Suicides à Uashat: Deuxième phase des travaux du coroner

Par Fanny Lévesque 27 juin 2016
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L’avocat du conseil Innu Takuaikan Uashat mak Mani-Utenam, Me jean-François Bertrand.

La deuxième phase de l’enquête publique sur la vague de cinq suicides qui a touché Uashat mak Mani-Utenam en 2015 s’est ouverte ce matin au palais de justice de Sept-Îles devant le coroner, Me Bernard Lefrançois.

La seconde partie des travaux fera place à différents intervenants du milieu qui y iront de leurs recommandations pour enrayer la problématique du suicide dans les communautés autochtones.

Une vingtaine d’experts et professionnels seront entendus du 27 au 30 juin, mais aussi des membres issus de la communauté qui disposent d’une vaste expérience terrain. La semaine de travaux prendra fin avec les recommandations des avocats représentant les cinq familles endeuillées par l’un des leurs.

Déjà, le manque criant de ressources matérielles, financières et humaines a point dans l’examen des circonstances entourant la mort volontaire de cinq Innus l’an dernier, le pire bilan en vingt ans.

«Les gouvernements seront interpellés pour le volet des ressources pour qu’ils (Québec et Ottawa) donnent des fonds supplémentaires à la communauté pour faire face à cette crise-là», a soulevé l’avocat du conseil Innu Takuaikan Uashat mak Mani-Utenam, Me Jean-François Bertrand, qui représente également quatre des cinq familles touchées.

«Qu’ils fassent de Uashat mak Mani-Utenam un projet-pilote», suggère-t-il. «Il y a une problématique commune aux communautés autochtones du Québec et du Canada, mais comme l’enquête se concentre ici, bien on va demander à ce qui s’appliquera serve de modèle pour les autres. Mais, il faut que ça commence à Uashat».

Suggestion pour le coroner 

Lundi, une chercheuse du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke et gestionnaire au CIUSSS de l’Estrie a proposé au Bureau du coroner d’encourager ses professionnels à documenter davantage les circonstances d’un suicide au moment de la rédaction de leur rapport, dont «la qualité est variable» à travers la province.

«Il pourrait y avoir une grille commune pour investiguer, questionner les familles» pour mieux cerner les causes du suicide, a mentionné Julie Lane. Selon elle, des «rapports bien documentés» deviennent des «sources d’apprentissage» pour mettre en place de meilleures stratégies d’intervention, collées aux enjeux d’une communauté.

Avec l’Association québécoise de la prévention du suicide et la Commission de la santé et des services sociaux des Premières nations du Québec et du Labrador, la chercheuse planche également sur un projet-pilote, en cours dans quatre nations de la province, dont Mamit Innuat, pour déterminer une «approche globale» de prévention, adaptée aux Autochtones.

Les familles et proches d’Alicia Grace Sandy, 21 ans, de Charles Junior Grégoire-Vollant, 24 ans, de Céline Rock Michel, 30 ans, de Marie-Marthe Grégoire, 46 ans, et de Nadeige Guanish, 18 ans ont pu s’exprimer dans la première phase de l’enquête, du 13 au 17 juin dernier.

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