Traumatisme cranio-cérébral: Une problématique de santé parfois sournoise

Par Éditions Nordiques 9 novembre 2016
Temps de lecture :

Andrée Martin éprouve une réelle affection pour son père qu’elle a accompagné à la suite de son TCC.

Connue à titre de journaliste à TVA Québec, Andrée Martin est aussi la fille d’un père qui a subi un traumatisme cranio-cérébral (TCC) sévère, alors qu’elle avait seize ans. Une expérience qui l’a marquée profondément et qui fait en sorte qu’elle est aujourd’hui reconnaissante du soutien qu’elle et sa famille ont obtenu pour réussir à traverser cette terrible épreuve.

Andrée Martin a agi cette année à titre de porte-parole de la Semaine québécoise des traumatisés crâniens. Elle a accepté de revenir sur cette époque de sa vie en entrevue au Journal. Alors qu’il s’entraînait pour participer au triathlon de Port-Cartier, le 10 juin 1997, Réal Martin a été victime d’un très grave accident de vélo sur la côte de la rue Gagnon à quelques pas de son domicile alors qu’il y a eu collision avec un véhicule.

À la suite de cet accident, Andrée Martin se souvient que sa mère a dû reprendre son emploi puisque la famille devait composer avec un revenu en moins durant toute cette période. «À ce moment-là, mon frère s’en allait à l’Université. J’étudiais en sports-études. Mon autre sœur était au primaire. Tout ça représente d’importants déboursés», soulève-t-elle.

Des séquelles peu visibles

Même si M. Martin conserve aujourd’hui très peu de séquelles du TCC qui en a découlé, son père a vu sa vie bouleversée à jamais. À ce moment-là, elle habitait à Québec, là où son père a été hospitalisé à l’Hôpital Enfant-Jésus. «Il a été dans le coma pendant un mois. À son réveil, il faisait beaucoup d’amnésie. Il était confus. Il a fait de la réadaptation durant sept mois. Il n’a plus d’odorat. Il était aussi très émotif. Il a eu une paralysie du côté gauche. Même s’il a réappris à marcher, il boite encore aujourd’hui», explique-t-elle.

La journaliste indique que les personnes qui croisent son père dans la rue, en ce moment, ont souvent peine à croire qu’il a subi un TCC sévère. «Ça fait maintenant 20 ans. Il a réussi à revenir très près de ce qu’il était auparavant. De mon côté, il m’est difficile de l’imaginer avant cet accident, soutient-elle. Je l’ai surtout connu dans cette condition, souligne-t-elle. Le fait d’avoir été à ses côtés à ce moment fatidique a fait en sorte que nos liens se sont renforcés. Je me souviens qu’il était désolé de devoir quitter Québec, car il allait manquer mon anniversaire.»

Un handicap que plusieurs personnes n’hésitent pas à qualifier de «fantôme». «Tout se passe dans le cerveau. Ce n’est pas toujours si apparent, bien au contraire. Encore à ce jour, les médecins ne comprennent pas pourquoi mon père s’en est aussi bien tiré. Le fait qu’il était actif a sûrement aidé au fait qu’il reprenne du mieux, avance-t-elle. Son cerveau était bien oxygéné au moment de l’accident. Il a aussi toute une force de caractère. Ça l’a bien servi. Il était déterminé à regagner son autonomie.»

Des ressources précieuses

Fait peu courant pour une victime d’un TCC sévère son père a pu récupérer son permis de conduire et reprendre son emploi au service des loisirs de Port-Cartier avant de prendre sa retraite à l’âge de 55 ans. Encore aujourd’hui, il participe très régulièrement aux activités de l’Association des handicapés adultes de la Côte-Nord qui se déroulent sur une base mensuelle à Sept-Îles ou à Port-Cartier. Une ressource importante qui aurait contribué à briser son isolement à une période où sa mobilité était restreinte et ses facultés  moindres.

****

Un lieu de réconfort pour les traumatisés crâniens

Même si les locaux de l’Association des handicapés adultes de la Côte-Nord (AHACN) sont situés à Baie-Comeau, l’organisme demeure actif dans la MRC de Sept-Rivières par l’organisation d’activités ponctuelles auxquelles les traumatisés crâniens sont conviés. Une aide précieuse qui fournit un moment de répit à leurs proches et qui contribue à briser leur isolement.

Étant donné qu’elle ne dispose pas de locaux à Sept-Îles et à Port-Cartier, l’équipe de l’AHACN organise surtout des activités à même les ressources de la communauté. «Ce sont très souvent des activités sociales qui peuvent prennent la forme de causerie. Notre objectif est de leur permettre de rencontrer des gens qui vivent la même réalité qu’eux. Ce sont des moments d’échange qu’ils apprécient vraiment», lance sa directrice générale, Stéphanie Jourdain.

Les personnes qui utilisent ces services ont été victimes d’un TCC de modéré à sévère à la suite d’un accident de voiture, de sport et même d’une agression. «Par nos différentes activités, on cherche à les aider à maintenir un mode de vie actif. On essaie aussi de stimuler leur cerveau, enchaîne-t-elle. On veut leur  permettre de conserver leur autonomie le plus longtemps possible si tel est le cas.»

Parmi les activités à venir dans la MRC de Sept-Rivières, on fait mention d’un dîner de Noël, le 7 décembre. Il est possible d’obtenir plus d’informations sur l’AHACN au www.ahacn.org ou 1 888-589-2393. Selon la demande, l’organisme n’exclut pas de tenir des activités sur une base plus régulière sur cette parcelle du territoire nord-côtier.

Partager cet article