Légalisation du cannabis : un magasin de pot sur le boulevard Laure?

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La légalisation du cannabis se profilant à l’horizon, la municipalité a annoncé être favorable à l’implantation d’un point de vente à Sept-Îles. Au Centre d’intervention Le Rond-Point, on entrevoit la possibilité d’offrir des ateliers sur place pour accentuer la prévention.

Le gouvernement de Justin Trudeau espère compléter la légalisation du cannabis d’ici l’automne. La ville de Sept-Îles a été sélectionnée pour faire partie des 20 premières succursales de la Société québécoise du développement du cannabis (SQDC).

«On pense à nos enfants et nos familles et on se dit qu’on a tout intérêt à avoir un centre de distribution en bonne et due forme. Il va informer, sensibiliser et s’assurer que la vente se fasse dans les règles. De toute façon, il y en aura éventuellement partout au Québec», estime le maire, Réjean Porlier.

Patrick Gwilliam, directeur général de la Ville de Sept-Îles, indique que l’éventuel point de vente serait situé sur le boulevard Laure.

«Parmi les critères, on nous expliquait que la succursale ne doit pas se trouver dans un secteur défavorisé ou isolé. Elle doit être éloignée des écoles, à la vue du public et l’affichage sur place devra être sobre», précise-t-il.

Le premier objectif de la SQDC est d’éliminer le marché noir et de concentrer la vente de cannabis dans leurs succursales, explique M. Gwilliam. Sur place, les employés seront formés par le ministère de la Santé «pour être en mesure de bien informer les gens».

«Avant de pouvoir acheter le produit, la personne devra passer par une étape d’identification pour s’assurer de son âge. Il passera ensuite par une salle d’information sur le cannabis avant de pouvoir accéder au comptoir de vente. Il n’y aura pas d’exposition des produits, la marchandise sera sécurisée dans un coffre-fort et il n’y aura pas de vente d’accessoires ou de produits transformés», explique-t-il, ajoutant que le modèle d’affaire de la SQDC prévoit de redistribuer les profits dans les organismes œuvrant en santé.

Pour le moment, des négociations ont lieu pour que les municipalités aient accès à des fonds pour combler les dépenses qu’amènera la légalisation.

«On va dépenser de l’argent, mais quelqu’un va devoir payer. Pas question que ce soit le citoyen au final, ce n’est pas lui qui a demandé ça», fait valoir le directeur général de la Ville de Sept-Îles.

D’ici septembre, le conseil municipal adoptera un règlement pour encadrer la consommation de cannabis dans les lieux publics. Le projet de règlement pourrait s’apparenter à ceux sur la cigarette et l’alcool, indique Patrick Gwilliam.

Préoccupation pour certains, opportunité pour d’autres

Mis sur pied il y a 40 ans, Le Centre d’intervention Le Rond-Point offre de l’aide et fait de la prévention en toxicomanie. Son directeur, Jean-François Albert, voit lui aussi d’un bon œil la présence d’un point de vente sur le territoire de la municipalité.

«Ça pourrait permettre plus de proximité avec ceux qui consomment. Il y a pas mal plus de prévention qui pourrait être faite», affirme-t-il.

Pour M. Albert, l’éventualité d’un partenariat avec un centre de la SQDC n’est pas à écarter.

«Notre mission première, c’est la prévention. On travaille à la réduction des méfaits. En ce sens, ça pourrait être une optique intéressante d’être présent à même la succursale pour offrir de l’information, voire même faire des ateliers», envisage-t-il.

Pour l’instant, il estime qu’il est important de sensibiliser les différents paliers de gouvernements à ce que l’argent des ventes soit réinvesti dans la prévention.

Changements pour l’environnement de travail

Les divers employeurs de la région ont des préoccupations qui s’annoncent face à la légalisation. C’est l’avis de Paul Lavoie, directeur général de la Chambre de commerce de Sept-Îles.

«Pour pouvoir faire affaire avec la grande entreprise, les entrepreneurs doivent déjà s’assurer que leurs employés ne consomment pas. La légalisation vient donc ajouter davantage de craintes à ce niveau», laisse-t-il entendre.

Comme lorsque la culture quant à la consommation de l’alcool a subi des changements, une période d’adaptation est à prévoir, selon M. Lavoie.

«C’est un changement majeur de l’environnement de travail qui est à prévoir, tant au niveau des performances que de la santé et sécurité. Surtout qu’il n’y a pas encore beaucoup de façons de bien détecter la consommation de cannabis», explique-t-il.

 

 

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