Possibles économies de 400 millions pour Alderon

Par Fanny Lévesque 1 mars 2017
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La minière Alderon Iron Ore Corp. parviendrait à retrancher 400 millions $ de son projet Kami en utilisant les infrastructures de la Société ferroviaire et portuaire de Pointe-Noire et si elle parvient à faire de la vieille mine Scully son dépôt à résidus miniers.

La société canadienne sait maintenant qu’elle aura à réunir un peu moins de 900 millions $ pour espérer démarrer son projet minier Kami au Labrador, dont les coûts estimés en 2012 avoisinaient 1,3 milliard $. Alderon tient ses chiffres de son «évaluation économique préliminaire» commandée à la firme BBA en octobre et rendue publique mardi par l’entreprise.

La minière, peu active depuis la débâcle du fer, a choisi de redéfinir ses visées à l’automne depuis que le prix de la tonne de fer semble se redresser et surtout, depuis que Cliffs Natural Resources ait tiré un trait sur ses activités au Québec et au Labrador. Alderon a dans ses cartons d’utiliser la fosse de la mine Scully, voisine de Kami, pour en faire son dépôt à résidus miniers.

«Nous ne pouvons rien faire tant que le processus (légal de Cliffs) n’est pas clôt (…) Il faut que le tribunal ordonne la fin des procédures pour que nous puissions débuter nos négociations», a expliqué au Journal le président et chef de la direction d’Alderon, Mark Morabito. Selon lui, il y a fort à parier que le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador se retrouve avec le dépôt Scully avec qui il entend en négocier “l’accès”.

Même si des joueurs seraient en lice pour l’acquérir, Alderon ne croit pas que Scully, qui date de 50 ans, puisse être redémarrée puisqu’elle “est épuisée de ses réserves”, estime la minière. La société confirme elle-même avoir tenté de faire une proposition dans le cadre de la restructuration légale de Cliffs Natural Resources mais que le contrôleur n’acceptait “que des offres touchant l’ensemble” du site.

La minière espère d’ailleurs avoir l’autorisation prochaine d’accéder au site pour mener une étude de faisabilité complète et détaillée avec «la composante Scully».

Transaction saluée à Pointe-Noire

«C’est un énorme avantage», s’est réjoui Mark Morabito, citant l’arrivée de l’État aux commandes des installations stratégiques de Pointe-Noire. Québec a profité il y a un an, de la restructuration légale de Cliffs pour acheter les équipements miniers ouvrant la baie de Sept-Îles aux expéditions.

«Nos coûts d’opération vont augmenter un peu parce que nous utiliserons les actifs, mais ça fait beaucoup plus de sens d’ajouter quelques dollars par tonne expédiée que de dépenser des centaines de millions pour mettre en place nos équipements», a-t-il illustré. À l’époque, Alderon prévoyait investir 200 millions pour s’installer à Pointe-Noire en plus d’allonger 20 millions $ dans le quai multiusager.

Bons prix

L’analyse de la société canadienne a été réalisée avec l’hypothèse d’un prix du marché autour de 70$ (US) la tonne de fer alors qu’elle se négocie pour l’heure à quelque 90$. «Ce que nous avons aujourd’hui, ce sont des opérations profitables», assure le patron. De plus, les tonnes de Kami profiteront d’une prime pour leur haute teneur en fer.

La totalité de future production d’Alderon est déjà prévendue à l’aciériste chinois Hesteel, partenaire du projet à la hauteur de 25% et à une filiale de Glencore. La société espère extraire 8 millions de tonnes de minerai par année pendant 24 ans. Pour ouvrir la mine, Alderon estime qu’il lui faudra 29 mois de travaux.

Le dernier délai accordé à Cliffs Natural Resources pour clore sa restructuration légale a été accordé en janvier jusqu’en juin. Le géant américain a placé ses actifs sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers en janvier 2015.

 

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