Les défis de l’achat local à l’ère du web

Par Éditions Nordiques 7 Décembre 2016
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Le consommateur est aujourd’hui un Internaute ce qui pose des défis aux commerçants locaux qui sont maintenant en compétition avec le reste de la planète. Le temps presse selon le chroniqueur techno François Charron, pour qui les commerçants ont raté le virage web. Pour sa part, le plus vieux commerce en ville toujours en activité, Armand Charette, privilégie le service «un à un plutôt qu’avec une machine».

Les commerçants locaux ont raté le virage web selon François Charron

Le chroniqueur techno François Charron s’inquiète de la pérennité de nombreux commerçants locaux puisque le consommateur ne les trouve pas lorsqu’ils recherchent un produit sur le web. Selon lui, sans site transactionnel, ces commerces ne sont qu’un «showroom» pour le consommateur-internaute.

«Je ne pense pas qu’on réalise l’ampleur de ce qui est en train de se passer présentement», a mentionné François Charron, le 28 novembre, quelques heures avant de présenter à des gens d’affaires sa plateforme pour créer un site transactionnel. Le célèbre chroniqueur techno explique que la Chambre de commerce de Sept-Îles fait fausse route avec la campagne d’achat local qu’elle diffuse ces jours-ci. «On chiale encore après les clients pour les faire sentir cheap. Le monde a changé et c’est aux entrepreneurs de s’adapter», explique-t-il.

«On chiale encore après les clients pour les faire sentir cheap. Le monde a changé et c’est aux entrepreneurs de s’adapter», explique François Charron.

La façon de consommer a changé depuis l’arrivée du web et des téléphones intelligents. Les commerces sont maintenant avant tout «des showrooms». «Je vais au magasin pour voir, toucher, poser des questions. Je retourne chez moi et j’ouvre Google. Mais si toi, tu n’es pas là (sur le web), t’auras juste servi de showroom pour que j’achète dans une boutique en ligne. Si tu n’es pas là dans Google quand je magasine, bien je ne te trouverai pas», illustre M. Charron.

Préjugés

«Je pense qu’il faut qu’on arrête de taper sur les doigts des consommateurs et qu’on éduque nos marchands. Avoir une boutique en ligne, c’est ramener la clientèle locale dans ton commerce», mentionne François Charron. Selon lui,

Le chroniqueur techno François Charron croit qu’il est indispensable pour les commerçants locaux d’avoir une présence en ligne.

Le chroniqueur techno François Charron croit qu’il est indispensable pour les commerçants locaux d’avoir une présence en ligne.

plusieurs préjugés persistent sur les boutiques en ligne. «La compétition n’est pas plus forte sur Internet. La compétition est plus forte à cause d’Internet», constate-t-il. Avec la démocratisation des outils en ligne, François Charron affirme qu’il est faux de croire que ça coûte cher et qu’il faut des connaissances pointues pour créer et gérer un site transactionnel.

Mais la création d’une boutique en ligne amène aussi des défis. «Même si tu as une boutique en ligne, je vais le voir que tu vends tes produits vraiment trop chers. Il faut que les entrepreneurs baissent leur marge bénéficiaire. Ils n’ont pas le choix», avertit M. Charron. «Si c’est plus cher, je ne serai pas empreint d’un désir d’encourager l’économie locale», indique-t-il.

Une voie de secours pour les commerçants locaux indépendants, selon François Charron, est la spécialisation, ce que leur permettrait de s’ouvrir aux marchés extérieurs grâce au web. «Une fois en ligne, tu as la planète au bout de ta main», illustre-t-il.


8 milliards $ : Achat en ligne des Québécois par année

71% : Nombre de Québécois qui «google» un produit dans un magasin

64% : Nombre de Québécois qui préfèrent acheter localement (en baisse ces dernières années)

3 sur 4 : Nombre de dollars qui sort de la province par l’achat en ligne

Source : Conseil québécois du commerce de détail


Les habitudes des consommateurs changent rapidement

Alors que les habitudes de consommation des clients changeaient auparavant aux 10 ans, les changements se font maintenant aux deux ou trois ans, constate Armand Charette jr qui travaille à la mercerie fondée par son père depuis qu’il a 11 ans.

«La façon que le monde magasine a changé. On voyait le changement arriver tous les dix ans avant, après à tous les cinq ans, mais maintenant, on le voit au deux ou trois ans, aussi rapidement que ça», mentionne Armand Charette fils. «On le voit du monde qui sont en magasin et sont sur leur téléphone en même temps. On en voit qui prennent une photo et qui partent», mentionne-t-il.

Armand Charette fils.

Armand Charette fils.

«C’est un peu frustrant, mais il y a des endroits où il faut payer 5$ ou 10$ pour essayer. Tu es remboursé si tu achètes. Si tu n’achètes pas, tu n’es pas remboursé. Parce que le monde entre en magasin, essaye et achète par Internet pour sauver 50 cents ou 1$», explique M. Charette.

Le commerçant est conscient de la compétition que lui occasionne l’achat en ligne, mais il se questionne à savoir si une boutique en ligne serait payante dans son cas. «Ce n’est pas nécessairement payant. Le chiffre d’affaires sur Internet n’est pas nécessairement assez gros pour justifier les personnes engagées pour mettre à jour tes produits où les mettre en ligne. Pour nous, il faudrait attitrer une personne presque à temps plein pour ça, ce qui représente un salaire de plus», illustre M. Charette.

Pour contrer cette compétition, il mise sur un service «un à un plutôt qu’avec une machine». Armand Charette offre aussi plus de services qu’auparavant, par exemple avec une couturière sur place à temps plein. Il mise aussi sur un service rapide, alors qu’un client d’une boutique en ligne doit retourner ses vêtements par la poste pour remplacer une pièce qui ne fait pas.

Au-delà de cela, Armand Charette prône l’achat local. En plus de créer des emplois, les commerces de proximité sont donateurs de plusieurs organismes en ville. «Moins on a d’achats locaux, moins on peut supporter ces organismes-là».

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