Feu vert à Mine Arnaud: Les réactions se multiplient

Par Éditions Nordiques 17 mars 2015
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Les engagements pris par Mine Arnaud et présentés hier par le gouvernement ne sont que «des promesses sans valeur légale» soutiennent les trois groupes citoyens opposés au projet. Ceux-ci craignent «la modification du décret en cours de route, comme à Malartic».

«Les principales demandes adressées par les groupes citoyens de Sept-Îles sont demeurées sans réponses. Si les engagements de Mine Arnaud avaient été sérieux, le gouvernement les aurait mis dans le décret lui-même, des promesses ne sont que des promesses sans valeur légale», ont indiqué les groupes dans un communiqué envoyé aux médias au lendemain de l’autorisation officielle du projet par Québec.

«Si les conditions au décret devenaient trop difficiles à réaliser, la modification de décret en cours de route, comme à Malartic, demeure une éventualité sérieuse et inquiétante», ajoutent-ils. Les groupes citoyens souhaitent également que tous les documents, études, correspondances et rapports de fonctionnaire soient rendus publics.

Les groupes citoyens entendent aussi continuer de réclamer une station d’indice de la qualité de l’air pour que les résidents des secteurs près de la mine puissent savoir en «temps réel» s’il y a des dépassements de normes. «Si ce n’est pas ça, il faudra un mécanisme similaire qui permettra à la population d’adapter son comportement», a mentionné Louise Gagnon.

Les regroupements déplorent également l’absence de mesures de suivi du lac des Rapides, où se trouve la source d’eau potable. Les études de Québec ont démontré «un effet nul» de la mine sur la qualité des eaux du lac. Malgré cela, Mme Gagnon ne se dit pas rassurée. «La sensibilité du lac à l’acidification a été démontrée, on ne comprend pas pourquoi ça n’a pas été retenu, il n’y a rien dans le décret pour protéger le lac. On demande des garanties».

Quelques éléments sont cependant vus positivement par le regroupement, dont la limitation d’extraction à 75 000 tonnes métriques par jour, «comme le BAPE le recommandait», la caractérisation initiale de la baie à l’embouchure du ruisseau Clet et la mesure des particules fines dans l’air.

L’acceptabilité des Innus pas encore atteinte
Le conseil de bande Innu Takuaikan Uashat mak Mani-Utenam (ITUM) «maintient sa position que le promoteur et les gouvernements du Québec et du Canada ont toujours beaucoup de travail à faire pour rendre ce projet acceptable auprès des Innus de Uashat mak Mani-Utenam».

Il rappelle que «l’endroit où se situerait le projet, les Innus de Uashat mak Mani-Utenam affirment un titre ancestral et des droits ancestraux qui n’ont jamais fait l’objet d’un traité ni d’une cession quelconque».

«Il vaut la peine de rappeler que malgré l’ouverture du promoteur à vouloir négocier une entente économique (ERA) satisfaisante du point de vue des Innus, il n’y a toujours aucune négociation en cours entre ITUM et le promoteur Mine Arnaud», a déclaré le chef d’ITUM, Mike McKenzie.

Transparence et accès au savoir, clame la CPESI
La Corporation de protection de l’environnement de Sept-Îles (CPESI) «note des améliorations convenues entre le gouvernement et le promoteur depuis le dépôt du rapport du BAPE en février 2014». «Les clés dans ce dossier tiennent dans la transparence et l’accès au savoir», clame la CPESI qui «encourage fortement le promoteur à intensifier le dialogue social instauré avec la communauté en amont des audiences publiques et le dépôt du rapport à la commission».

La corporation souhaite que le gouvernement tienne une séance d’information publique «exposant les résultats de son analyse environnementale, les modalités du décret d’autorisation, les méthodes qu’il entend prendre pour effectuer le suivi et le contrôle des activités de la mine et répondre aux questions des citoyens de Sept-Îles».

CSN : «Vigilance sur l’impact pour la santé»
Si le conseil central Côte-Nord de la CSN, la Fédération de l’industrie manufacturière (FIM-CSN) et la CSN «salue la décision du gouvernement du Québec de donner le feu vert au projet Mine Arnaud», la centrale syndicale à des préoccupations sur l’impact sur la santé de la population.

«Nous ne pouvons faire fi de la division provoquée par ce projet […] nous seront très vigilants pour s’assurer que développement économique rime avec santé publique et respect de l’environnement», a affirmé la CSN. «Le développement économique ne doit se faire ni au détriment de la santé des travailleurs de la future mine ni des résidents de la région», a mentionné Pierre Patry, trésorier de la CSN.

Avec Fanny Lévesque

(Photo: Le Nord-Côtier)

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