, des rencontres Zoom, à longueur de journée, c’est essoufflant. Ça demande énormément de concentration. Le contact humain n’est pas là. Il y a un gros paradoxe avec la COVID, autant que ça nous a paralysé toute sorte de choses, autant que j’ai trouvé que les journées passaient vite.

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans la dernière année?

L’incertitude et l’inquiétude que ça créait chez tout le monde. On sentait les gens désemparés. C’est là que je dis que nous on a été chanceux car on n’a jamais vu autant de gens marcher. On a cette chance-là d’avoir la nature, mais ailleurs quand tu penses à ça, ils étaient dans leur petit coin, ils ne pouvaient pas aller bien loin. Ç’a en a fait réfléchir plusieurs à venir dans des endroits comme chez nous, où tu peux profiter de l’espace, du plein air. Sinon, c’est le désarroi, les gens plus vulnérables.

Je suis fier de la façon dont nos gens ont répondu. Ils ont été résilients. Oui de la frustration par rapport au fait qu’on n’a pas de cas et qu’on est pogné comme à Montréal, mais en même temps, la résilience est là et on espère que le vaccin va arriver.

Ç’a aurait été facile d’échapper tout ça. On est sorti des Fêtes et il y a eu quelques Ouf! Douze cas à Port-Cartier, plus de dix cas par jour. Ça aurait pu décoller. On s’en est bien tiré.

Quels bons coups retenez-vous de la dernière année pour Sept-Îles?

Les équipes municipales ont fait un travail extraordinaire. Je pense entre autres au terrain de jeux. Chaque fois il a fallu complètement repenser comment on allait mettre en place des services. Nos équipes ont été ingénieuses. Elles ont offert aux gens la semaine de quatre jours de terrain de jeux, incluant la garderie. Beaucoup moins de casse-tête pour les parents.

Mon coup de cœur, c’est la façon que les gens ont été imaginatifs. J’ai énormément apprécié les initiatives populaires, Frédéric Gagnon avec la Zumba et la parade. C’est dans des temps comme ça que des gens ressortent, des gens qui vont faire la différence. Les initiatives populaires pour faire du bien aux gens, quand des personnes ont été devant les Bâtisseurs pour faire de la musique. Il y a eu toutes sortes de choses.

Quels impacts la COVID a-t-elle eus pour la Ville?

Je ne sais pas si c’est la COVID, mais on voit aujourd’hui le prix des matériaux qui ont explosé. Ça met à risque différents projets pour la Ville, des appels d’offres qui vont sortir à des prix impossibles. On voit que ça prend cette tangente.

Pour la Ville, oui beaucoup d’ajustements, mais ça s’est bien passé. Les gens ont été compréhensifs. On a maintenu le minimum qu’on devait maintenir. On n’a pas été obligé de licencier personne. On a choisi de ne pas briser les liens d’emploi. On assurait 75% du salaire, mais les gens gardaient leur lien d’emploi et qu’ils allaient être mobilisés quand ils allaient revenir. Il y en a qui ont flirté avec l’idée de renvoyer du monde pour économiser, mais je ne pense pas que ça aura été payant. Les gens ont la mémoire longue. Tu en as besoin de ton monde quand tu recommences.

Un point tournant, l’été passé alors qu’il y a eu beaucoup de questionnements sur les activités de la pêche, le tourisme. Ça tirait dans tous les sens. Des gens disaient qu’on barre tout, qu’on va mettre une grosse cloche de verre sur la Côte-Nord et on ne sera pas contaminé. Je n’étais pas fervent de ça. J’étais plus pour mettre les préoccupations et qu’on suive ça de très près. Si on avait fait ça au niveau de l’agriculture, qu’est-ce qu’il y aurait eu sur les tablettes des épiceries? Si on ne va pas pêcher, les autres n’iront pas cultiver. Il faut trouver les façons de composer car ça va durer longtemps. Qu’est-ce qu’on peut faire minimalement pour s’en tirer. Ç’a été un pari qui a été gagné. Ç’a été la meilleure saison touristique.

Comment entrevoyez-vous la suite?

Assez bien. Le vaccin, ça va très bien sur la Côte-Nord malgré qu’au Canada il y a des délais de livraison. La Côte-Nord a été proactive au niveau de la Santé publique. Je leur lève mon chapeau.

À partir du moment qu’on sait que toutes les petites mesures fonctionnent, et que tu ajoutes le vaccin, lentement mais sûrement il y a une lumière au bout du tunnel.

Je vois de belles perspectives pour Sept-Îles. Plusieurs beaux projets. Il faut repartir sur de meilleures bases.

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