Noémie Pomerleau-Cloutier lance La patience du lichen

Par Charlotte Paquet 11:00 AM - 3 mars 2021
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Avec la sortie de son deuxième recueil de poèmes, Noémie Pomerleau-Cloutier vient clore un travail de deux ans de recherches, ponctué de plusieurs déplacements dans les communautés de la Basse-Côte-Nord.

Dans son deuxième recueil de poésie, Noémie Pomerleau-Cloutier souhaitait faire découvrir la Basse-Côte-Nord au-delà de ses magnifiques paysages en donnant une voix aux gens qui l’habitent. Avec La patience du lichen, elle peut se dire mission accomplie.

Ce jeudi 4 mars sera jour de lancement pour la poète originaire de Baie-Comeau et installée à Montréal. Un lancement virtuel, évidemment, sur le thème La Côte intérieure. Il sera possible d’y participer, dès 20 h, par l’entremise de la page Facebook du Mois de la poésie.

Pour Noémie Pomerleau-Cloutier, la sortie de son livre aux éditions La Peuplade de Saguenay vient conclure deux ans de travail de recherches, ponctué de déplacements dans toutes les communautés de ce coin de pays, sauf deux. La pandémie l’en a empêché.

« En mars 2020, je devais me rendre à La Tabatière et à Mutton Bay. J’ai fini mon livre sur une place isolée en isolement », illustre l’auteure de La patience du lichen, en référence à l’absence de route à l’est de Kegaska.

Des histoires

Pendant ses séjours en Basse-Côte-Nord, Noémie Pomerleau-Cloutier est allée à la rencontre des gens pour les écouter se raconter. « Pour ramener un peu la voix de ces personnes-là que personne n’entend. J’ai la force pour le faire. Je mets en poésie ce qu’ils ont vécu comme personne », explique-t-elle.

Certains segments entendus ont été retranscrits de façon littérale. Dans le recueil imposant de 264 pages, on les remarque par leurs caractères italiques.

L’anonymat des gens dont elle a tiré les confidences est respecté, même si dans les petites communautés, où tout le monde se connaît, il est plutôt facile de mettre un nom sur chacune des histoires. « Ce sont des gens qui ont une vie riche et moi, je suis vraiment intéressée par l’humain. »

De façon générale, la poète consacre un chapitre pour chaque communauté qu’elle a visitée. Elle a réalisé 120 entrevues, la majorité sur place, mais quelques-unes par téléphone dans les deux villages où elle n’a pu se déplacer.

« Il y a des histoires de pêche, on n’a pas le choix », mentionne Noémie Pomerleau-Cloutier, rappelant que ces gens-là sont des pêcheurs. Par contre, ces histoires emprunteront divers chemins, comme celle d’un jeune pêcheur obligé par son père à étudier la mécanique des bateaux à Terre-Neuve ou encore une jeune fille qui s’apprête à prendre la relève avec le permis de pêche de son paternel.

L’auteure note aussi des propos touchants racontés par un homme par rapport à son lien avec sa guitare et de ceux amusants d’une dame qui, dans son enfance, glissait sur une lèchefrite qui, autrement, servait à faire cuire les biscuits.

D’autres histoires sont plus sombres. « Les chapitres sur Unamen Shipu et Pakuashipi sont plus difficiles. Mais il y a quand même quelque chose de lumineux qui est ressorti de ça. J’ai essayé d’y aller vers le beau, mais c’est sûr qu’il y a des histoires tragiques. »

Les poèmes des chapitres concernant les communautés autochtones ont été relus par deux lecteurs externes. Même chose pour toutes les histoires tragiques ou violentes. « Pour être sûre que c’est correct, car je ne veux pas manquer de respect à qui que ce soit », précise l’auteure.

Découvrir

La patience du lichen transporte ses lecteurs à la découverte d’un coin de pays pas juste magnifique par ses paysages, mais par les personnes qui l’habitent, assure la poète.

« Je trouve que quand on voyage, on est beaucoup dans les paysages, surtout les gens qui font la croisière sur le Bella (Desgagnés), parce qu’ils s’arrêtent très peu dans les villages. Ils restent juste une heure dans les villages, moi, j’aurais voulu rester un mois à chaque place », indique-t-elle.

Noémie Pomerleau-Cloutier se sent redevable envers la population de la Basse-Côte-Nord. Ce n’est pas sans raison que les profits générés par la vente de son recueil au cours des deux prochaines années seront versés aux jeunes de ces communautés qui se sont livrées à elle.
Lors de la sortie de son premier recueil en 2017, Brasser le varech, elle avait fait de même, mais pour le Centre de prévention du suicide de la Côte-Nord. « C’est une façon de redonner à la communauté », explique celle qui a perdu son père par suicide.

Pour réaliser l’imposante démarche de deux ans qui a mené à la sortie de La patience du lichen, Noémie Pomerleau-Cloutier a obtenu deux bourses, l’une du Conseil des arts et des lettres du Québec et l’autre du Conseil des arts du Canada.