Petite enfance: Inquiétudes pour la perte de vue de «l’essentiel»

Par Fanny Lévesque 19 octobre 2016
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Les commissaires, Martine Desjardins et Pierre Landry, et le président de la Commission sur l’éducation à l’enfance, André Lebon, au centre.

Organismes, groupes et citoyens ont pu exprimer leurs préoccupations mardi devant la Commission sur l’éducation à la petite enfance, qui a ouvert sa tournée québécoise de consultation à Sept-Îles. La lourdeur administrative à laquelle doit se soumettre le secteur public et l’érosion de sa clientèle au profit du privé ont rapidement été déplorées.

«On a perd de vue l’essentiel, qu’on est là pour répondre aux besoins des enfants», a lancé une participante, faisant référence au dédale administratif avec lequel doit jongler les centres de la petite enfance (CPE). «Nous sommes redevables à l’État et c’est bien, mais il doit jouer un rôle de conseiller et non de policier», a renchéri une autre.

En soirée, une vingtaine de citoyens, dont plusieurs membres du réseau, ont échangé sous forme de «discussions encadrées» autour des quatre thèmes à l’examen de la Commission; l’accessibilité, la qualité, la gouvernance et l’universalité des services de garde. «L’essentiel, c’est de vous entendre», a affirmé le président des travaux, André Lebon. Les organismes et groupes ont été entendus en après-midi.

La migration de la clientèle vers le privé a aussi été soulevée. «On arrive à la fin de nos listes», a soutenu un gestionnaire de CPE. Les nouveaux tarifs variables selon les salaires du ménage et le resserrement des règles pour éviter les places «fantômes» désavantagent le secteur public, selon les citoyens. Des responsables en milieu familial subventionné ont également dit avoir de la difficulté à combler les places.

Faire le point

La Commission sur l’éducation à la petite enfance a été chargée par l’Association québécoise des centres de la petite enfance (AQCPE) de faire le point sur les 20 ans de la Politique familiale du Québec. «Est-ce qu’on est où l’on veut être aujourd’hui», interroge M. Lebon, qui est accompagné pour la durée des travaux, des commissaires Martine Desjardins et Pierre Landry.

Le président de la commission défend au passage l’indépendance de la Commission, initiés à la demande de l’AQCPE, qui dénonce publiquement les compressions du gouvernement Couillard dans le milieu des CPE. «Moi et mes collègues, on ne sent aucune pression de l’AQCPE. Au contraire, l’AQCPE veut qu’on fasse une démarche neutre et indépendante et c’est à ces conditions-là qu’on a accepté».

Le mandat des opérations a d’ailleurs été confié à l’Institut du Nouveau Monde, qui anime aussi les discussions lors des consultations citoyennes. En amont, la Commission a écouté une vingtaine d’experts, dont Camil Bouchard, et économistes du Québec et ailleurs «pour se mettre à jour» sur les récentes études sur la petite enfance.

Les commissaires doivent s’arrêter dans 13 autres villes avant de tenir, les 5 et 6 décembre, des audiences publiques pendant lequel les «grandes organisations nationales» seront entendues. Le rapport et les recommandations doivent être livrés à l’AQCPE au 1er février. Le ministre de l’Éducation et de la Famille, Sébastien Proulx, a d’ailleurs déjà promis d’y jeter un œil.

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