Un promoteur immobilier souhaite loger 25 familles syriennes à Sept-Îles

Par Éditions Nordiques 3 février 2016
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Le promoteur immobilier Robert Leclair aimerait que Sept-Îles soit la première petite ville à accueillir des réfugiés syriens. Propriétaire de l’Immobilière Joie de Vivre, le résident de Gatineau est enthousiasmé à l’idée d’accueillir 25 familles de réfugiés dans ses logements de Sept-Îles.

Robert Leclair possède 300 unités de logement à Sept-Îles, en plus de ceux qu’il possède à Gatineau, Montréal et en Floride. Touché l’été dernier par la mort du petit Aylan Kurdi sur une plage de Turquie, alors que sa famille tentait de fuir la Syrie, M. Leclair a lu avec intérêt un article du Journal, datant de décembre, rapportant les propos du maire Réjean Porlier lors d’une séance du conseil municipal.

En janvier, Robert Leclair s’est aussi intéressé à un article du quotidien Le Droit d’Ottawa qui mentionne que le gouvernement fédéral «espère que davantage de villes canadiennes accepteront d’accueillir des réfugiés syriens». L’article de La Presse canadienne explique que les villes d’Ottawa, Toronto et Vancouver ont demandé une pause au gouvernement parce qu’ils peinent à fournir à la demande au rythme actuel.

De nouvelles villes recherchées

En ce moment, 36 villes canadiennes participent à l’initiative gouvernementale d’accueillir 25 000 réfugiés parrainés par l’État d’ici la fin de l’année en plus des 10 000 qui bénéficient d’un parrainage privé. Selon l’agence de presse, «le gouvernement fédéral cherche activement de nouvelles villes qui pourraient ouvrir leurs portes aux réfugiés».

Robert Leclair a réservé 25 logements à Sept-Îles pour accueillir des familles de réfugiés. «Le ministère de l’Immigration demande aux petites villes de s’impliquer. À Montréal, ils ne fournissent plus, les réfugiés sont logés dans des hôtels», explique-t-il. «Je pense qu’on est capable d’accueillir 25 familles syriennes. Les gens de Sept-Îles sont des gens à cœur ouvert. Je n’ai aucun doute qu’ils vont les accueillir généreusement», mentionne le promoteur immobilier. «J’aimerais que Sept-Îles soit la première petite ville à accueillir des réfugiés. Je crois que ça pourrait réveiller bien du monde», lance-t-il.

Pourquoi Sept-Îles? Parce qu’il s’agit de la seule petite ville où M. Leclair possède des logements, que le maire a montré publiquement une ouverture et qu’il n’est pas question de tenter une pareille démarche dans ses logements floridiens, a expliqué l’homme d’affaires en faisant référence aux déclarations du candidat à la présidentielle Donald Trump sur les musulmans.

La position de la Ville n’a pas changé

Robert Leclair a pris contact avec le maire Porlier le 11 janvier pour présenter son projet. Il a aussi pris contact avec le ministère de l’Immigration du Québec pour obtenir de l’information sur les démarches à entreprendre. Le promoteur a même pris contact avec un magasin grande surface pour évaluer la possibilité d’obtenir des rabais pour vêtir et meubler les familles qu’ils comptent loger à Sept-Îles.

Pour le maire Réjean Porlier, la position de la Ville n’a pas changé. «Au moment où on se parle, on n’a pas eu de demande. Je n’ai aucun signe qu’il y ait un besoin d’en accueillir à Sept-Îles ou ailleurs. Si on a la demande, on sera prêt à regarder pour faire notre effort», a mentionné le maire.

«On ne fait pas ça pour l’argent»

Questionné à savoir si le promoteur entreprend cette démarche pour remplir ses logements, alors que le marché immobilier a ralenti dans la région, M. Leclair explique qu’il ne s’agit «même pas 10%» de son portfolio à Sept-Îles. «Les logements, on les donne à un escompte incroyable. Ça nous coûterait beaucoup d’argent. On ne fait pas ça pour l’argent, mais pour l’humanitaire. Si ça ne fonctionne pas, on va les louer, mais je suis convaincu que ça va fonctionner. Peut-être que ça va encourager d’autres propriétaires à le faire?», s’est défendu Robert Leclair.

M. Leclair croit même que sa démarche pourrait être bonne pour l’économie de Sept-Îles. «On parle d’une centaine. Ils vont manger, se vêtir. Ils vont s’intégrer rapidement et facilement. Les montants d’argent ne viendront pas de la municipalité, mais de Québec et Ottawa. Et c’est de l’argent qui va être dépensé à Sept-Îles», explique-t-il.

Le promoteur ne croit pas non plus que des réfugiés «voleraient des jobs» à des travailleurs d’ici alors que l’économie est morose. «Premièrement, pour chercher de l’emploi, ce ne sera pas avant deux ans. Ils seront en formation au moins 18 mois, entre autres pour apprendre le français. Il y a 18-24 mois, il y avait une pénurie d’emploi à Sept-Îles. Qu’est-ce que sera l’économie de Sept-Îles dans 18 mois?», se questionne Robert Leclair.

«On demande d’aider des gens qui sont dans une guerre épouvantable. Il y a une différence entre donner pour donner et des gens qui vivent dans la misère», affirme le promoteur.

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