Le dossier complexe des joueurs européens dans la LHJMQ

Par Steeve Paradis 6:30 PM - 17 février 2021
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Rien ne garantit que Valentin Demchenko pourra s’amener à Baie-Comeau d’ici la fin de la saison, s’il faut en croire les propos de Martin Lavallée, responsable du dossier des joueurs européens à la LHJMQ.

En cette saison 2020-2021 pas comme les autres, dans la LHJMQ comme ailleurs, bien des choses sont compliquées. Le dossier le plus complexe est probablement la venue des joueurs européens. Pour tenter de démêler un tant soit peu ce volet, Le Manic a discuté de la question avec le responsable de ce dossier à la Ligue de hockey junior majeur du Québec. Martin Lavallée.

En temps normal, un joueur européen peut se présenter au Canada pour jouer au hockey avec un permis de visiteur ou un visa de visiteur, tout dépendant de son pays d’origine.

« Habituellement, ce n’est pas complexe, confie M. Lavallée. Pour un joueur qui provient de la Russie, ça prend un visa, mais pour un Suisse ou un Tchèque, par exemple, une simple Electronic Travel Authorization (système électronique d’autorisation de voyage) suffit. »

Cette année, ces exigences de base demeurent les mêmes, « mais compte tenu de la fermeture des frontières, les seules personnes qui ont le droit d’entrer au Canada sont celles qui viennent pour un service essentiel, pour travailler ou pour rejoindre leurs familles. Pour les autres, ça prend la lettre d’exemption d’intérêt national », ajoute l’adjoint au commissaire Gilles Courteau.

Et cette lettre, vraiment pas facile à décrocher. Parlez-en au directeur général du Drakkar, Pierre Rioux, qui fait des pieds et des mains pour en obtenir une avec d’amener Valentin Demchenko à Baie-Comeau, sans succès jusqu’ici. Écoutons M. Lavallée nous raconter l’épopée pour avoir cette « passe gratuite » pour entrer au pays.

« Dès le mois d’août, on a commencé à travailler sur cette procédure. Il s’agit d’une autorisation accordée par le ministre de l’Immigration ou du Patrimoine, et ça prend aussi bien sûr l’aval de la santé publique du Canada. Vers novembre, on a eu le format final sur la conformité des attentes de la santé publique, avec les tests, les formulaires et tout.

« Une fois ce travail fait, il fallait ensuite obtenir les autorisations des santés publiques provinciales (outre le Québec, la LHJMQ a des clubs au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse et à l’Île-du-Prince-Édouard, NDLR) », de poursuivre Martin Lavallée.

Un trop long délai

« En parallèle, on avait déjà eu ces autorisations provinciales en septembre, mais le délai qu’a pris l’Agence de la santé publique du Canada avant d’approuver nous a amenés en plein durant la deuxième vague. Il a donc fallu retourner devant les autorités provinciales et après avoir obtenu leurs autorisations, il faut retourner de nouveau devant Santé publique Canada. À l’heure où on se parle, on est toujours en attente de leur retour », a expliqué M. Lavallée.

Si jamais les autorités de la LHJMQ finissent par décrocher cette lettre d’exemption d’intérêt national, le processus pour ramener les Européens au Canada devrait être facilité mais en attendant, « les agents des services frontaliers ont un pouvoir discrétionnaire. Même si un joueur a tous ses visas, ça dit bien qu’il peut entrer au pays sous réserve des règles qui peuvent s’appliquer », lance l’adjoint au commissaire.

« Et aussitôt que la levée de la fermeture des frontières sera en vigueur, plus aucune raison d’avoir besoin de cette lettre », ajoute celui qui indique qu’il manque actuellement autour une quinzaine de joueurs européens dans la LHJMQ. « Heureusement, il y a des joueurs qui ont pu entrer et on travaille fort pour les autres. »

En rappelant que ce dossier « est très complexe, très bureaucratique », Martin Lavallée souligne en terminant que son travail est vraisemblablement bien loin d’être terminé dans ce dossier. « On sent présentement bien des inquiétudes du côté des autorités de santé publique en lien avec les nouveaux variants du coronavirus », conclut-il.


Ansons et Demchenko, deux dossiers différents

Ce n’est pas parce que Raivis Kristians Ansons et Valentin Demchenko viennent tous deux de pays d’Europe de l’Est que leurs dossiers sont les mêmes aux yeux des autorités de l’immigration au Canada. Le premier est arrivé au pays alors que pour le second, on ignore toujours quand la fenêtre d’opportunité pourra s’ouvrir.

Rappelons qu’Ansons est à Baie-Comeau depuis le 10 février. Le Letton pourra s’entraîner avec ses coéquipiers du Drakkar à compter du 23 février et ensuite prendre part à la cinquième bulle de la LHJMQ, qui s’amorcera quatre jours plus tard.

« Ansons, s’il a pu entrer au Canada, c’est parce qu’il a participé à un camp d’entraînement aux États-Unis (avec les Penguins de Wilkes-Barre de la Ligue américaine, NLDR) et que le club a dit que pour son développement, c’est nécessaire pour lui de retourner avec son club junior », a expliqué l’adjoint au commissaire de la LHJMQ, Martin Lavallée.

« Pour Demchenko, c’est différent. On ne pourrait pas lui dire d’aller aux États-Unis pour un mois et le faire entrer au Canada après. Ça ne fonctionnerait pas », ajoute-t-il.

Le Drakkar a d’ailleurs tenté de faire entrer le Biélorusse au pays fin décembre, mais il a été retourné chez lui parce qu’il n’avait pas la lettre d’exemption d’intérêt national et qu’en l’absence de cette lettre, les agents des services frontaliers ont un pouvoir discrétionnaire pour déterminer qui peut entrer ou non au Canada.

Le directeur général du Drakkar, Pierre Rioux, a déjà fait savoir que le club ne prendrait plus la chance de faire venir Demchenko « sans être sûr à 200 % qu’il va pouvoir entrer au Canada sans problème ».

Et si jamais ce fameux jour en vient à arriver, le Drakkar a un plan pour que cette situation ne se reproduise pas, advenant que la pandémie fasse toujours partie de notre quotidien l’automne prochain.

« Si jamais Valentin peut venir ici, on va s’arranger pour le garder au Québec pour l’été. On a l’appui du conseil d’administration là-dessus et Val est partant pour ça », a assuré le dg.

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