Festival Innu Nikamu: Son âme saisie dans un documentaire

Par Éditions Nordiques 12 août 2016
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Un documentaire est en préparation autour du Festival Innu Nikamu. Plus d’une quarantaine d’heures de tournage ont été nécessaires pour en arriver à mettre en images ce grand rassemblement musical qui s’inscrit maintenant dans la tradition.

Kevin Bacon Hervieux fait ses débuts à titre de réalisateur pour le documentaire «Innu Nikamu, la grande tradition». Produit avec un budget de 202 900$, ce film cherche à relater l’histoire de ce grand rassemblement autochtone et à en démontrer son importance dans la communauté de Mani-Utenam.

Impliqué au sein du comité organisateur du Festival Innu Nikamu depuis près de cinq ans, Kevin Bacon Hervieux a voulu montrer sa vision de cet événement. «J’ai ici imaginé une façon de présenter le sujet, un point de vue que je crois aussi partagé par plusieurs de mes pairs. Mon travail de réalisateur consiste à guider mon équipe pour qu’elle puisse capter en images ce que je veux, tout en leur laissant une certaine liberté», avance-t-il.

Il y a un peu plus de deux ans, le jeune réalisateur avait vu passer un concours, soit la bourse au développement documentaire pour la relève autochtone, qui lui offrait l’opportunité de montrer son savoir-faire en matière d’audiovisuel. À ce moment, il n’a pas hésité à soumettre une lettre de motivation avec une courte description de ce projet documentaire et il a gagné. Pour ce faire, il s’est vu attribuer une bourse de 10 000$ pour élaborer les grandes lignes de son scénario afin d’obtenir le feu vert pour entamer la production de ce film.

Un projet de documentaire, d’une durée d’environ 45 minutes, dont le tournage s’est effectué en majeure partie lors de la 32e édition de ce grand rassemblement musical autochtone. «Je savais que ce serait une édition spéciale. J’étais loin de me douter que ce serait la plus grosse de son histoire. Je voulais démontrer le travail colossal effectué par l’équipe. Il y a tout un travail qui s’effectue derrière. C’est dans cette optique que j’ai imaginé le documentaire, il y a quatre ou cinq ans.»

Un portrait de la communauté

Bien au-delà du festival, ce documentaire représente également une opportunité d’aborder la thématique des pensionnats autochtones. «Par honte, les autochtones ont gardé cette période secrète. Il y a eu de nombreuses victimes. Encore aujourd’hui, on en vit les impacts. L’alcoolisme et la violence dans les communautés en découlent à 98%, souligne-t-il. Ça s’est transmis aux générations suivantes. Dans ce film, c’est un élément plutôt anecdotique, mais on réalise très vite son importance.»

Une période sombre durant laquelle certaines traditions autochtones ont failli disparaître. «Les autochtones essaient de renouer avec ce mode de vie traditionnelle. Quelques actions vont dans ce sens. Le Festival Innu Nikamu s’inscrit dans cette lignée. Un processus de guérison est toujours en cours. L’ignorance de certaines personnes à ce sujet me surprend. Ç’a créé la déchéance que l’on connaît dans les communautés», déplore-t-il.

Ce grand rassemblement musical autochtone étant un moyen concret pour la communauté d’exprimer son identité à travers la musique. «C’est une façon de communiquer qui est utilisée autant par les autochtones que par les allochtones, explique-t-il. C’est un langage universel. La musique devient un prétexte pour se rassembler. Chez les autochtones, c’est une tradition de le faire en été. C’est connu.»

Prochaines étapes

Au début septembre, Kevin Bacon Hervieux retournera à Montréal pour effectuer le travail de postproduction de ce documentaire. «Ça représente un bon deux mois de travail. Notre objectif est de le livrer aux diffuseurs à la fin de l’année. La diffusion se fera en 2017 sur APTN et un peu plus tard au Canal D. «Ce sont les deux réseaux de télévision qui parrainent ce projet. Je me mets beaucoup de pression. J’espère être en mesure de rendre ma communauté fière», affirme-t-il.

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