Redressement du fer: La mine Scully dans la mire

Par Fanny Lévesque 1 février 2017
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Tacora Resources

La mine Scully, près de Wabush, au Labrador

Trois groupes ont dans la mire la mine Scully au Labrador. Les installations minières de Wabush n’ont toujours pas trouvé preneur dans la foulée de la restructuration légale de Cliffs Natural Resources, amorcée il y a maintenant deux ans. Mais l’embelli du fer pourrait changer la donne.

Le contrôleur, qui supervise la liquidation des actifs de Cliffs, a informé le tribunal qu’il «discute» avec «trois parties» qui «ont exprimé leur intérêt pour l’acquisition de mine Wabush (Scully)». À la lumière des documents consultés, on apprend que la minière et le contrôleur «ont déterminé qu’il était approprié de continuer d’explorer une potentielle transaction avec chacune de ces parties».

C’est connu que MFC Industrial, une société d’investissements qui possédait des intérêts dans le fonds minier de Scully, est en lice pour l’achat. Par contre, un joueur s’est aussi manifesté tard en octobre et un autre, qui faisait partie d’un groupe intéressé, a choisi en janvier d’engager une négociation «séparément». Tous ont eu accès à une foule d’informations sur la mine Scully et ses équipements.

Impossible de connaître les plans de ces sociétés, ce qu’elles visent ou ce qu’elles souhaitent réellement acquérir du vaste site minier. «Je pense que c’est vraiment plus le potentiel des résidus qui est examiné que la réouverture pure et simple de la mine», avance l’avocat Luc Dion, qui était président de Développement économique Sept-Îles à l’heure où Cliffs s’est placé sous la protection de la loi.

«Il reste des tonnes et des tonnes de résidus miniers dans lesquelles il y a des unités de fer déjà concentrées (…) Il existe aujourd’hui des technologies pour aller récupérer ce fer-là, donc il y aurait un potentiel intéressant surtout quand le marché du fer a un niveau concurrentiel», explique-t-il, rappelant la qualité du produit de la fosse du Labrador, qui bénéficie même d’une prime sur le prix de vente.

Par ailleurs, la remontée du marché du fer change le contexte. La tonne se négocie actuellement autour de 80 dollars, presque le double qu’en janvier 2016. «Il y a une conjoncture qui est particulière, le fer semble reprendre de la force, ça fait en sorte que ce qui avait été évalué pour les actifs restants de Wabush peut, peut-être, redevenir d’actualité», estime Me Dion.

Les effets d’une éventuelle reprise à Wabush, peu importe leur ampleur, seront ressentis jusqu’à Sept-Îles. «(Des activités à Scully) auraient un impact majeur pour la région», soutient Luc Dion. «Notre tissu de PME est bâti pour soutenir l’industrie minière», ajoute l’avocat qui évalue que les entreprises de Sept-Îles et Port-Cartier «ont un avantage concurrentiel» avec leurs «connaissances» du secteur.

L’arrivée d’un nouveau propriétaire à Wabush combiné à celui de l’État et Champion «vient aussi diluer le risque sur les épaules» des PME. Québec, on le sait, a acheté les actifs stratégiques de Pointe-Noire pour 66,75 millions $, d’où est expédiée la production, et Champion Iron Mines a mis la main sur la jeune mine du lac Bloom à Fermont pour 10,5 millions $.

Nouveau délai

Lundi, la Cour supérieure a octroyé un nouveau délai au contrôleur de Cliffs, cette fois jusqu’au 30 juin, le temps de «conclure» différentes transactions et pour arriver à une proposition aux créanciers. Un autre sursis «raisonnables» selon Me Dion, dans le contexte où notamment «des millions», «des retraités» et différentes «ententes» sont en cause.

«Il reste quand même que ce n’est pas un dossier qui est sur les tablettes. Ça bouge pratiquement toutes les semaines», dit-il. «Je ne pense pas qu’on est à quatre mois près, quand on regarde la grosseur du navire et comment les choses se sont déroulées. Malgré tout, dans notre malheur, il y a eu des événements heureux».

La mise en veilleuse de la mine Scully au début 2014, quelques mois avant que Cliffs n’arrête ses activités, a renvoyé à la maison quelque 400 employés au Labrador.