La communauté innue lance un programme pour inciter les jeunes à se prendre en main

Par Emy-Jane Déry 6 septembre 2018
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La communauté de Uashat mak Mani-Utenam lance un projet pilote visant la réinsertion sociale des jeunes de la communauté aux prises avec des problèmes sociaux.  

En novembre 2015,  le coroner a mené une enquête sur cinq suicides survenus dans la communauté. Parmi les victimes, trois sont âgées de moins de 25 ans.

«Disons que c’est un facteur qui nous a fait réfléchir à, concrètement, ce que nous pourrions faire, mais l’idée fondamentale [d’aider nos jeunes], ça fait longtemps que nous l’avions en nous, avant même l’enquête sur les suicides», a expliqué Virginie Michel, conseillère responsable de l’éducation au sein du Conseil de bande.

La communauté est d’avis que sa jeunesse a «besoin d’espoir» et de «retrouver son estime de soi».

Avec le projet pilote nommé «Ma première chance», Uashat mak Mani-Utenam souhaite prendre en charge elle-même et «à sa manière» les jeunes de son territoire sont en difficultés.

«On ne laisse plus le gouvernement dicter comment on doit prendre nos jeunes, on va laisser la communauté relever les jeunes. On prend en main notre jeunesse, par et pour la communauté», a renchéri Dave Vollant, conseiller responsable de la jeunesse.

Payés pour se prendre en main

Les problématiques identifiées sont nombreuses : décrochage scolaire, pauvreté, quête identitaire, consommation de drogue…

Un groupe de 16 jeunes sera formé. La communauté leur versera un salaire pour prendre part à différentes activités visant à stimuler leur retour sur le droit chemin, que ce soit en réintégrant le marché du travail ou en faisant un retour aux études. Ils devront se présenter en classe, ou à leurs activités du lundi au vendredi. Mais attention, les règles seront souples et le projet d’adaptera aux besoins de chacun.

«Les jeunes qui ont vraiment de la difficulté et qui ne se présentent pas, on ne va pas les abandonner ou les mettre dehors après trois absences, par exemple. On va aller les chercher chez eux. On va vraiment faire à ‘’la innue’’», a précisé M. Vollant.

Des conférenciers seront invités pour les motiver, les inspirer. Différentes formations portant sur l’identité, la spiritualité, la santé mentale et la physique seront données. La pratique d’activités traditionnelles en forêt est aussi prévue.

«Ils vont pouvoir développer leur créativité et avoir le pouvoir de décider ce qu’ils vont faire», a souligné Virginie Michel.

Aidants naturels

Des «aidants naturels» de la communauté viendront encadrer chacun des participants. Il s’agit de membres de la communauté reconnus pour leur dévouement envers les autres qui bénéficient d’une riche expérience à partager.

«Des professionnels de la santé, ça ne court pas les rues. On monte un programme qui vient se baser sur l’expertise de la communauté, sur son vécu», a ajouté Dave Vollant.

Les inscriptions sont en cours jusqu’au 14 septembre pour une première cohorte. Le projet s’échelonnera sur 24 semaines. Une seconde cohorte est déjà prévue. Les intéressés doivent s’adresser au coordonnateur du projet, Étienne Lacasse.

Les coûts du projet sont évalués à environ 600 000$. Le Conseil de bande finance 400 000$ et des discussions sont en cours avec les gouvernements pour obtenir de l’aide financière.

Si les résultats sont concluants, Uashat mak Mani-Utenam entend bien étendre son expertise dans les autres communautés à travers le pays.

 

 

 

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