Ottawa refuse de financer la réhabilitation du quai de Pointe-aux-Basques

Par Mathieu Morasse 2 novembre 2018
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Le quai de Pointe-aux-Basques permet de transférer des marchandises et matériaux directement entre les navires, les camions et le chemin de fer de QNS&L menant à Labrador City et Schefferville.

Transports Canada refuse de participer au financement du projet de réhabilitation du quai intermodal de Pointe-aux-Basques, malgré l’engagement financier de Québec et du Port de Sept-Îles.

La rénovation du quai est devenue urgente le 19 octobre dernier, lorsque les ingénieurs y ont forcé l’arrêt complet des activités. Des limitations de charge étaient déjà en vigueur depuis 2016 sur les 12 premiers mètres du bord.

En 2016, la dégradation du quai a forcé la mise en place de limitations de charge le long de la face du quai ainsi que des restrictions d’accostage des navires. Le Port de Sept-Îles a alors mis sur pied un projet de réhabilitation du quai.

Le projet de 20 millions de dollars doit être financé à parts égales par le Port de Sept-Îles, le gouvernement provincial et le gouvernement fédéral. Les études techniques et environnementales sont complétées.

Trop de demandes

Le 9 avril dernier, Transports Canada a refusé de financer le projet.

«Nous avons reçu beaucoup plus de demandes de financement pour des projets admissibles que ce qui pouvait être financé à ce moment-ci et seuls les projets qui correspondaient étroitement aux objectifs du FNCC ont été retenus», indique le courriel adressé au Port de Sept-Îles.

Les discussions entre le Port et Ottawa ont néanmoins continué par la suite. Le fédéral a demandé des informations supplémentaires, incluant une confirmation de la participation financière de Québec.

Le 10 mai 2018, le gouvernement provincial s’est engagé par écrit à verser la somme de 6,67 M$ pour la réfection du quai.

Malgré cela, au courant de l’été, Transports Canada aurait refusé verbalement de donner suite à la demande du Port de Sept-Îles. Une rencontre doit avoir lieu dans quelques jours entre Pierre D. Gagnon et Transports Canada pour faire suite à la condamnation du quai intermodal.

Transports Canada a refusé de confirmer et de commenter le rejet de la demande de financement.

«Compte tenu de la nature confidentielle des applications et des lois associées en matière de protection de la vie privée, Transports Canada ne peut divulguer ces informations», a invoqué le service des relations médias.

Le ministre Marc Garneau a refusé la demande d’entrevue du Nord-Côtier.

Compte à rebours

Pierre D. Gagnon, PDG du Port de Sept-Îles, indique que les travaux de réhabilitation s’échelonneront sur près d’un an. Il est urgent selon lui qu’Ottawa confirme sa participation financière au projet.

«Nous, d’avoir les autorisations en novembre, on procède à l’achat des matériaux. On en a peut-être jusqu’en janvier pour recevoir les matériaux», révèle-t-il.

Tout serait alors prêt pour lancer les travaux en février, dès que les conditions climatiques le permettraient.

Entre temps, la compagnie Relais Nordik devra accoster son navire Bella Desgagnés au quai des croisières. Les impacts exacts sur les opérations sont encore incertains.

Francis Roy, PDG de Relais Nordik, était à l’extérieur du pays et n’a pu être joint. Cindy Nadeau, directrice ventes, marketing et communications, invite les clients ayant des questions à contacter la compagnie par téléphone au 418-968-4707 ou au 418-723-8787

Le terminal de Pointe-aux-Basques peut soulager la 138

Le Port de Sept-Îles doit rénover et agrandir le quai intermodal de Pointe-aux-Basques. Un des objectifs est d’y augmenter la manutention de conteneurs et de marchandises pour retirer des poids lourds de la route.

Le terminal intermodal bénéficie de plusieurs atouts. Il est doté d’un hangar, d’une grande cour de manutention et d’une voie ferrée reliée au réseau de IOC et de QNS&L. Construit au début des années 1950, il est situé à l’extrémité de la rue Monseigneur-Blanche, au cœur même de Sept-Îles.

Un projet de réhabilitation du quai a été lancé en 2016. Les palplanches, de grandes tôles de métal enfoncées dans le sable de la mer et qui forment le mur externe du quai, sont érodées par l’action des vagues et du temps. Elles doivent absolument être remplacées.

Les palplanches sont particulièrement érodées et amincies au niveau de l’eau. (Photo: Port de Sept-Îles)

«On ne peut plus réparer. La vie utile est atteinte», affirme, Pierre D. Gagnon, PDG du Port de Sept-Îles.

Le projet de 20 M$ consiste principalement à reconstruire une partie du quai et à la prolonger de quelques mètres jusqu’au quai des pétroliers. Les études techniques et environnementales sont faites. Seul le financement reste à boucler (voir autre texte).

Autoroute bleue

Jusqu’à sa fermeture voilà quelques jours, le quai intermodal de Pointe-aux-Basques était utilisé par le navire ravitailleur Bella Desgagnés pour desservir les villages de la Basse-Côte-Nord. Des conteneurs et des marchandises telles que du matériel ferroviaire et du sel de déglaçage y transitaient également.

«C’est une infrastructure qui joue un rôle important pour aider dans la dynamique du transport de marchandises sur la Côte-Nord», note Pierre D. Gagnon.

Il estime que la route 138 était soulagée en moyenne d’une vingtaine de camions-remorques par jour. Cela représenterait près de 5% du volume de camions entre Baie-Comeau et Sept-Îles.

Le PDG du Port ambitionne d’augmenter ces chiffres. Selon lui, conteneurs et marchandises peuvent être chargés sur des navires à des endroits comme Montréal, Trois-Rivières ou Québec plutôt que d’emprunter la route 138.

Les consommateurs et les entreprises bénéficieraient d’une réduction des coûts de transport. Les compagnies de transport, affectées par le manque de main-d’œuvre, pourraient y trouver leur compte. Côté environnement, les poids lourds retirés de la route signifient moins d’émissions de gaz à effet de serre.

«L’autoroute bleue, on ne l’utilise pas encore assez», soutient-il.

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