Rivière Moisie: Les Innus veulent «reprendre la rivière»

Par Fanny Lévesque 1 mai 2017
Temps de lecture :

La table d’honneur du souper de l’APRM du 2 février dernier; Yves Girard (président APRM), Raymond Lacroix (Telus et président d’honneur), Charles Cusson (Fédération québécoise pour le saumon atlantique), Marie-Claude Coté, le comédien Louis-David Morasse, le maire Réjean Porlier, Miche Villeneuve, Chantale Morency et le chanteur Philippe Brach.

Le conseil Innu Takuaikan Uashat mak Mani-Utenam (ITUM) refuse de renouveler l’Entente de gestion de la rivière Moisie conclue «depuis des décennies» avec Québec. ITUM hausse ainsi le ton pour faire valoir leurs droits sur la rivière à saumon qui, rappelle le vice-chef, «n’a jamais été cédée».

«Ça fait assez longtemps que ça dure», s’exclame le vice-chef du conseil innu, Jonathan St-Onge. ITUM entreprend des actions pour que «leurs droits soient pleinement reconnus sur la totalité» de la grande rivière à saumon de la Côte-Nord. «On nous a trop longtemps privés de notre rivière Mishta-Shipu (Moisie) qui est au cœur de notre mode de vie ancestrale. C’est une injustice», martèle-t-il.

Pour l’heure, les Innus peuvent exercer leur pêche de l’embouchure de la Moisie à la fosse Winthrop-Campbell. Les filets d’ITUM y sont jetés pour la «pêche d’alimentation». Mais, la communauté revendique «sa pleine reconnaissance des droits» et d’avoir accès à la totalité du cours d’eau. «Pour la pêche oui, mais aussi pour la voie navigable pour rejoindre le territoire», explique M. St-Onge.

ITUM souhaite ainsi devenir gestionnaire de la rivière et avoir accès aux pourvoiries qui s’y retrouvent, dont le camp américain, le Club Adams. «Depuis le 19e siècle, le gouvernement a donné de nombreuses parcelles de notre territoire à de riches promoteurs pour qu’ils s’enrichissent grâce à la pêche commerciale, sportive ou touristique. C’est une façon de porter atteinte à nos droits», a lancé le vice-chef.

La rivière Moisie compte quatre pourvoiries privées en plus du camp Adams, qui bénéficient d’ententes négociées avec le gouvernement du Québec. «On n’a jamais rien vendu sur cette rivière, on n’a jamais eu de compensations. C’est assez. On veut que nous utilisateurs de la rivière Moisie aient la chance d’aller pêcher aux meilleurs endroits», a énuméré M. St-Onge.

Ouvert à une «cogestion»
C’est l’Association de protection de la rivière Moisie (APRM) qui est le délégataire de la ZEC de la rivière. L’organisme a recours chaque année à du sociofinancement pour assurer ses activités et surtout, mener des actions de protection sur le cours d’eau. ITUM se dit ouvert à un modèle de «cogestion» avec l’association, avec qui le conseil entretient de bonnes relations.

L’APRM a pour sa part affirmé «prendre acte» de la position du conseil de bande, dans le cadre de ses revendications. «L’APRM et le conseil de bande sont partenaires depuis plusieurs années, pour assurer la protection de la ressource du saumon, la gestion de la pêche sportive et d’alimentation», a fait valoir l’organisme dans un communiqué.

«Nous sommes d’ailleurs toujours en communication avec le conseil et nous somme confiants que les relations resteront cordiales», est-il poursuivi. ITUM précise également qu’au «cœur» de sa négociation résident les «enjeux environnementaux et la protection de l’espèce». «Par cette position, nous souhaitons protéger non seulement notre mode de vie et nos droits, mais nous voulons aussi défendre un territoire et un environnement au profit des générations futures», ajoute le vice-chef St-Onge.

Le cabinet du ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Luc Blanchette, n’a pas retourné notre appel, lundi.

Partager cet article