Les audiences de la Commission Viens débutent à Mani-Utenam

Par Mathieu Morasse 7 mai 2018
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Le chef de bande Mike McKenzie discute avec l’Honorable Jacques Viens, président de la Commission.

La Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics (CERP) entendra les citoyens du territoire innu pendant les trois prochaines semaines.

Le chef de bande de Uashat mak Mani-Utenam (ITUM), Mike McKenzie, a souhaité la bienvenue au public et aux membres de la Commission. Il a prononcé son allocution en innu avant de terminer avec quelques mots en français. Il s’est adressé aux personnes qui viendront témoigner pendant les audiences.

«Je souhaite bon courage à toutes les personnes qui défileront devant la Commission et qui viendront exposer leur vécu et leur expérience à travers le système québécois», a-t-il dit.

Il s’est ensuite tourné vers le président de la commission, l’Honorable Jacques Viens, juge à la retraite.

«Monsieur le commissaire, nous espérons que votre écoute envers nos témoignages vous permettra de produire des recommandations nécessaires pour faire avancer et changer nos relations», a-t-il formulé.

Paul-Arthur McKenzie, un aîné de la communauté, a suivi en présidant la cérémonie d’ouverture. Il a récité une prière avant de procéder à une cérémonie de purification. Des jeunes filles ont défilé en costume traditionnel au son des chants et d’un tambour.

Audiences des citoyens

Les audiences se tiendront à la salle communautaire Teueikan de Mani-Utenam du 7 au 11, du 14 au 18 et du 22 au 25 mai 2018.

Le procureur en chef de la Commission, Me Christian Leblanc, explique que la Commission avait déjà rencontré des experts et des spécialistes en 2017. La deuxième phase qui s’amorce permettra surtout d’entendre les histoires des citoyens.

Les gens ne peuvent pas aller témoigner simplement en se présentant sur place. Ils doivent d’abord rencontrer un enquêteur de la Commission qui documentera, analysera et enquêtera auprès des services publics. Puis, lorsque le dossier est complet, la Commission planifie l’audition du témoin.

Les audiences sont publiques, sauf pour certains témoignages à huis clos. Elles sont disponibles pour écoute en direct et en différé sur le site web de la Commission Viens au www.cerp.gouv.qc.ca. Les témoignages en langues autochtones sont traduits en simultané vers le français et l’anglais.

Rétablir les relations

Me Christian Leblanc explique que le rôle de la Commission est de faire changer les choses.

«On est dans le processus de recueillir toutes ces histoires-là, de les additionner, de les comparer entre elles, de les regrouper par thèmes, décrit-il. Puis on a des chercheurs qui font des analyses comme ça et qui, à la lumière des centaines de témoignages qu’on reçoit, vont faire ressortir des choses qui vont nous permettre d’émettre des appels à l’action, des recommandations, pour que les choses changent.»

«Mais on n’est pas dans le processus de rechercher le blâme ou la responsabilité. Et ça, c’est super important que les gens comprennent ça», précise le procureur en chef.

La Commission ne fait pas de réévaluation ni de révision des décisions prises par les différents services publics. Elle s’intéresse plutôt à «la manière de faire les choses».

La Commission a pour but d’identifier les causes sous-jacentes à toute forme de violence, de discrimination systémique et de traitements différents qui pourraient exister à l’égard des Autochtones dans le cadre de la dispensation de certains services publics au Québec.

Pour ce faire, elle a pour mandat d’enquêter, de constater les faits et de formuler des recommandations quant aux actions correctives concrètes et efficaces à mettre en place par le gouvernement du Québec et par les autorités autochtones. Elle prévoit remettre son rapport à l’automne 2019.

 

 

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