Un demi-siècle d’histoires pour le dépanneur chez Arthur

Par Jean-Christophe Beaulieu 4 octobre 2018
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Claude Boulianne prend sa retraite et remet les clés du Arthur, après 37 ans de carrière.

Véritable institution en ville, l’Épicerie chez Arthur vient de changer de main. Le Journal a profité de la transaction pour s’entretenir avec le fils d’Arthur Lévesque, fondateur du dépanneur, ainsi qu’avec Claude Boulianne, qui aura été derrière le comptoir ces 37 dernières années.

L’Épicerie chez Arthur tient son nom d’Arthur Lévesque, qui fonda le commerce en 1966. Conseiller municipal à la Ville de Sept-Îles dans les années 1970, il tint boutique dans le «Grand passage» jusqu’en 1981. Son fils Dany Lévesque, aujourd’hui âgé de 59 ans, se rappelle l’époque où son père se donnait corps et âme au petit magasin.

«D’aussi loin que je me rappelle, mon père a toujours été au service du public. Avant d’ouvrir son commerce, il était gérant dans l’épicerie de la municipalité. Quand elle a fermé, il a décidé de partir à son compte», raconte M. Lévesque, qui a d’ailleurs travaillé quelque temps avec son père.

Il se rappelle à quel point l’Épicerie représentait beaucoup pour son père. Quittant le domicile familial très tôt chaque matin, il ne revenait qu’en fin de soirée.

«C’était toute sa vie. Il était très dédié à son commerce et ses clients. Ses “petites madames“ comme il disait. Pour lui, ses clients, c’étaient tous “ses meilleurs“», raconte-t-il en riant.

Une chance de repartir à zéro

À la fin des années 70, quelques années avant de décéder, Arthur Lévesque a vendu son commerce à René Bergeron, qui l’a vendu à son tour, en 1981, à Achille Boulianne, père de l’actuel propriétaire. En 52 ans, l’Épicerie chez Arthur aura ainsi vu défiler seulement quatre propriétaires.

Claude Boulianne est toutefois celui qui a passé le plus de temps derrière le comptoir. Dès que son père l’a acquis, il a embarqué. Il faut dire qu’il venait tout juste de perdre son emploi chez IOC, à l’époque des mises à pied massives.

«J’avais 24 ans en 1981 lors du gros ralentissement du fer. La décision fut facile de rejoindre mon père. En fait, c’est un peu ça qui m’a sauvé et qui a fait en sorte que j’ai pu rester à Sept-Îles», affirme-t-il.

Pendant 37 ans, il a passé plus de 100 heures par semaine, sept jours sur sept, à agrémenter le quotidien de ses clients et à écouter leurs histoires.

«J’ai passé une super de belle vie, le service à la clientèle c’est vraiment plaisant. Il ne faut pas avoir peur de parler avec les gens et de les écouter. On n’est pas des machines ou des numéros. Ici, c’est un endroit où tu peux rentrer et prendre le temps de parler pour de vrai. C’est de plus en plus rare à l’heure des médias sociaux et de la rapidité des communications», exprime-t-il fièrement.

Entre les mains d’un Septilien

Claude Boulianne convient avoir eu de la difficulté à trouver la bonne personne pour prendre le relais. Cela aura finalement pris cinq ans pour qu’il confie les clés à quelqu’un qu’il jugeait sérieux, le nouveau propriétaire, Yannick Gravel. Connaissant Claude Boulianne depuis des années, et ayant grandi tout juste derrière le dépanneur, il dit vouloir continuer dans la même lignée que ce dernier, ce qui devrait plaire au fils du fondateur.

C’est qu’en apprenant que le dépanneur changerait de main, Dany Lévesque a dit souhaiter avant tout que ce soit quelqu’un de la région qui l’acquiert.

«Je me sens encore attaché à ce commerce. Quand je passe en avant, ou quand je vois du monde que je n’ai pas vu depuis longtemps, c’est toujours un sujet de conversation. J’aimerais bien que ce soit un Septilien qui reprenne le flambeau, quelqu’un qui a vu ce que c’était», soutient M. Lévesque.

 

 

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