IOC utiliserait des briseurs de grève à Labrador City

Par Mathieu Morasse 4 mai 2018
Temps de lecture :

Des Métallos défilent devant les installations d’IOC à Sept-Îles le 20 avril dernier pour manifester leur appui aux syndiqués du Labrador.

La Compagnie minière IOC a recours à des briseurs de grève à la mine de Labrador City selon le syndicat des Métallos qui est frustré de la situation et qui invite IOC à se rasseoir à la table des négociations.

Le représentant syndical du local 5795 des Métallos, Ron Thomas, explique qu’un hélicoptère fait des allers-retours en continu vers la mine. De plus, jusqu’à quatre autobus avec des vitres teintées font deux allers-retours par jour à la mine.

« Ils amènent des travailleurs réguliers [non syndiqués]. Mais on a découvert qu’ils mettent aussi [dans les autobus] des gens qui ne sont pas employés, qui sont des briseurs de grève », dévoile-t-il.

Le syndicat n’est pas en mesure de chiffrer le nombre de personnes impliquées. Les travailleurs présents sur le site ne seraient pas suffisants pour exploiter la mine. Ils effectueraient toutefois des opérations d’entretien habituellement accomplies par les syndiqués.

À son avis, le moral des syndiqués est bon, même si la situation les frustre.

Il invite la compagnie à venir se rasseoir à la table des négociations pour régler le conflit plutôt que de dépenser de l’argent pour faire rentrer des travailleurs comme ils le font. Les négociations entre les parties sont au point mort depuis que les Métallos ont rejeté l’entente de principe les 17 et 19 avril derniers.

« Revenez vers nos gens, nous ne demandons pas beaucoup. Et recommençons à produire comme nous l’avons toujours fait », lance-t-il.

Les quelque 1 300 Métallos des sections 5795 et 6731 ont déclenché sont en grève depuis le 27 mars à Labrador City.

Du côté de Sept-Îles, les 300 Métallos de Sept-Îles détiennent le droit de grève depuis le 10 avril. Ils ne peuvent toutefois pas l’exercer tant que le Conseil canadien des relations industrielles ne se sera pas prononcé sur les services essentiels. Les audiences auront lieu les 5 et 6 juin prochain à Sept-Îles.

Par ailleurs, 117 employés septiliens seront mis à pied par IOC à compter du 14 mai.

Pratique légale à Terre-Neuve-et-Labrador

Le recours par la Compagnie minière IOC à des travailleurs briseurs de grève est parfaitement légal au Labrador. Les lois en vigueur à Terre-Neuve-et-Labrador n’interdisent pas cette pratique, contrairement au Québec.

L’affaire a rebondi devant la Chambre d’assemblée de la province (l’équivalent de l’Assemblée nationale au Québec) jeudi. La leader du NPD et 2e groupe d’opposition, Gerry Rogers, a interpellé le gouvernement libéral pour savoir s’il entendait interdire les briseurs de grève. Le gouvernement a esquivé la question sans y répondre. La transcription des débats, disponible sur le site web de la Chambre d’assemblée, a été publiée par la section 5795 des Métallos sur leur page Facebook.

L’union syndicale est d’accord avec la chef néodémocrate et demande au gouvernement d’adopter une loi interdisant le recours aux briseurs de grève. Selon lui, cette façon de faire peut « absolument » prolonger le conflit de travail.

La Compagnie minière IOC n’a pas rendu notre appel.

Partager cet article