Embauche régionale: Bernard «Rambo» Gauthier lance le Manifeste de la Côte-Nord

Par Fanny Lévesque 20 avril 2015
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Après avoir dénoncé sur nombre de tribunes l’inaction du gouvernement pour l’embauche de la main-d’œuvre régionale sur les grands chantiers, Bernard «Rambo» Gauthier repart en croisade. Cette fois, ses préoccupations sont couchées sur papier, dans le Manifeste de la Côte-Nord.

Le Manifeste de la Côte-Nord, comme est appelé le document de quelques pages, c’est le fruit d’une concertation entre des travailleurs de la construction, des Autochtones et des acteurs du milieu économique, a indiqué le leader syndical, en entrevue au Journal. «Ça fait des mois qu’on travaille là-dessus», ajoute-t-il.

«Va falloir que ça bouge», prévient Bernard Gauthier, qui rappelle qu’un an s’est bientôt écoulé depuis la mise en branle du comité interministériel, chargé d’étudier les recommandations régionales sur la main-d’œuvre dans le secteur industriel et de la construction. «On a été politically correct, mais là, il se passe rien», martèle le représentant syndical.

«La table de concertation régionale, elle était nécessaire», concède-t-il. «On savait aussi que ça allait être long, en politique t’as deux vitesses, lent pis bien lent». Sauf que le temps presse à l’aube de la saison forte dans l’industrie, rappelle «Rambo» Gauthier, qui avance que le quart des quelque 600 opérateurs de machinerie lourde qu’il représente œuvre pour l’heure, sur les chantiers.

Un manifeste plus large
La déclaration écrite fait état de huit exigences formulées au gouvernement québécois. Il y est notamment réclamé que la région bénéficie d’un pourcentage minimal de retombées économiques des chantiers sur son territoire et que le fly-in, fly-out soit pénalisé lorsque des communautés avoisinent les projets. Le manifeste réclame évidemment aussi que les travailleurs de la Côte-Nord soient priorisés.

Mais le document ratisse plus large et revendique même que la Côte-Nord soit considérée comme une «région atypique» en raison de son vaste territoire. Des mesures allant du maintien de la prime de rétention de 8% offerte aux travailleurs de l’État de Port-Cartier et Sept-Îles à la fin de l’exode des directions régionales des ministères vers d’autres régions sont aussi exigées.

«C’est (le chantier) La Romaine qui a été l’élément déclencheur», précise Bernard Gauthier. «Mais maintenant, c’est la force des choses qui fait que ça se passe comme ça, les libéraux coupent partout, tout le monde a le goût de débarquer dans la rue», lance-t-il. «Rambo» Gauthier espère d’ailleurs en venir à une mobilisation sans précédent sur la Côte-Nord grâce au manifeste.

Le leader syndical multiplie les rencontres avec les élus de la région et la nation autochtone pour obtenir le maximum d’appuis avant d’expédier le document à Québec. «Ça peut pas continuer comme ça, on demande d’être respecté», affirme Bernard Gauthier. «Ce qu’on veut avec ça, c’est que nos enfants soient pas obligés de faire ce qu’on fait depuis 30 ans, c’est-à-dire se battre pour travailler chez eux».

Québec a mis fin aux travaux du comité interministériel en décembre, en mettant de l’avant une série de mesures «pour maximiser les retombées» régionales. Les orientations ont été intégrées dans le Plan Nord, comme de «documenter les questions relatives au fly-in, fly-out» et d’augmenter la formation de travailleurs spécialisés.

La CRÉ est «à l’aise» avec le manifeste
La présidente de la Conférence régionale des élus (CRÉ) de la Côte-Nord se dit à l’aise avec le contenu du manifeste. «Ça reflète les orientations qui ont déjà été travaillées par la CRÉ au cours de la dernière année», a expliqué Micheline Anctil, citant les dossiers de la perte de directions régionales de ministères et des services de proximité en santé.

Le comité de transition de la CRÉ doit d’ailleurs se pencher sur le document dès la semaine prochaine. «Il faut voir si ce manifeste-là est un objet auquel tous adhèrent», poursuit Mme Anctil. «Ensuite, si oui ou non, on verra quel sera le plan d’action. (…) Mais, ça vient enrichir les priorités déjà énoncées par la CRÉ».

Bernard «Rambo» Gauthier et l’un de ses collaborateurs au projet, Paul-Émile Gabriel. (Photo : Le Nord-Côtier)

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