Le teueikan, plus qu’un tambour

Par Karine Lachance 10:09 AM - 3 août 2019
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Une partie de l'exposition d'artéfacts disponible au Musée canadien de l'histoire.

Il y a plusieurs années, alors qu’elle dormait paisiblement, Germaine Mesténapeo a fait un rêve très étrange. Des aînés sont venus lui parler, lui demandant de récupérer des teueikan qui seraient entreposés dans un endroit où ils ne sont pas mis en valeur et protégés tel qu’ils devraient l’être.

En 2000, Germaine Mesténapeo a suivi une formation en muséologie, au Musée canadien des civilisations, maintenant appelé Musée canadien de l’histoire. À la fin de son cours, la dame devait présenter une recherche sur un sujet de son choix.

«Tout le monde avait une idée et y travaillait depuis quelques semaines, alors que moi, je ne savais vraiment pas sur quel projet me lancer», se souvient-elle. C’est alors que Germaine a fait un rêve très spirituel. Trois aînés innus sont venus s’adresser à elle dans son sommeil, afin de lui confier une mission importante.

«Les trois étaient assis à terre devant moi, j’étais bouche bée. Ils m’ont alors demandé de leur rendre service et d’aller recueillir des tambours égarés partout dans un musée», raconte Mme Mesténapeo.

C’est à ce moment que la dame a décidé de s’investir dans une recherche sur les teueikan. Ses guides avaient raison, il y avait bel et bien des tambours dans les voûtes du musée, mais également plusieurs artefacts fabriqués par ses ancêtres. Le tout était déposé par terre, aucunement à l’abri de la poussière et nullement mis en valeur.

Dans le cadre de sa recherche, Germaine a fait des découvertes surprenantes et magnifiques. Il y avait des objets qui provenaient de partout au Québec et au Canada.

«Il y en avait de La Romaine, Uashat et Mani-utenam. Je me suis donc tournée vers des aînés qui pourraient m’aider et j’ai lu des écrits qui dataient des années 50-60», explique la femme qui demeure maintenant à Nutashkuan.

L’esprit du caribou
Dans la culture innue, le teueikan est un objet sacré qui possède des pouvoirs. Il est tout d’abord un moyen de survie, qui permet de retracer les troupeaux de caribou lors de la chasse. Il est également utilisé lors des cérémonies et des rassemblements, accompagnant la danse makusham ou le chant.

«Le teueikan a des pouvoirs. Il sert de lien entre l’esprit de l’animal et les Innus. Celui qui manipule le teueikan est souvent l’aîné, le shaman ou le chasseur», précise Mme Mesténapeo.

L’esprit du caribou sert aussi à remercier l’animal qui s’est offert lors de la chasse. Lorsque les aînés parlent du tambour sacré, ils vont parler du respect envers les animaux chassés pour se nourrir. «Se nourrir avec sa chair, s’habiller avec sa fourrure, tout est utilisé sur l’animal, des os jusqu’à la peau», précise Germaine.

«Que nous soyons Innus ou que nous soyons de d’autres cultures, je pense que pour que nous puissions survivre dans cet environnement, avec ce climat qui se détériore sur cette terre, il est primordial de respecter la nature et les animaux pour nos générations futures», ajoute-t-elle.

Un rêve devenu réalité
Germaine a accompli le travail que des aînés lui ont demandé dans son rêve. Les teueikan et les artefacts qu’elle a retrouvés sont exposés au Musée canadien de l’histoire. Ce ne fut pas de tout repos, car plusieurs critères doivent être respectés pour qu’une exposition y soit admise.

«Pour que les objets puissent être exposés au musée, j’ai dû leur céder mes droits. Moi l’important, c’est que les artéfacts soient vus et bien entretenus, dans la salle des Premiers peuples», a-t-elle conclu.

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