Début des audiences de l’Enquête nationale sur les femmes autochtones

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l’Enquête nationale sur les femmes autochtones

Les audiences de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées ont débuté aujourd’hui (27 novembre) et se termineront vendredi à Maliotenam. Plus d’une soixantaine de témoignages seront entendus.

Les audiences de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées ont commencé lundi matin à Maliotenam. Cela marque le premier passage de l’enquête en sol québécois ainsi que le retour de la Commissaire Michèle Audette dans sa communauté d’origine.

L’équipe passera une semaine dans la région pour entendre une soixantaine de témoignages. Michèle Audette de Maliotenam compte parmi les quatre commissaires qui écouteront les récits des membres des communautés nord-côtières réunis au centre communautaire de Maliotenam.

Il s’agit des premières audiences à se tenir dans la province pour l’enquête nationale. Malgré le lourd contexte entourant l’enquête, la commissaire locale Michèle Audette se dit fière de l’accueil de sa communauté. «Je suis contente de pouvoir présenter ma communauté au Canada. L’accueil a été très joli, très simple et très innu. Ça fait du bien», avoue-t-elle.

Lundi matin, trois familles sont venues livrer les premiers témoignages de la semaine. «Elles nous ont partagé l’impact de leurs tragédies sur leur génération et celles qui ont suivi. Leurs histoires sont très faciles à s’imaginer et sont lourdes en émotions. On a pu voir qu’il existe des similitudes entre les différents témoignages qui sont livrés partout au Canada», rapporte la commissaire.

Réalité différente

Même si certaines similarités semblent se dégager des différents témoignages à travers la province, Michèle Audette s’attend à ce que les Autochtones du Québec abordent le sujet des institutions religieuses et de la déportation des enfants, des sujets peu abordés jusqu’à présent.

Il y a quelques semaines, la Commission Viens, qui enquête sur la relation entre les autochtones et certains services publics, était de passage dans la communauté de Uashat mak Mani-Utenam. La commissaire Audette admet qu’il est difficile pour certains membres de la communauté de devoir replonger deux fois dans ces souvenirs en aussi peu de temps. «Ça demande beaucoup aux survivants que de replonger dans différents types de traumatismes», pense-t-elle.

Témoignages

En juin, l’organisation était venue dans la région dans le cadre de rencontres préparatoires aux audiences qui ont débuté lundi. Plusieurs manières de livrer un témoignage sont proposées aux participants, notamment par le biais de l’art. Il est également possible de le faire en privé.

Bien qu’une soixantaine de témoignages soient déjà à l’agenda des commissaires, des plages horaires sont prévues pour tout membre de la communauté voulant partager son vécu de manière spontanée.

Le processus est teinté de plusieurs éléments liés aux croyances spirituelles des Innus. Un feu sacré demeure allumé au Centre communautaire de Maliotenam pour toute la durée des audiences publiques. Des prières traditionnelles ouvrent également chaque journée d’audience.

Une équipe spécialisée en trauma et des membres du conseil de bande de Uashat mak Mani-Utenam sont sur place pour soutenir les témoins.

Plus de temps

L’enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées a été lancée en 2016 par le gouvernement fédéral. L’objectif est d’examiner et de faire rapport sur les causes systémiques de toutes les formes de violence faite aux femmes et aux filles autochtones au Canada.

Depuis le début, plusieurs commissaires se sont retirés du processus. L’enquête a également essuyé plusieurs critiques, tant à l’interne qu’à l’externe.
Michèle Audette ne s’en cache pas, les délais restreints et la pression qui pèse sur l’équipe de l’enquête pourraient pousser d’autres commissaires à partir. «C’est quasiment demander l’impossible que de vouloir un rapport final dans douze mois pour un mandat avec autant d’enjeux», explique-t-elle.

Selon Mme Audette, l’équipe devra bénéficier de plus de temps pour remettre son rapport final dont la date de tombée est actuellement prévue pour le 1er novembre 2018. «Nous devons avoir une extension pour nous assurer de bien faire les choses et rendre hommage à ces familles en remettant un rapport bien fait et représentatif de la situation», affirme-t-elle.

-Avec Emy-Jane Déry

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