Wabush 3 reporté en raison d’une performance inférieure aux attentes

Par Éditions Nordiques 24 août 2016
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Rio Tinto IOC reporte une fois de plus le développement du projet Wabush 3 en raison «de préoccupations causées par une performance inférieure aux attentes». Le patron s’inquiète aussi d’un grand nombre «d’accidents potentiellement mortels» dans les dernières semaines.

Dans un mémo envoyé le 17 août à ses employés, le président et chef de la direction de la minière, Kelly Sanders, a expliqué la décision de retarder le développement de Wabush 3 pour que «toute l’attention (soit) portée sur le besoin d’atteindre les taux de production à un coût adéquat».

Encouragés par l’amélioration de la performance de la société en 2015, les actionnaires d’IOC avaient appuyé le projet Wabush 3 qui permettrait «de prolonger considérablement les opérations minières grâce à un faible coefficient de recouvrement de minerai». Wabush 3 permettrait de «donner accès à beaucoup de minerais à un coût d’exploitation relativement attrayant», explique Thierry Martel, chef des opérations Sept-Îles et Labrador City pour IOC.

Cependant, cette «amélioration» n’a pas permis à la minière d’atteindre sa capacité de production de 23 millions de tonnes par année telle qu’il l’était prévue lors des investissements de 2,2 milliards $ engagées de 2009 à 2013.

Besoin de constance

Kelly Sanders affirme qu’IOC a été en mesure d’atteindre ce rythme de production «pendant de courtes périodes», mais jamais «de manière constante». La production des premier et deuxième trimestres de 2016 a été inférieure aux prévisions.

La minière n’a donc pas produit «la capacité exigée pour obtenir le rendement du capital investi au cours des années précédentes». Selon M. Sanders, IOC «a prouvé sa capacité» d’atteindre ses cibles de production, mais doit «gagner davantage en crédibilité en offrant une performance plus constante».

«On comprend très bien les facteurs clés du succès lorsqu’on produit à notre objectif pour de courtes périodes. On parle de 10 jours», explique Thierry Martel. L’objectif est maintenant d’atteindre ce rythme pour 30 à 60 jours et de poursuivre par la suite, explique M. Martel.

La minière a aussi engagé pour la première fois une soixantaine d’étudiants et conclu une entente avec les Métallos pour engager des travailleurs temporaires durant la période estivale. L’objectif est de maintenir la capacité de production, malgré le départ de travailleurs en vacances.

Plusieurs accidents

Dans ce mémo, Kelly Sanders a aussi insisté sur l’importance «de nous recentrer et de redresser la situation» sur le plan de la sécurité. Le patron affirme que «plusieurs accidents potentiellement mortels» ont été enregistrés au cours des huit dernières semaines.

Ces accidents impliquant des camions ont soulevé des préoccupations sur «l’utilisation des communications directes» et «l’attention qu’il faut porter aux équipements miniers». Aucun employé n’a été blessé, mais «on ne peut toujours compter sur la chance», avertit M. Sanders.

«On a constaté que dans certains cas, la procédure n’était pas suivie. Faire des investissements de cette nature-là (Wabush 3), ça apporte du changement dans nos opérations. Il faut une certaine rigueur pour bien gérer le changement d’une façon sécuritaire et contrôlée», explique Thierry Martel.

Le projet en bref

Le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador a donné le feu vert environnemental à Rio Tinto IOC, en septembre 2015, pour l’exploitation de la fosse Wabush 3. Kelly Sanders qualifiait alors le projet de «pièce critique» dans les plans futurs de la minière.

La société prévoyait investir au moins 75 millions $ pour exploiter les 744 millions de tonnes de minerai de fer du projet. Rio Tinto IOC prévoyait une mise en service en 2017. La minière avait annoncé son report pour une première fois en mai.

 

Manque d’employés et heures supplémentaires, selon le syndicat

Le représentant syndical des United Steelworkers aux installations de Rio Tinto IOC au Labrador, Euclide Haché, croit que la direction essaie «encore de mettre un certain blâme et une pression sur les employés». Il affirme que les relations sont «tendues» entre les deux parties.

Selon M. Haché, on compte environ 175 employés de moins au Labrador depuis un an en raison de départs non remplacés. «Il manque de personnel pour pouvoir atteindre leur capacité de production», dénonce-t-il, et ce, même si l’employeur a embauché une centaine d’étudiants et des travailleurs temporaires cet été. Euclide Haché dénonce aussi que les employés soient obligés de faire du temps supplémentaire. «Je connais un employé qui a fait 14 shifts en ligne», illustre-t-il. Selon lui, ces facteurs expliquent le manque de constance dans la production et la hausse du nombre d’accidents. «La fatigue entre en ligne de compte d’être forcé de faire de l’overtime, explique M. Haché, et si tu ne te présentes pas au travail, tu dois faire face à des mesures disciplinaires.»

Le représentant mentionne que le syndicat «essaie de trouver des solutions pour améliorer les relations avec l’employeur», mais que celui-ci «ne voit pas ça du même œil». Il explique que les relations sont tendues entre les deux parties, parlant d’une «culture malsaine». La direction «veut faire rouler (la mine) 24 heures sur 24 et les gens sont stressés. Je pense que l’effort devrait venir des deux bords», affirme M. Haché.