Escale Sept-Îles : À qui profitent les croisières?

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Le Queen Mary 2 à Sept-Îles. Photo d’archives

Si plusieurs touristes profitent de leur escale pour visiter les rues de Sept-Îles, ce ne sont pas tous les commerces locaux qui semblent en profiter. Des milliers de dollars sont investis annuellement par Destination Sept-Îles Nakauinanu (DSIN) afin que la venue des croisières puisse contribuer à l’économie septilienne.

La saison 2017 de l’escale Sept-Îles en aura été une somme toute chargée. En cumulant le passage des cinq voiliers du Rendez-Vous 2017 et les cinq navires de croisières, ce sont plus de 8000 passagers et membres d’équipage qui ont accosté au Port de Sept-Îles en 2017.

À ce jour,  plus de 30 millions $ ont été injectés au projet des croisières. Avant le début de la saison 2017, certains Septiliens avaient contesté la décision de la Ville de Sept-Îles d’accorder une somme d’argent de 175 000$ à la séduction des compagnies de croisières en plus de remettre en doute les retombées réelles de l’accueil de croisiéristes à Sept-Îles.

En réponse aux critiques, la présidente de DSIN, Manon Langlois, avait rappelé qu’elle était plutôt en mode investissement et que «nous n’aurions pas le port et la refonte du Vieux-Poste si ce n’était pas du dossier des croisières».

«En ce moment, on se demande quelle est la véritable retombée économique des croisières pour la communauté. Les croisiéristes dépensent très peu d’argent. Je me demande à qui ça profite.» -Ken Rock

Investissements pour le tourisme

Grâce au financement qu’elle reçoit, DSIN peut offrir aux croisiéristes des excursions uniques, des circuits permettant de trouver les principaux commerces locaux ainsi qu’un véritable événement d’accueil sur le quai. Localement, l’argent permet d’améliorer la qualité des infrastructures portuaires et des attraits touristiques de la ville et de la communauté innue en plus de financer le projet de pavillon d’accueil permanent.

Avant la venue du Queen Mary 2, le Port de Sept-Îles, la Ville de Sept-Îles et ITUM ont chacun remis une enveloppe supplémentaire de dernière minute d’une valeur de 10 000$ chacun pour assurer un accueil de qualité pour le navire. Si la venue des croisières amène inévitablement certaines retombées économiques, ce ne serait toutefois pas tous les commerces qui obtiendraient leur part du gâteau.

Déceptions

Pour l’arrivée du Queen Mary 2, DSIN et ITUM avaient érigé un site traditionnel sur la rue De Quen à Uashat. Le projet se voulait une occasion d’offrir aux visiteurs une vitrine sur la culture innue. Au lendemain du passage du Queen Mary 2, le directeur de la Société de développement économique de Uashat-Maliotenam, Ken Rock, ne peut que constater l’échec du projet et se questionne à savoir si «les efforts faits pour accueillir les gens et mettre en valeur la culture en valent la peine».

«Il y a eu des gens tout l’après-midi sur la terrasse.» – Manon Lapierre, gérante La Cage

«Le résultat de ça ce n’est pratiquement rien parce que les croisiéristes ne sont pas venus nous voir. En ce moment, on se demande quelle est la véritable retombée économique des croisières pour la communauté. Les croisiéristes dépensent très peu d’argent. Je me demande à qui ça profite. On n’a pas encore les données exactes, mais on ne peut pas dire qu’il y a eu des retombées économiques.»

Même constat de la part d’Isabelle Ross, copropriétaire du restaurant Pub St-Marc qui dit ne jamais avoir profité de la venue des croisières. «Depuis les trois dernières années, j’ai peut-être eu neuf personnes. Hier, j’ai eu deux personnes qui sont venues prendre une bière. L’an passé, j’avais ouvert ma cuisine toute la journée et personne n’est venue manger ici. Les deux premières années, nous faisions partie du circuit, mais les bus ne passaient pas par ici.»

Plusieurs autres commerces étant situés plus loin du bas de la ville ont aussi affirmé ne pas récolter de bénéfices de la venue des croisières. «Ça n’a pas de gros impact en dehors du bas de la ville. Ils (les croisiéristes) recherchent plus des découvertes culturelles que du magasinage. Pour avoir déjà fait des croisières, on sort pour voir les kiosques à la sortie, mais pas plus», explique la directrice générale de Place de Ville, Mona Lechasseur.

Bien situés

Tout de même, certains commerces dont la position géographique se trouve plus près du quai des croisières ont avoué avoir profité du passage du Queen Mary 2. Cependant, cette augmentation de clientèle ne serait pas nécessairement la même lorsqu’il s’agit de navires de moins grande capacité.

Par exemple, La Cage – Brasserie sportive de Sept-Îles révèle que sa terrasse avec vue sur la promenade du Vieux-Quai a connu une bonne affluence. «Il y a eu des gens tout l’après-midi sur la terrasse. C’est la première fois, depuis qu’il y a des croisières, qu’il y a autant de gens», indique la gérante de service, Manon Lapierre.

Le passage du Queen Mary 2 a aussi été bon pour Line Roussel dont les trois commerces (FDI, Friscadélice et la Trésorie) ont pignon sur la rue Arnaud. «C’est sûr qu’il faisait beau, ce qui a grandement aidé. Ce n’est pas comme ça avec tous les bateaux, mais hier il y a eu beaucoup de monde que ce soit à la Trésorie, au bar laitier ou au FDI. Le Queen Mary et le bateau venant d’Espagne sont les seuls bateaux qui nous ont rapporté quelque chose. Souvent, les gens entrent et dépensent un peu, mais la plupart viennent pour le réseau internet.»

En 2018, l’Escale Sept-Îles devrait connaître une année record avec un nombre de 17 000 passagers et membres d’équipage sur un total de treize jours. Le retour du Queen Mary 2 est aussi prévu pour le 28 septembre 2018.

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