Projet de microbrasserie à Natashquan : un pas de plus vers la concrétisation
La Muddler, première bière de la microbrasserie La Mouche, à Natashquan.
Le projet de microbrasserie «La Mouche» de Gabriel Turner, un Natashquanais d’adoption, franchit un pas de plus. Le jeune homme délaisse son emploi d’électromécanicien chez ArcelorMittal pour se concentrer uniquement sur la production de sa bière et se lancer à 100% dans l’aventure.
Produisant pour l’instant sa bière chez ses collègues de St-Pancrace à Baie-Comeau, Gabriel Turner explique les raisons qui le motivent à se lancer.
«Contrairement aux brasseurs traditionnels qui brassent déjà maison et, qui ensuite, développent un projet de microbrasserie, moi à la base, je cherchais une façon de créer des emplois à Natashquan, de diversifier notre économie locale», explique-t-il.
Il affirme que la passion de déguster de la bière s’est transformée en passion d’en faire. «C’est un projet qui se veut communautaire, sans être une coop, mais rassembleur pour le village. Il n’y aura pas de bar. Ça va être une petite production industrielle, et ce, parce qu’on ne veut pas entrer en compétition avec les deux restaurants du village : L’Échourie et le Goût du large», avance M. Turner.
Originaire de Montréal, Gabriel Turner confie que ce qui le pousse à s’ancrer à Natashquan, c’est le dynamisme de la collectivité. «C’est mon chez-moi maintenant et je veux contribuer à l’essor économique de mon village, créer une rétention. C’est l’enjeu un peu partout en région. Ça aurait peut-être été plus facile à Montréal, mais ce n’est pas le but. Quatre, ou cinq emplois à Natashquan, on s’entend que ça a pas mal plus d’impact», lance-t-il.
Il projette d’ailleurs d’utiliser des matières premières locales dans ses produits. «La bière est composée à 95% d’eau et ici, on a l’avantage d’avoir une eau d’excellente qualité. Les petits fruits et les ressources du terroir qui nous entourent seront intéressants à exploiter aussi, mais pour l’instant, on travaille sur une levure», se réjouit-il. L’objectif de l’entrepreneur est d’avoir quelque chose qui provient de Natashquan, pas une levure de laboratoire. Il explique que la levure est ce qui donne à la bière sa particularité, une signature singulière.
La Muddler
La Mouche avait procédé à une dégustation publique de deux bières distinctes en septembre dernier, afin de définir laquelle serait commercialisée. «C’était assez partagé dans les résultats. J’en ai donc créé une autre qui regroupe la recette de la A, avec les caractéristiques que les gens aimaient de la B. Elle devient notre premier produit, mais continuera d’évoluer.»
C’est donc la Muddler, une blonde de soif, qui en a découlé. «Les gens qui boivent de la bière commerciale pourront s’y reconnaitre, sans être dépaysés. C’est un peu une façon d’entrer dans le milieu des bières de microbrasserie pour tout le monde, mais avec des ingrédients de qualité. Pour moi, c’était important de faire une bière dans laquelle les gens de la Côte-Nord se reconnaissent», exprime-t-il.
Esprit de camaraderie
Gabriel Turner a appris beaucoup en passant du temps dans des brasseries en Europe et a lu énormément sur le sujet. Il se réjouit de l’ouverture de St-Pancrace, qui l’a épaulé dans ses démarches depuis le début. «C’est une école incroyable, ils sont vraiment généreux. Ils partagent les installations, mais aussi leurs connaissances, leur expérience de développer quelque chose de nord-côtier. Je me sens un peu comme si c’étaient mes grands frères et mes grandes sœurs», fait-il valoir. «C’est clairement grâce à eux si nos bières sont sur le marché», ajoute-t-il.
La compétition se fait plus avec les gros joueurs, selon lui. «Et la vague du micro, c’est parce que les gens comprennent l’impact que les plus petites entreprises ont dans leurs communautés. Règle générale, on emploie pas mal de monde. Ce n’est pas seulement un camion qui livre, comme les plus gros. Bref, ça amène un apport réel à une communauté», soutient-il.
La Muddler est distribuée dans différents points de vente dans l’Est-du-Québec, au Marché 7 jours à Sept-Îles, entre autres. «Il y en aura une nouvelle en février. Une bière de style Berliner Weiss», annonce fièrement Gabriel Turner.
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