Les scientifiques anticipent une importante diminution des stocks de crevettes

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Selon les scientifiques de Pêches et Océans Canada, les stocks de crevettes nordiques de l’estuaire et du golfe du Saint-Laurent pourraient connaitre une diminution de 35% comparativement à 2017.

Selon Hugo Bourdages, biologiste chez Pêches et Océans Canada, les stocks de crevettes nordiques ont longtemps été en hausse dans le golfe du Saint-Laurent. Ils ont notamment atteint les 35 000 tonnes en 2010. Sept ans plus tard, les chiffres indiquent un total de 22 000 tonnes de débarquement, pour l’ensemble des pêcheurs du Québec, des provinces maritimes et des premières nations qui pêchent dans le golfe.

En 2017, il y aurait eu environ 55 millions $ en débarquement de crevettes. Ce serait la troisième espèce de fruits de mer en importance, après le crabe des neiges et le homard dans le golfe.

«Les stocks sont en diminution depuis plusieurs années. Les scientifiques observent la diminution, mais les pécheurs aussi l’ont vu au niveau des quantités de débarquement à quai», indique le biologiste.

En référence à l’approche de précaution pour la crevette nordique, les stocks de l’estuaire et de Sept-Îles se situaient dans la zone de prudence, alors que les stocks d’Anticosti et d’Esquiman étaient encore dans la zone saine, mais proche de la zone de prudence.

«Selon les lignes directrices établies dans le cadre de l’approche de précaution, les prélèvements projetés pour 2018 sont de 239 tonnes pour l’estuaire, 4 267 tonnes pour Sept-Îles, 5 722 tonnes pour Anticosti et 5 508 tonnes pour Esquiman», peut-on lire dans un rapport de Pêches et Océans Canada.

Causes

Le réchauffement de l’eau et l’augmentation de la population de sébastes, un prédateur dans le golfe du Saint-Laurent, seraient les deux principales causes de la diminution des stocks de crevettes nordiques.

Selon le rapport des scientifiques gouvernementaux, «la crevette nordique est encore largement répandue dans le nord du golfe Saint-Laurent, mais depuis 2008 le relevé montre une diminution de la superficie des zones de concentration de la crevette. Ceci est aussi observé dans la pêche, certains fonds de pêche traditionnels ayant été délaissés en raison de la faible abondance de la crevette.»

Le Comité consultatif de la crevette de l’estuaire et du golfe du Saint-Laurent remettra prochainement des recommandations à l’intention du ministre de Pêches et des Océans, Dominic Leblanc. Ce sera ensuite à ce dernier d’établir les quotas qui seront en vigueur pour la prochaine saison.

Impact commercial

À la Poissonnerie Fortier, on se dit quelque peu inquiet de cette baisse de stocks qui pourrait faire monter la valeur marchande de la crevette.

«On est une petite entreprise, on n’a jamais réussi à transformer un quota au complet. Mais pour le secteur, ça ne sera pas facile et les prix devraient monter en raison de la rareté», croit le directeur général de la Poissonnerie Fortier, Jean-Christophe Dubreuil.

Comme la crevette représente un pourcentage important du chiffre d’affaires, le commerçant envisage déjà une diversification de son offre de produit. «Ça peut représenter 30% du chiffre d’affaires. Ce n’est pas menaçant pour cette année, mais si la ressource continue à s’épuiser on va devoir se tourner vers d’autres ressources, par exemple, la morue ou le sébaste, dont la pêche pourrait être ouverte de nouveau», indique M. Dubreuil.

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