Mesures pour les baleines noires : les pêcheurs de Sept-Îles réagissent

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Pêcheurs

Pêches et Océans Canada a annoncé le 28 mars les mesures qui seront mises en place pour protéger les baleines noires. Parmi celles-ci, une seule est obligatoire pour l’instant dans la zone 16, de Natashquan à Pointe-des-Monts. Les autres le seront à partir de 2019.

En 2017, 12 baleines noires ont été retrouvées mortes dans le golfe du Saint-Laurent. La population mondiale est d’environ 450 individus. Elle comprend à l’heure actuelle approximativement 100 femelles en âge de reproduction. Des menaces diverses et complexes, comme les collisions avec des navires, les empêtrements dans les engins de pêche, la disponibilité des proies et la pollution de l’eau ont des répercussions sur les populations de baleines. C’est ce qu’a indiqué le gouvernement fédéral, en annonçant la dizaine de mesures de protection.

«On se prépare»

Sur le quai de Sept-Îles, le pêcheur Maxime Rock fait part que ses collègues et lui ne sont pas affectés, pour l’instant, par ces nouvelles mesures.

«Il n’y a pas beaucoup de baleines noires ici. De toute façon, les mesures concernent plus la zone 12», mentionne-t-il.

La zone en question est située dans le sud du golfe du Saint-Laurent, dans les environs des Îles-de-la-Madeleine.

«On sait que ça va nous affecter à l’avenir par contre, on se prépare. Pour le moment, on s’apprête raccourcir les cordages pour qu’il y ait moins de lousse.»

Une obligation supplémentaire

Yan Briand est vice-président du comité de cogestion de la zone 16 et occupe le même poste à l’Office des pêcheurs de crabe des neiges. Il confirme que la plupart des normes et mesures annoncées ne s’appliquent pas dans la zone 16 pour cette saison.

«La seule chose qui s’applique pour l’instant, c’est la diminution de la distance entre les ballons sur le cordage désormais fixé à 3,5 brasses», explique-t-il.

La brasse est l’unité utilisée surtout par les pêcheurs pour mesurer les cordages et la profondeur de l’eau. Une brasse équivaut à 1,8 mètre.

Représentations non concluantes

La nouvelle norme affecte tous les pêcheurs qui ont des engins fixes au fond de l’eau, explique M. Briand, qui mentionne avoir fait pression auprès de Pêches et Océans Canada pour que la distance ne soit pas trop réduite.

«C’est mal reçu par les pêcheurs. On a été écouté, mais on n’a pas l’impression d’avoir été entendu par le fédéral», soutient-il.

Jean-René Boucher, directeur de l’Office des pêcheurs de crabe des neiges de la zone 16, ne voit pas en quoi les pêcheurs de la région sont concernés.

«On n’est pas contre, étant donné que ça n’apporte pas de fardeau financier aux pêcheurs. Mais on a un peu l’impression qu’on met en place des mesures qui ne sont peut-être pas nécessaires pour nous», fait-il remarquer.

Selon M. Briand, les baleines noires ne se rendent pas encore dans le secteur de Sept-Îles. Il convient toutefois que les choses pourraient changer à l’avenir, dû aux changements climatiques.

«Le plus près d’ici qu’on peut en voir, c’est au nord-ouest d’Anticosti, à la mi-juillet.»

Mais pour permettre d’identifier de quel secteur proviendrait une éventuelle baleine échouée, tous les pêcheurs devront désormais ajouter un fil de couleur tous les 30 mètres sur leurs cordages. La mesure est sur une base volontaire, pour l’instant.

«Mais c’est plus la diminution de la distance des ballons qui va compliquer les choses. Je vais voir dès la première, ou la deuxième levée, en quoi exactement ça affecte mes opérations. Ce que ça va demander en plus comme efforts», spécifie Yan Briand.

 

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