Employés avec limitations : des histoires de réussites dans notre région  

Par Emy-Jane Déry 10 avril 2018
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Atteinte de déficience intellectuelle, Katerie Gabriel est à l’emploi de la SPCA Côte-Nord depuis 9 ans.

Dans les dernières semaines, Walmart a semé l’indignation au Québec en annonçant la fin de son programme d’intégration au travail qui permettait l’embauche de travailleurs souffrant d’une déficience intellectuelle, du trouble du spectre de l’autisme ou de différentes limitations physiques et/ou intellectuelles.

Dans 26 magasins de la province, des travailleurs ont versé des larmes après avoir perdu leur emploi qui signifiait pour la plupart beaucoup plus qu’un salaire. Le programme d’intégration en question n’était pas en place à la succursale septilienne de Walmart. Celle-ci n’a donc pas été affectée par la décision de la compagnie.

Suite au tollé généré, l’entreprise a finalement annoncé qu’elle était prête à réembaucher les employés mis à pied, sans cependant ramener son programme d’intégration.

Dans ce contexte, Le Nord-Côtier est allé à la rencontre de travailleurs handicapés et d’employeurs de la région qui, pour rien au monde, ne voudraient mettre fin à leur collaboration.

Vous pourrez lire l’intégralité de notre dossier de quatre pages dans l’édition du 11 avril. 

SPCA Côte-Nord

Une expérience humaine pour tous les employés

À la SPCA Côte-Nord, Katerie Gabriel est tout sourire. Grâce à son emploi, elle a pu elle-même se payer des broches pour corriger sa dentition qui la gênait depuis longtemps.

La SPCA Côte-Nord compte quatre employés avec des limitations à l’intérieur de ses murs, dont Katerie Gabriel. La femme de 30 ans atteinte de déficience intellectuelle s’occupe principalement des chats du refuge depuis maintenant 9 ans. Elle occupe un poste de 30 heures par semaine.

«Si je ne travaillais plus ici, j’aurais de la peine. J’aime ça les animaux», lance-t-elle.

Au départ, elle a obtenu l’emploi grâce au programme de subvention du SEMO Côte-Nord. Lorsque la subvention a pris fin, la SPCA a décidé de garder Katerie parce qu’elle était une excellente employée.

Depuis qu’elle travaille au refuge, elle se sent plus autonome. Elle a aussi plus de facilité à communiquer avec les autres. Surtout, son emploi lui donne des outils pour avancer vers son objectif ultime : avoir son propre appartement pour pouvoir adopter «son chat» à elle.

Un rêve

Mais déjà, son travail lui a permis de réaliser un rêve. Depuis longtemps, elle se sentait gênée par sa dentition.

«Mes dents étaient croches et ça me fatiguait, mais ce n’était pas couvert parce que c’était juste de l’esthétisme», explique-t-elle.

Avec son salaire, elle a pu mettre de l’argent de côté pour finalement avoir des broches. Lorsqu’elle les a retirées il y quelques semaines, c’était «comme un rêve», raconte-t-elle le sourire éclatant.

Une expérience humaine

Bien sûr, ce n’est pas toujours simple d’intégrer ces travailleurs et il faut parfois faire preuve de patience et d’ingéniosité. Mais en fin de compte, la directrice de la SPCA Côte-Nord, Lucie Dionne, n’hésite pas une seconde à dire que l’expérience est positive.

«Malgré qu’il faut parfois répéter, que ça devient à certains moments une surcharge, ça fonctionne bien. On travaille avec eux et on réussit à atteindre une constance», affirme-t-elle.

De plus, les employés du refuge qui ont des limitations contribuent à l’ambiance de travail, selon elle.

«Au niveau humain, chaque employé qui travaille à la SPCA tient à eux, les aide, les fait cheminer. Comme directrice, ça ouvre mes horizons et ça me permet d’aider différemment», conclut Lucie Dionne.

 

 

 

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