«Pour avoir un Plan Nord efficace, ça prenait un accès efficace» – Pierre Arcand

Par Fanny Lévesque 8 février 2016
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Les installations de la Société ferroviaire et portuaire de Pointe-Noire.

En mettant la main sur les installations de Cliffs Natural Resources sur la Pointe-Noire, Québec ouvre la porte au déploiement de son Plan Nord en garantissant l’accès à ce secteur stratégique pour le démarrage d’au moins cinq projets miniers estimés à des milliards de dollars.

«Même si ce n’est pas l’habitude du gouvernement d’acheter des terrains, dans ce cas-ci, c’était vraiment une situation unique», a affirmé en entrevue au Journal, le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles et responsable du Plan Nord, Pierre Arcand. «Pour avoir un Plan Nord efficace, ça prenait un accès efficace».

Et cet accès passe par la Pointe-Noire d’où peut être expédiée toute la production des joueurs miniers de la fosse du Labrador, via le quai multiusager du Port de Sept-Îles et le terminal auparavant exploité par Cliffs. «Le Port de Sept-Îles a le potentiel d’être un port presqu’autant occupé que celui de Vancouver, ce n’est pas rien», soulève M. Arcand.

Sauf, que Cliffs Natural Resources enclavait tout le secteur en refusant de permettre l’utilisation de ses infrastructures, dont le chemin de fer Arnaud, le seul qui atteint le quai multiusager, une infrastructure de classe mondiale de 220 millions $, pierre angulaire du Plan Nord.

«C’était un handicap majeur», n’hésite pas de dire le ministre Arcand. Québec a donc profité de l’arrêt des activités du géant Cliffs pour tenter d’acquérir les biens de la Pointe-Noire. La Cour supérieure a autorisé la semaine dernière, la vente des installations pour 66,75 millions $.

«Dans les mauvaises nouvelles, il y a des opportunités, dans ce cas-là, ça était une»

«Dans les mauvaises nouvelles, il y a des opportunités, dans ce cas-là, ça était une», poursuit-il. En donnant accès au secteur, l’État vient donc ouvrir la voie à quatre des cinq minières qui payé la moitié du quai multiusager, et qui planchent toujours sur d’importants projets d’exploitation dans la fosse du Labrador.

Société en commandite

Il y a fort à parier que certains de ces promoteurs miniers s’engageront dans la société en commandite que Québec entend créer, une fois la transaction complétée d’ici le 1er avril. «On discute avec au moins avec deux joueurs», a assuré Pierre Arcand. «Je peux vous dire que Tata (Steel) fait partie du groupe», a-t-il poursuivi.

Tata Steel Minerals Canada s’est d’ailleurs entendue avec Québec à Davos pour poursuivre des investissements de 400 millions $ dans le projet DSO, à Schefferville. La société indienne, qui est déjà en exploitation, devrait être la première cliente du quai multiusager. «Il y en a d’autres qui sont près du moment de vérité», soutient M. Arcand.

Champion Iron Limited s’est pour sa part porté acquéreur de la mine du lac Bloom pour 10,5 millions. La société Alderon poursuit des travaux d’aménagement dans le secteur de Pointe-Noire et New Millennium n’a pas abandonné son important projet Taconite.

«Il y a des entreprises qui sont presque prêtes, qui attendent juste que le marché remonte un peu où d’être capable de produire à des coûts qui vont être compétitifs», affirme M. Arcand. «Quand on va aller voir des investisseurs, on va pouvoir lever cette hypothèque-là (de l’accès), ça vient créer des conditions gagnantes», a-t-il poursuivi.

Être compétitif

Québec espère que son acquisition facilitera le démarrage des projets miniers en permettant aux entreprises de réduire leur coût de production, dans un marché affaibli, devenu «très compétitif». Le ministre Arcand promet d’ailleurs des ententes «raisonnables» pour qu’elles arrivent à tirer leur épingle du jeu.

«L’État n’est pas là pour faire un grand coup d’argent, l’État est là pour assurer une stabilité, qu’il y ait de l’emploi et que le secteur du minerai de fer soit plus actif», explique-t-il. L’acquisition permettra tout de même à Québec de toucher des redevances sur l’utilisation des nouveaux actifs.

Mine Arnaud, propriété à 60% d’Investissement Québec, pourra aussi profiter des installations, si elle parvient à ficeler son projet d’exploiter une mine d’apatite, évalué à 850 millions $. Mine Arnaud avait déjà amorcé des discussions avec Cliffs pour utiliser le chemin de fer Arnaud.

 

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