Une perte de maîtrise à l’origine de l’écrasement mortel de 2015

Par Fanny Lévesque 3 avril 2017
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Une perte de maîtrise au moment de l’approche finale a mené à l’écrasement mortel d’un Bell 206B le 2 septembre 2015 à Sept-Îles, conclut le Bureau de la sécurité des transports du Canada. Le drame a causé la mort de deux passagers et blessé gravement les trois autres occupants, dont le pilote.

Le pilote de l’hélicoptère a perdu la «maitrise en direction» alors qu’il allait se poser sur un rocher le long de la rivière Nipissis. L’équipage devait se rendre inspecter une passe à saumons à environ 20 milles marins au nord de Sept-Îles. L’analyse du BST met en lumière que l’engin ne présentait aucun problème mécanique.

C’est une perte d’efficacité du rotor à queue (LTE : Loss of tail rotor effectiveness) et une augmentation hors limite du couple moteur, deux phénomènes très techniques expliqués dans le rapport d’enquête dévoilé lundi, qui sont plutôt à l’origine de la perte de contrôle près du sol, selon les enquêteurs du BST.

Le LTE est un phénomène «bien connu au sein de l’industrie» mais enseigné que de façon théorique durant la formation des pilotes en raison «du risque élevé d’accidents». «Des manœuvres réussies en cas de LTE exigent des compétences précises et une bonne coordination des commandes de vol», est-il écrit dans le rapport.

Le LTE est un «mouvement de lacet non-sollicité qui ne se neutralise pas de lui-même» et n’est pas attribuable à un bris d’équipement. «Tout hélicoptère monorotor volant à basse vitesse est susceptible à ce phénomène», vulgarise le BST. Les vents, entre autres, peuvent créer un «environnement propice au LTE».

Peu d’expérience

Le pilote de l’entreprise Héli-Nord avait reçu la formation appropriée à propos du LTE et disposait de toutes les licences et qualifications nécessaires pour effectuer le vol. Sauf que le BST note qu’il avait «peu d’expérience», n’avait pas «volé de façon régulière sur le Bell 206B» et que «c’était la première fois qu’il atterrissait à cet endroit».

Selon le BST, «le peu d’expérience» du pilote, qui avait terminé sa formation en 2011, «sur un Bell 206B avec un rotor à queue (moins long) de 62 pouces ne lui a pas permis de reconnaître le LTE et de le contrer en temps opportun». Le lieu d’atterrissage présentait aussi «certains défis techniques pour un pilote peu expérimenté».

Ceinture mal ajustée

L’écrasement a causé la mort du biologiste du ministère de l’Environnement, Pierre-Michel Fontaine, 49 ans de Québec et d’une employée du conseil Innu Takuaikan Uashat mak Mani-Utenam, Blandine Pinette-Fontaine, 68 ans. Cette dernière est décédée des suites de blessures importantes au niveau de l’abdomen.

Selon le BST, les blessures «ont possiblement été causées par la ceinture sous-abdominale incorrectement ajustée au moment de l’impact». Le bureau de sécurité rappelle que «si les occupants ne portent pas correctement leur ceinture de sécurité lors d’un vol, il y a un risque accru de blessures graves ou de décès advenant un accident».

Le matin du 2 septembre 2015, l’entreprise Héli-Nord devait effectuer un vol à partir de l’aéroport de Sept-Îles pour se rendre à deux passes migratoires sur la Moisie et la Nipissis. Deux hélicoptères ont été mis à contribution pour voyager les sept passagers. Le premier appareil s’est posé sans heurts près d’un camp de la Nipissis.

Le chef-pilote, qui était aux commandes du premier appareil, s’était placé sur le rocher pour guider son collègue qui devait atterrir ensuite. Mais le Bell 206B, à quelques pieds du sol, a amorcé une «rotation intempestive» pour s’écraser «lourdement» du côté droit sur la roche, vers 9h40. L’équipage du premier hélicoptère leur est venu en aide.

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