Kruze apprend à détecter le diabète chez sa maîtresse

Par Charlotte Paquet 7:25 AM - 14 octobre 2020
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On aperçoit Louise Roussy et Kruze, son keeshond qu’elle entraîne comme chien d’assistance médicale pour elle-même, qui est atteinte de diabète.

On connaît bien les chiens de chasse et les chiens-guides pour personnes aveugles ou malvoyantes, tout comme les chiens d’assistance pour personnes handicapées, pour enfants atteints d’un trouble du spectre de l’autisme. En revanche, on connaît peu les chiens d’assistance médicale pour personnes diabétiques, comme Kruze, un keeshond qui poursuit son entraînement à Baie-Comeau avec sa maîtresse, Louise Roussy.

Kruze est arrivé dans la vie de la Baie-Comoise à l’âge de deux mois et demi. Aujourd’hui, il a 14 mois. Il devrait atteindre son apogée comme chien d’assistance pour diabétiques vers l’âge de deux ans et demi. D’ici là, son entraînement continue en vue de sa certification.

Copropriétaire du salon de toilettage La Griffe depuis 26 ans, Louise Roussy en est à son deuxième chien de la race keeshond. « Je savais au départ que ce sont des chiens enjoués et faciles au travail. Quand j’ai reçu le chien, il n’était pas pour ça, mais comme moi je suis déjà diabétique, j’ai vu qu’il était bon en détection. C’est un chien qu’à l’odeur, tout est facile pour lui. »

Au fait de l’existence de la fondation Corazon du Québec, installée en Montérégie et spécialisée dans l’entraînement de chiens détecteurs d’hypoglycémie et d’hyperglycémie depuis une vingtaine d’années, Louise Roussy a contacté sa fondatrice et entraîneure, Anne-Marie Josée Gauthier. Elle dit avoir réussi à la convaincre de superviser l’entraînement de Kruze, à distance principalement. Ses 15 années dans le domaine des compétitions de chiens d’obéissance l’ont aidée, affirme-t-elle.

Par contre, Mme Gauthier a tout de même été en contact direct avec le keeshond, l’a fait travailler et en a conclu que le potentiel était là, assure Louise Roussy.

De l’odeur à l’alerte

Mais comment un chien, aussi doué soit-il, peut-il réussir à assister une personne diabétique? C’est grâce à « son pif extraordinaire », qui sent les odeurs dégagées par une personne en hypoglycémie ou en hyperglycémie. Des odeurs que le commun des mortels ne capte pas.

« Le chien devient un complément au glycomètre, car le glycomètre ne va pas te réveiller », explique Louise Roussy, qui est plus à risque de tomber en hypoglycémie pendant la nuit. Dans les faits, Kruze est entraîné à apprendre à vérifier l’état de sa maîtresse selon les odeurs qu’il sent, et ce, jour et nuit.

« Ce que le chien doit apprendre, c’est de venir de lui-même me vérifier. C’est un donneur d’alerte. Et à toutes les fois que le chien vient me vérifier, je dois réagir. Je dois prendre une glycémie. Il doit y avoir une action et pas juste lui dire bon chien. Quand le chien vient nous sentir, la récompense, c’est qu’on joue avec. Il ne faut pas que ce soit de la nourriture. »

Louise Roussy précise aussi que tout bon chien d’assistance doit toujours se trouver dans l’environnement de son maître, d’être dans sa bulle. Le chien joue son rôle d’assistant jour et nuit. C’est pour cette raison que Kruze dort au pied de son lit.

Depuis le début de l’entraînement du keeshond, la dame a vécu cinq épisodes d’hypoglycémie pendant la nuit et trois fois, c’est son chien qui l’a alertée. Le travail actuel avec lui vise à ce qu’il la réveille avant même que son état se complique trop.

Il faut dire que dès le départ, elle a appris à Kruze à associer glycémie et chambre à coucher. « Quand je lui disais, OK, on va prendre une glycémie, il savait que je prenais ça dans ma chambre et il partait, allait s’asseoir sur le lit et attendait. »

Louise Roussy l’admet. Comme elle est diabétique et vit seule, la présence de Kruze dans sa vie est un plus et une sécurité pendant la nuit.

Heureux et équilibré

Louise Roussy souligne qu’un chien qui travaille, c’est un chien heureux et doté d’un bel équilibre. D’après elle, il n’y a pratiquement aucune limite à ce qu’un chien peut apprendre.

Elle rappelle que des chiens sont aujourd’hui capables de trouver de la moisissure dans les murs. « Maintenant, ils sont en train de demander à des chiens de détecter le COVID dans les aéroports », ajoute-t-elle, en précisant qu’à Baie-Comeau, un client de La Griffe possède aussi un chien d’assistance médicale, entraîné à détecter le rythme cardiaque de son maître.

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