Érosion des berges: Place McCormick change de visage

Par Éditions Nordiques 23 octobre 2017
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Depuis une semaine, six maisons ont été détruites ou relocalisées à la Place McCormick.

Il y a beaucoup de mouvements ces derniers jours à la Place McCormick de Port-Cartier. Des fondations ont été coulées pour relocaliser deux maisons alors que quatre autres se retrouvent sous le pic des démolisseurs. Les propriétaires vivaient depuis plusieurs années avec l’inquiétude de subir des dommages importants à chaque tempête en raison de l’érosion de la berge. Même s’ils ont été dédommagés par Québec, les résidents jugent l’aide insuffisante.

Robin Boucher et l’un des Portcartois touchés par cette situation. Sa maison sera déménagée sur ses nouvelles fondations mardi, à peine 40 m plus loin de l’autre côté de la rue, en face de son ancien emplacement. «J’ai été obligé de tout défaire le sous-sol que je venais juste de finir. Je pensais en avoir fini avec tout ça», affirme l’homme de 51 ans qui habite depuis 22 ans dans cette maison bâtie il y a une quarantaine d’années.

«Moi, présentement, je n’ai pas perdu un pouce de terrain. J’ai essayé d’avoir une dérogation pour repousser l’échéance, mais je me trouve dans une zone à risque d’érosion. Ça finissait chez moi. Ça part du 24 au 34 de la Place McCormick», explique Robin Boucher, dont l’hypothèque est payée depuis une dizaine d’années.

L’un de ses voisins, Vincent Bélanger, a été moins chanceux. Il est le seul propriétaire à se trouver dans la zone d’imminence de submersion. Lors des violentes tempêtes de Noël dernier, sa piscine ne tenait plus qu’à un fil sur la terre ferme. M. Bélanger sera relocalisé à côté de Robin Boucher. Les autres propriétaires ont accepté une allocation pour déménager ailleurs. Ceux qui n’ont pas été relocalisés se trouvent en zone de submersion, c’est-à-dire qu’ils sont à risque d’être inondés, mais sans que cela représente un danger pour leur habitation.

«Ça tire beaucoup d’énergie»

Même si le réaménagement du quartier emmène son lot de désagréments pour les Portcartois comme Robin Boucher, ce dernier n’en veut pas à la Ville de Port-Cartier. «La municipalité a été accommodante. Ils ont travaillé fort pour nous», explique-t-il. M. Boucher est néanmoins déçu que son quartier change de visage, lui qui avait décidé de s’y établir en raison du paysage. «Au moins, je ne serai pas trop dépaysé (de l’autre côté de la rue)», affirme le Portcartois.

Robin Boucher a hâte de retrouver une vie plus paisible. «Ça tire beaucoup d’énergie. J’ai délégué beaucoup là-dedans. C’est comme si je n’avais pas arrêté de vivre. J’ai vidé le sous-sol. Dans mon rez-de-chaussée, c’est le bordel, il y a des meubles partout. C’est dur psychologiquement et physiquement, mais je vois ça positivement parce qu’on va avoir conservé un beau secteur malgré tout. J’espère que pour Noël je pourrai relaxer avec un verre de vin», raconte le résident.

Aide insuffisante

Les résidents déplacés de Place McCormick jugent toutefois que l’aide financière de 158 208$ reçue par le ministère de la Sécurité publique est insuffisante et n’est pas ajustée au coût des différentes propriétés. «Le montant total de l’aide n’est pas suffisant. Je dois emprunter pour arriver au bout», explique Robin Boucher. Une fois sa maison déménagée, il devra faire une galerie, refaire l’électricité, la plomberie et son sous-sol pour ce qui est des travaux les plus urgents. «Ma maison a une évaluation plus haute que le montant donné», déplore-t-il.

Les propriétaires touchés ont cédé leur terrain à la Ville de Port-Cartier pour la somme symbolique de 1$. La responsabilité de démolir les maisons, remettre le terrain en état et les coûts qui y sont reliés sont donc partagés par la municipalité et le gouvernement.


La facture de Robin Boucher :

  • 159 208$ : Allocation fixe du ministère de la Sécurité publique provenant du Programme général d’aide financière lors de sinistres réels ou imminents.
  • 200 000$ : Allocation financière bonifiée accordée aux victimes des inondations du printemps dans le sud de la province. Pour l’heure, les résidents de Place McCormick n’y ont pas droit.
  • 107 000$ : Coût de l’excavation et des nouvelles fondations de la maison de Robin Boucher, ainsi que son déménagement.
  • 31 000$ : Achat de son nouveau terrain.
  • 215 000$ : Évaluation des coûts totaux des travaux à effectuer chez lui pour retrouver une qualité de vie équivalente.
  • 85 000$ : Montant qu’il prévoit assumer de lui-même.
  • 5 000$ : Évaluation minimum pour faire du terrassement sur son nouveau terrain.

L’enrochement, un scénario «pas acceptable»

La Ville de Port-Cartier a tenté depuis de nombreuses années de convaincre le gouvernement québécois qu’il fallait enrocher la berge de la Place McCormick.

Cet enrochement aurait cependant été «tellement énorme et empiétant» qu’elle aurait rendu impossible la vue sur la mer, selon la mairesse sortant Violaine Doyle. Ce scénario n’était «pas acceptable» explique Mme Doyle. Celle-ci ne voulait pas que les résidents du secteur vivent «un autre 30 décembre».

De son côté, le candidat à la mairie Alain Thibault se dit «malheureux» des résidents qui vivent un «déracinement». Il croit que la Ville aurait dû faire «plus d’efforts» pour être «plus convaincante». S’il est élu, il promet de protéger les berges de la plage Rochelois pour éviter un scénario semblable à celui de Place McCormick.

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