Les restaurants cherchent des étudiants en cuisine et des solutions

Par Mathieu Morasse 25 août 2018
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Les restaurateurs voudraient que des écoles forment des serveurs, des chefs et des cuisiniers ici même à Sept-Îles, mais les étudiants semblent faire défaut. Entre temps, certains courtisent les semi-retraités et tous cherchent des solutions.

Une étude de la Chambre de commerce de Sept-Îles réalisée en 2017 indique que les restaurateurs de la région composent en moyenne avec 20 à 30% moins d’employés qu’ils ne le devraient. Concrètement, cela signifie qu’un restaurant de 20 employés recherche continuellement 4 à 6 travailleurs. Ce manque peut s’avérer exténuant pour les propriétaires et les employés.

La Commission scolaire du Fer a offert l’attestation d’études professionnelles (AEP) «Restauration rapide» à trois reprises depuis l’hiver 2014. Ce programme de 17 semaines initie les étudiants aux techniques de base de la cuisine en restauration. Or, les trois cohortes n’ont permis de diplômer que 17 étudiants.

Paul Gagnon, directeur du Centre de formation professionnelle de Sept-Îles, indique que la demande est suffisante pour offrir l’AEP plus souvent, mais qu’il manque d’étudiants.

Claudine Sirois, DG de La Cage – Brasserie Sportive, croit plutôt qu’il faudrait créer des programmes en hôtellerie et en cuisine réguliers pour pouvoir attirer des étudiants.

«On ne peut pas aller les chercher les étudiants. Il n’y en a pas d’école», rétorque-t-elle.

Innus et semi-retraités

Paul Gagnon, ancien DG de la Chambre de commerce de Sept-Îles et maintenant directeur général adjoint à Tourisme Côte-Nord, indique que plusieurs entreprises se tournent vers de nouveaux bassins de travailleurs.

«On regarde du côté de [l’immigration], mais on regarde aussi si on peut être créatif pour attirer de la main-d’œuvre qu’on a traditionnellement moins regardée, au niveau des retraités et des personnes avec un handicap.»

Il ajoute voir de plus en plus d’Innus travailler dans des restaurants, par exemple dans les Tim Hortons. Claudine Sirois, dont La Cage – Brasserie Sportive appartient au conseil de bande de Ekuanitshit (Mingan), courtise même ouvertement les travailleurs de cette communauté.

Partage des pourboires

Brigitte Cloutier, copropriétaire du Café Chez Sophie, croit que le partage des pourboires entre les serveurs et les employés de cuisine aiderait au recrutement de ces derniers. L’Association des restaurateurs du Québec a demandé ce printemps à la ministre du Travail que les restaurateurs puissent imposer de telles conventions, mais l’idée n’a pas été retenue.

Les propriétaires du Pub St-Marc s’y opposent. Ils plaident plutôt pour offrir des horaires personnalisés à leurs employés et pour de meilleurs avantages sociaux. François Boudreau suggère de laisser les employés de cuisine manger librement.

«Restreins le cuisinier à ne pas manger, il va te voler. Il va rater un steak par exprès, ou autre, mais il va s’arranger pour manger quand même. Nous autres, en les laissant manger ce qu’ils veulent, ils font attention», argüe-t-il.

Enfin, tous semblent d’accord pour répondre le mieux possible aux demandes de congés de leurs employés. Mais de toute façon, avec la pénurie actuelle, ont-ils vraiment le choix?

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