La Romaine: Hydro autorise la présence de représentants à la prévention

Par Fanny Lévesque 9 février 2017
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Romaine

Chantier Romaine (Photo : Hydro-Québec)

Dans la foulée de la mort de Luc Arpin en décembre, le quatrième décès à survenir à La Romaine, Hydro-Québec accepte que des représentants nommés par les syndicats agissent en matière de santé et sécurité au travail sur le vaste chantier de 7,2 milliards $.

Une «décision conjointe» a été prise entre la société d’État, les syndicats et la Commission des normes, de l’équité et de la santé et sécurité au travail (CNESST) à la lumière de discussions entre décembre et janvier, après la mort du travailleur des Escoumins, dont le corps est resté prisonnier des décombres de l’effondrement d’une paroi rocheuse pendant deux semaines à La Romaine-4.

Trois «représentants syndicaux à la prévention» font ainsi leur entrée au chantier hydroélectrique pour se dédier «à temps plein» à la santé et sécurité au travail. «Il n’y en avait sur aucun chantier d’Hydro-Québec», a souligné le directeur général de la FTQ-Construction, Yves Ouellet. «De là, l’importance du geste qui vient d’être posé». La FTQ a nommé Jean-Yves Noël, un travailleur qui oeuvre dans le milieu depuis 1974.

Selon la centrale syndicale, qui représente le trois quarts des travailleurs à La Romaine, la décision de la société d’État vient d’assurer une nouvelle «présence qui change la donne» en offrant par exemple plus de liberté aux travailleurs qui souhaitent montrer du doigt les pratiques de sous-traitants, qui peuvent être leur employeur, ou même d’Hydro-Québec. “Ça fait aussi quelqu’un à temps plein, à regarder et s’assurer le plus possible qu’il n’y ait pas de danger pour les travailleurs”.

La FTQ-Construction rappelle d’ailleurs que le «débat» n’est pas nouveau et qu’elle cherche «depuis longtemps» à rendre obligatoire le travail de ce genre de représentants sur les chantiers de construction québécois. La Loi sur la santé et sécurité au travail en fait d’ailleurs mention, mais les articles les concernant ne sont pas en vigueur.

«On se bat pour promulguer les règlements depuis des années», a soutenu M. Ouellet. «C’est une des clés pour aider à la prévention sur les chantiers». En ce sens, la FTQ, qui salue la décision d’Hydro-Québec, espère néanmoins qu’elle deviendra «une norme» appliquée à l’ensemble des travaux de la société d’État.

Ce à quoi Hydro-Québec ne ferme pas la porte, expliquant que les «discussions se poursuivent avec les syndicats» pour intégrer des représentants à la prévention «sur des chantiers de grande importance». Pour l’heure, Hydro compte sept conseillers en santé et sécurité à La Romaine, en plus de ceux à l’emploi des entrepreneurs.  “On a tout le temps dit qu’Hydro-Québec était un leader au Québec. Je pense que s’il y en a un qui doit donner l’exemple, c’est lui”, lance M. Ouellet.

Pour une enquête publique

L’ouverture de société d’État n’influence pas cependant la position de la FTQ qui continue de réclamer une enquête publique pour faire la lumière sur les pratiques d’Hydro-Québec. «C’est pas parce que tu mets des représentants en prévention que ça règle tout d’un coup. On veut savoir ce qui s’est passé», a réaffirmé le directeur général.

Ce que veut aussi le Parti québécois. Mercredi, le gouvernement a rejeté leur proposition d’entendre en commission parlementaire Hydro et la CNESST. «On ne demandait que trois, quatre heures pour poser des questions et essayer de comprendre», a déploré le député de Rimouski, Harold Lebel, en point de presse, en compagnie de la députée de Duplessis, Lorraine Richard et du porte-parole en matière de travail, Marc Bourcier.

Après le décès de Luc Arpin à La Romaine-4, Hydro-Québec a mis sur pied un comité spécial et mandaté une firme externe pour réviser l’entièreté de ses pratiques de santé et sécurité. Les travaux spécifiquement sur les lieux du drame sont d’ailleurs toujours suspendus au chantier, en activité depuis 2009.

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