Attentat à Québec: «On n’est pas seul»

Par Fanny Lévesque 30 janvier 2017
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La Ville de Sept-Îles a mis en berne ses drapeaux en solidarité à la communauté musulmane.

«Ça m’a fait du bien de me rendre compte qu’on n’est pas seul». Au bout du fil, l’étudiant du Cégep de Sept-Îles, Kais Ouaret, de confession musulmane, parvient à trouver du réconfort dans la réaction généralisée des Québécois, qui ont fortement condamné l’attentat dans une mosquée de Québec, dimanche. Le drame a fait six morts et blessé huit personnes.

«Ce qui me fait plaisir, me fait chaud au cœur, c’est de voir tous ces gens défendre notre cause», a poursuivi le jeune homme de 19 ans, qui a jeté l’ancre à Sept-Îles en août, pour y mener des études en comptabilité. Tôt lundi matin, l’étudiant a néanmoins eu à rassurer sa famille qui habite Lyon, en France. «Ça ne change en rien ma vision du Québec, ça reste un très beau pays», a-t-il indiqué.

Kais Ouaret s’est dit «choqué» des événements de Sainte-Foy, où au moins un homme a semé la terreur en s’introduisant dans la grande mosquée pour tirer sur les fidèles, qui venaient de terminer la prière du soir, un peu après 20 heures. «Ça peut arriver n’importe où, n’importe quand, mais je ne m’attendais pas à ce que ça arrive ici», a confié l’étudiant.

«(Le Canada) c’est un pays qui accepte tout le monde qu’on soit blanc, noir ou jaune. Il n’y aucune inégalité dans ce pays, c’est très ouvert et c’est ce qui m’a attiré ici», ajoute-t-il. Kais Ouaret, qui fréquente à l’occasion le centre culturel musulman de la Côte-Nord à Sept-Îles, affirme sentir cette même ouverture à Sept-Îles et au collège. «Il y a de tout à Sept-Îles».

Ne pas céder à la peur

Kais Ouaret n’a pas l’intention de céder à la peur et lance un message rassembleur. «Ça ne sert à rien d’avoir peur parce qu’on ne sait jamais ce qu’il peut arriver. En un claquement de doigts, on peut disparaître. Il faut rester solidaire, il ne faut pas faire d’amalgames. Il faut rester ensemble pour combattre ces terroristes», martèle le jeune adulte.

«Ma religion m’interdit de tuer, d’avoir quelconque violence. Elle véhicule la paix», soutient l’étudiant, qui invite ceux qui la craignent ou entretiennent des préjugés «à s’informer auprès des sages ou des pratiquants» pour éviter la circulation de fausses idées.

«Jour sombre» 

Le maire de Sept-Îles a qualifié dimanche «de jour sombre pour le Québec» en réaffirmant que la Ville était solidaire de la communauté musulmane. «C’est un jour sombre pour le Québec, qui se veut pourtant une terre d’accueil pour les gens de toute origine et appartenance religieuse», a déclaré M. Porlier, qui «demeure convaincu que ce sont des effets collatéraux» de l’élection aux États-Unis.

«Est-ce le fruit du hasard ou est-ce qu’on peut faire certains rapprochements, on va surement le savoir», explique Réjean Porlier. «Mais, c’est inquiétait de voir le discours de fermeture prendre autant d’espace et de stigmatisme, il y a les bons et les méchants maintenant, on entend de plus en plus ce discours-là et c’est inquiétant». La Ville de Sept-Îles a aussi ses drapeaux en berne lundi.

Une présence policière était assuré près du centre culturel musulman de la Côte-Nord.

Une présence policière était assuré près du centre culturel musulman de la Côte-Nord.

Vendredi, le président américain Donald Trump a interdit l’accès aux États-Unis aux citoyens de sept pays musulmans, a rappelé le maire Porlier. «D’avoir quelqu’un qui a un discours raciste, homophobe, sexiste et qui le propage (…)», a déploré Réjean Porlier. «Il est de notre responsabilité à tous et chacun de faire contrepoids à ces discours haineux, par une attitude d’ouverture et de respect».

La députée de Duplessis, Lorraine Richard, a réagi sur sa page Facebook, lundi matin. «Toutes mes pensées accompagnent les victimes de l’attentat de Québec et leurs proches. Je suis complètement bouleversée (…) Un attentat aussi ignoble dans notre Capitale… C’est un acte barbare que je dénonce de toutes mes forces. Ensemble, unissons-nous pour dénoncer cette violence gratuite et insensée», a-t-elle écrit.

La députée du Bloc québécois a aussi dénoncé les gestes posés dimanche. «Je suis de tout cœur avec les victimes et leurs proches, la communauté musulmane et les Québécois. À l’intolérance et à la l’ignorance, nous devons répondre par l’accueil et par l’empathie, par ce que les humains ont de meilleur en chacun d’eux : l’amour», a-t-elle déclaré.

Le centre culturel musulman de la Côte-Nord n’a pas retourné nos appels lundi. L’établissement de la rue Brochu a été la cible d’actes de vandalisme au cours des derniers mois. En décembre, le bâtiment a été le théâtre d’un incendie suspect. Un homme de 48 ans a d’ailleurs été arrêté. En octobre, l’intérieur a été saccagé par un individu en état d’ébriété, mais il ne s’agissait pas «d’un crime haineux» avait conclu la Sûreté du Québec.

 

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