Anticosti : les Innus envisagent poursuivre Pêches et Océans

Par Emy-Jane Déry 5 juillet 2017
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Pêches et Océans Canada suscite la grogne après avoir donné son aval à Hydrocarbures Anticosti pour le prélèvement d’eau dans les rivières de l’île. Les communautés innues envisagent même poursuivre le ministère.

La municipalité d’Anticosti, les communautés innues d’Ekuanitshit et de Nutashkuan, ainsi que la MRC de la Minganie déplore la décision du programme de protection des pêches de Pêches et Océans Canada (MPO).

Ce dernier a donné l’autorisation à Hydrocarbures Anticosti de prélever l’eau des rivières au Fusil, Jupiter et Sainte-Marie, toutes situées sur l’île. L’organisation a accepté la proposition de la société en commandite qui espère confirmer le potentiel pétrolier et gazier de l’Île. Elle souhaite notamment faire des travaux de fracturation hydraulique pour lesquels l’utilisation d’eau douce est requise.

Le MPO a indiqué que la proposition «ne devrait pas causer de dommages sérieux aux poissons» et a émis des recommandations à cet effet.

Comme ils n’ont pas été consultés avant l’autorisation de tels travaux sur leur territoire, les Innus d’Ekuanitshit, appuyés par les huit autres communautés innues du Québec, sont sur le point d’envoyer une mise en demeure à Pêches et Océans Canada, a appris le Journal.

«Il n’y aurait jamais dû avoir de décision à l’effet d’autoriser la prise d’eau de ces rivières, sans que l’on soit consultés», a scandé Jean-Charles Piétacho, chef de la communauté d’Ekuanitshit.

Les Innus sont déterminés à faire reculer le MPO dans le dossier.

«Nous avons 30 jours par la suite pour poursuivre le fédéral, si jamais il n’y a pas de changement par rapport à leur décision et autorisation», a dit M. Piétacho.

Espoir

À l’heure actuelle, Hydrocarbure Anticosti a reporté les travaux de fracturation hydraulique qu’elle devait mener cet été sur l’île. Des négociations sont en cours avec le gouvernement de Philippe Couillard qui souhaite tirer un trait sur l’exploitation pétrolière sur Anticosti.

«Nous avons espoir de régler le dossier, surtout que le premier ministre a réitéré il y a quelques semaines qu’il ne souhaitait pas d’exploitation pétrolière sur l’île», a dit le chef Piétacho.

«Abasourdis» par le MPO

Les élus locaux et les chefs de communautés innues se sont disent «abasourdis» par l’autorisation du ministère et s’interrogent sur ses bases scientifiques.

Dans un communiqué conjoint, ils se demandent «sur quelles études de long terme et récentes le MPO se base-t-il pour autoriser les prélèvements d’eau dans les rivières d’Anticosti, alors que les conséquences sur son hydrologie particulière et dynamique demeurent inconnues».

Ils remettent aussi en question le fait que des autorisations soient émises par des ministères pour un projet qui n’a, à leur avis, aucune acceptabilité sociale dans la région.

Les élus et Chefs innus réitèrent leur position contre le développement des hydrocarbures sur l’île d’Anticosti.

 

 

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