Des sentiers du lac des Rapides détruits par des travaux de dynamitage

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Les travaux de déforestation en vue du dynamitage aux alentours du Lac-des-Rapides.

Une Septilienne déplore la destruction de sentiers prisés par les amateurs de plein air aux alentours du lac des Rapides, et ce, au détriment de travaux de dynamitage. Elle a déposé une plainte auprès des instances gouvernementales, mais la Ville et le ministère des Ressources naturelles se disent impuissants puisque les opérations qui suscitent l’indignation seraient malgré tout conformes.

Depuis plusieurs années, Mylène Paré fréquente un endroit qu’elle considère comme un véritable sanctuaire. À l’abri des regards, ce sont quelque sept kilomètres de sentiers entretenus par des bénévoles qui sont menacés par l’expansion des activités de l’entreprise Location de l’Anse.

«Ils ont déboisé pour faire un large chemin d’accès, dans le but d’aller dynamiter de la roche. Personne n’est au courant et c’est ce que je déplore. Il y a un grand enjeu d’acceptabilité sociale dans ce dossier», raconte Mme Paré.

Elle a dénoncé la situation sur les réseaux sociaux et suscité l’indignation de plusieurs Septiliens. Elle a également formulé une plainte officielle auprès des différentes instances gouvernementales. Elle y fait part notamment d’inquiétudes pour les personnes fréquentant l’endroit qui ne seraient pas au courant des opérations de dynamitage. Elle y questionne aussi les pratiques d’excavation et de démolition dans le secteur.

Mylène Paré remet surtout en question ces instances gouvernementales qui ont permis les opérations.

Pour sa part, l’entreprise Location de l’Anse n’a pas souhaité s’expliquer ou commenter le dossier.

La Ville impuissante

Depuis 2009, il n’est plus permis de posséder des terrains adjacents à la source d’eau potable pour développer des carrières. Le directeur général de la Ville de Sept-Îles, Patrick Gwilliam, explique qu’un arrêt ministériel avait été accordé à la municipalité en ce sens.

En bleu : le tracé des sentiers pédestres autour du lac des Rapides. En rouge: la portion déboisée jusqu’à maintenant.

«On trouvait que ça n’avait pas de bon sens que des mines ou carrières puissent se développer près de nos sources aquifères. On a obtenu un arrêt ministériel qui décrète que sur 300 m autour du lac, les terres appartiennent à l’État», explique-t-il.

Selon M. Gwilliam, Location de l’Anse peut tout de même effectuer ses travaux en bordure du lac des Rapides, étant donné que l’entreprise a acquis la zone bien avant que l’arrêt soit décrété.

«On n’était pas au courant nous non plus. Mais on ne peut pas faire grand-chose, c’est une question de vieux droits acquis. Les terrains appartiennent au ministère des Ressources naturelles», précise-t-il.

Alain Carrier, relationniste pour le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles, va dans le même sens.

«Ils sont dans leurs droits d’exploiter une nouvelle zone. Et ils ont déjà un bail exclusif d’exploitation pour développer une carrière dans le secteur, renouvelable aux cinq ans», souligne-t-il.

Une meilleure cohabitation

Mylène Paré se dit tout de même étonnée que le secteur puisse être développé industriellement de la sorte. «Ma crainte c’était que ça devienne touristique comme endroit, mais jamais je n’aurais pu penser que ce soit détruit de la sorte. Je regrette d’avoir tenu ça caché. Avoir su, j’en aurais parlé davantage», pense-t-elle. «C’était tellement beau, il y avait un endroit avec un poêle à bois, un grand abri familial sous forme de shaputuan, de belles cascades. C’était plein de petits coins magiques qui vont maintenant se faire balayer sans que ça se sache», déplore-t-elle.

Elle souhaite maintenant être informée sur les portions autorisées à être détruites et veut savoir si une stratégie est mise en place pour assurer une bonne cohabitation entre les activités industrielles et les activités de villégiatures du secteur.

«Il y a une partie de détruit, mais ce n’est pas encore dynamité, il y a encore moyen de sauver ça. Si l’entreprise ne peut pas aller chercher ses roches ailleurs, est-ce qu’il y a moyen de faire un consensus ? Jusqu’où ils vont aller sinon?», questionne Mylène Paré.

Elle soulève l’idée d’un comité de citoyens qui gèrerait le site en partenariat avec la Ville.

«Souvent, ceux comme moi qui ont des chiens on cherche des endroits comme ça pour ne pas importuner ceux qui peuvent en avoir peur. Dans le meilleur des mondes, ça deviendrait un lieu reconnu et une zone protégée aménagée de manière sécuritaire», propose-t-elle.

 

 

 

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