Benoît Bouthillette: Les confidences d’un amoureux du polar

Par Éditions Nordiques 2 Décembre 2016
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Même si l’écriture demeure un geste solitaire, Benoît Bouthillette accorde une très grande importance aux échanges. Il considère essentiel d’obtenir un regard extérieur sur ce qu’il fait

De passage sur la Côte-Nord pour offrir un atelier d’écriture, les 3 et 4 décembre à la Bibliothèque Alice-Lane, Benoît Bouthillette est considéré par plusieurs acteurs du milieu littéraire québécois comme une figure marquante du polar depuis la publication de son roman «La trace de l’escargot». Par ces rencontres, il espère réussir à communiquer sa passion pour ce style littéraire à des auteurs aguerris ou débutants.

Cet intérêt pour le polar s’est surtout manifesté tardivement pour Benoît Bouthillette. «J’ai commencé à lire très jeune. J’ai débuté avec des romans d’adulte, des classiques de la littérature française et québécoise. Au début de la trentaine, je suis tombé sur le roman de Daniel Pennac, La petite marchande de prose et j’ai eu une véritable révélation. J’ai vu là une très grande liberté qui m’a plu», soutient-il.

Un genre littéraire qu’il apprécie en raison du fait qu’il offre l’opportunité à l’auteur de tracer un portrait assez juste et exhaustif d’une société sous fond d’intrigues policières. «C’est un roman qui a une vocation sociale. On peut se permettre d’être plus exigeant envers les lecteurs si, en échange, on leur donne une bonne histoire, avance-t-il. C’est cet acte qui m’intéresse dans le roman policier.»

Il croit sincèrement que la popularité du polar s’explique par le fait qu’il confronte les lecteurs à la mort. «Ça nous prépare aussi à notre propre mort. Quand tu lis une quête de justice, ça t’apaise comme citoyen. Tu te retrouves en contact avec des personnages qui ont une quête de justice sociale et qui essaient de donner un réel sens à leur vie, indique-t-il. C’est le traditionnel combat du bien et du mal avec certaines nuances.»

Une collaboration marquante

À titre de directeur littéraire, Benoît Bouthillette a le plaisir de collaborer étroitement avec Martin Michaud, l’un des meilleurs auteurs de romans policiers au Québec en ce moment. L’un de ses livres «Je me souviens» faisant présentement l’objet d’une adaptation au cinéma. «Quand j’ai accepté ce rôle, ma condition était que l’on essaie de devenir ami, confie-t-il. J’étais conscient qu’on ne pouvait pas se le promettre. Ça s’est fait progressivement. Aujourd’hui, on a une belle complicité. J’en suis à le considérer comme un frère.»

Un rôle auquel il accorde beaucoup d’importance puisqu’il demeure convaincu des multiples bienfaits pour les auteurs d’avoir un regard extérieur sur leur travail. «C’est nécessaire. Ça nous aide à prendre un certain recul. Ça nous donne des pistes intéressantes à suivre. Cette collaboration m’a poussée à écrire L’heure sans ombre (son plus récent roman publié à l’automne 2015 chez Druide), enchaîne-t-il. Contrairement à Martin (Michaud), je n’ai pas l’intention de devenir une figure de proue.»

Contrairement à plusieurs de ses pairs, Benoît Bouthillette demeure convaincu que l’écriture n’a rien d’un acte égoïste. «Je ne me donne aucune importance à titre d’auteur. J’écris pour faire part de mes préoccupations. C’est ce que j’essaie de transmettre dans mes livres. Quand ça se transmet bel et bien aux lecteurs, je considère que c’est réussi, renchérit-il. C’est le cas avec mon plus récent roman. Écrire est un besoin vital pour moi. Je me lève tous les jours avant l’aube pour le faire. C’est ce que je sais faire le mieux.»

Des échanges constructifs

Très actif au sein du Réseau Biblio, l’auteur apprécie au plus haut point les opportunités qui lui sont offertes d’aller à la rencontre de gens avec qui ils partagent une passion commune pour l’écriture. Des ateliers qu’il anime qui donnent lieu à des rencontres qu’il n’hésite pas à qualifier d’enrichissantes. «Je ne le fais pas pour donner un bagage théorique, insiste-t-il. Je m’assois avec les gens et je vais témoigner de ma manière de procéder. Le but premier est l’échange, le partage des expériences.»

Par sa présence, il espère réussir à donner un élan créatif à ces auteurs aguerris ou débutants avec lesquels il aura la chance d’interagir. «Je vais les interroger sur une partie de leur texte. On a tous une coquille de verre en nous. Je me donne pour mandat de la fendiller pour que l’esprit puisse adopter un autre chemin. Ce ne sera pas un acte individuel isolé. Il faut dédramatiser le processus d’écriture. Une phrase n’est qu’une réponse à une question. Elle peut être simple», affirme-t-il.

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