Décès de Joyce Echaquan : Les Premières Nations veulent en finir avec la discrimination et le racisme

Par Vincent Rioux-Berrouard 10:00 AM - 2 octobre 2020
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Dans la foulée du décès tragique de Joyce Echaquan survenue à Joliette, les réactions sont nombreuses autant dans la région qu’au niveau national pour dénoncer les circonstances troublantes entourant la mort de la femme de 37 ans .

« Nous sommes bouleversés et choqués par ce tragique événement, qui témoigne encore du racisme que nous subissons, notamment nos femmes autochtones. Il nous est difficile de trouver les mots justes pour exprimer notre profonde tristesse. Nous offrons nos plus sincères condoléances à la famille de Joyce Echaquan, à la communauté de Manawan et à toute la Nation Atikamekw. Sachez que nous sommes de tout cœur avec vous », a déclaré le Chef d’Innu Takuaikan Uashat mak Mani-utenam, Mike Mckenzie.

De son côté le maire de Sept-Îles, Réjean Porlier a aussi pris le temps de rendre hommage à Joyce Echaquan sur sa page Facebook en affirmant : «J’aurais voulu te connaître autrement que par ces tristes évènements dont tu l’éloignes bien malgré toi. Sans doute me parlerais-tu d’intolérance, d’injustice, d’insensibilité, d’indifférence et d’incompréhension, quelques-uns des ingrédients fondateurs de ce raciste qu’on peine à nommer, parce qu’on le réserve aux autres tellement il est lourd à porter. Pourtant il fait bien partie de cette histoire qu’est la nôtre et dont il faut apprendre.»

La présidente de Femmes autochtones du Québec (FAQ), Viviane Michel s’est dit en colère et frustrée lorsqu’elle a vu la vidéo de Joyce Echanquan qui appel à l’aide. Une colère qui se ressent au travers de l’ensemble des communautés autochtones selon Mme Michel. Pour elle, il faut que justice soit faite pour Joyce Echanquan.

Pour Mme Michel, il est grand temps que les gouvernements agissent pour mettre en œuvre les différentes recommandations des rapports de la commission Viens et de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. « Il faut changer et améliorer les choses, surtout dans les services publics où les gens doivent avoir accès à des soins de qualités, peu importe leur race », affirme la présidente de FAQ

Plan contre le racisme envers les Premières Nations

La mort de Joyce Echaquan survient presque un an jour pour jour après le dépôt du rapport de la Commission Viens dans lequelle on conclut que les autochtones sont victimes de discrimination systémique dans les services publics. Mardi le 29 septembre, l’ Assemblée des Premières nations Québec-Labrador (APNQL) a présenté un plan d’action sur le racisme et la discrimination, qui propose des actions qui peuvent être prises immédiatement par les citoyens québécois et les organisations de la société civile.

Ghislain Picard, chef de l’APNQL affirme : « Le Plan comprend des dizaines d’actions concrètes qui peuvent facilement être adoptées dès aujourd’hui. Il y en a pour les municipalités, les institutions scolaires, les entreprises, les médias et pour toutes les organisations de la société civile, tout comme pour les individus. Chacun peut faire sa part. Nous avons tous un rôle à jouer dans la lutte au racisme et à la discrimination ».  Il ajoute : « Le racisme et la discrimination envers les Premières Nations sont bel et bien présents au Québec et le décès d’une femme Atikamekw hier à l’hôpital de Joliette illustre cette triste réalité qu’une grande majorité de Québécois reconnaissaient.

Ce plan est notamment appuyé par la Nation Innue qui tend la main aux organisations régionales québécoise « Nous souhaitons développer des alliances avec nos voisins qui veulent faire une différence. Nous tendons la main aux municipalités, aux institutions scolaires et à toutes les organisations qui veulent devenir nos alliées », explique le Chef d’Unamen Shipu, Bryan Mark.

Pour les chefs innues, il faut aussi lutter contre l’ignorance et la méconnaissance qui sont au coeur du racisme et de la discrimination. « L’éducation et la sensibilisation sont indissociables de la lutte contre le racisme. Le récent événement de Joliette confirme l’urgence de la situation. Nous devons agir rapidement et faire de l’éducation pour briser les préjugés. Je souhaite que nous soyons unis, Innus et les Québécois, contre le racisme qui agit comme un cancer social », de préciser le Chef de Nutaskuan, Réal Tettaut.

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