Québec donne le feu vert à Mine Arnaud

Par Fanny Lévesque 16 mars 2015
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Québec a donné lundi, le feu vert environnemental au controversé projet minier de Mine Arnaud, qui prévoit exploiter une mine d’apatite à ciel ouvert à l’entrée ouest de la ville. Si le promoteur obtient les autorisations nécessaires pour aller de l’avant, il devra néanmoins se soumettre à l’un des «plus exigeants» décrets émis par le ministère de l’Environnement.

«On est partis d’assez loin», a concédé le ministre de l’Environnement, David Heurtel, rappelant que le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) concluait après enquête que le projet minier d’apatite n’était «pas acceptable dans sa forme actuelle». Un peu plus d’un an plus tard, Mine Arnaud a fait ses devoirs, assure le ministre. «Quand on soulève des questions à propos de la qualité de l’air ou l’eau potable, on ne peut pas prendre ça à la légère», indique M. Heurtel.

«Si aujourd’hui, on est devant vous avec un décret qui autorise le projet, c’est qu’on a les garanties nécessaires qu’on peut aller de l’avant et que la population peut être rassurée», a-t-il poursuivi, lors de son passage à Sept-Îles. Le décret est d’ailleurs l’un des plus «exigeants» jamais émis par le ministère, encore plus que l’a été celui d’Osisko pour la mine de Malartic.

Conditions et engagements
Mine Arnaud a souscrit à une cinquantaine d’engagements, regroupés sous 17 points majeurs, en plus de se voir imposer 11 conditions par le ministère, dont certaines sont des premières au Québec.

Parmi les plus importantes, Mine Arnaud devra mettre en place cinq stations de mesures de la qualité de l’air à la limite de sa propriété. Les données relevées seront analysées presque en temps réel grâce à une sonde en continu des particules solides totales. En cas de dépassements, Mine Arnaud s’est engagé à interrompre le transport de minerai, un fait rare pour un industriel, selon le ministère.

Mine Arnaud devra également caractériser la «zone d’influence de son panache» à la sortie du ruisseau Clet jusqu’à la limite d’influence de ce dernier dans la baie de Sept-Îles. Une caractérisation complète de la baie, comme le demandaient des citoyens, s’avérait un exercice «démesuré» d’autant plus que d’autres utilisateurs se trouvent à proximité.

Québec limite aussi la production de Mine Arnaud à 75 000 tonnes par jour. Des mesures d’atténuation du climat sonore sont aussi dans la liste. Le promoteur ne pourra qu’effectuer un sautage par jour, entre 9h et 17h, préférablement sur l’heure du dîner. Aucun suivi ne sera effectué par contre au lac des Rapides, où se trouve la source d’eau potable municipale, parce que toutes les études menées ont démontré «un effet nul» de la mine sur la qualité des eaux du lac.

Transparence
La transparence du promoteur a souvent été critiquée par les opposants au projet. Bien Mine Arnaud s’est engagée à déposer sur son site Web, un tableau de suivi des engagements qui sera mis à jour sur une base régulière. Un système de gestion des plaintes et un service téléphonique seront créés. Tous les bilans et rapports du comité de consultation et de suivi seront également rendus publics.

À court terme, Mine Arnaud entend rencontrer les citoyens vivant à proximité du site minier pour leur présenter leur projet bonifié. Un dépliant d’information sera aussi expédié à la population en général. Les pourparlers se poursuivront avec les Innus de Uashat mak Mani-Utenam et le conseil municipal.

Acceptabilité sociale
Pour le ministre Heurtel, la démonstration du travail accompli depuis le BAPE, en tenant compte des préoccupations citoyennes, est «une illustration complète qui mène à l’acceptabilité sociale». Québec rappelle que l’annonce de lundi ne représente pas la fin, mais bien le début du projet et assure que les autorités gouvernementales veilleront au grain pour que Mine Arnaud respecte ses engagements.

Début des travaux
Mine Arnaud continuera de plancher sur l’avancement de son projet, notamment sur le montage financier de 850 millions $. La phase de la construction, qui créera entre 800 et 1000 emplois, devrait débuter en 2016 pour s’achever en 2018. L’exploitation, qui durera entre 28 et 30 ans, s’accompagne de la création de 300 emplois permanents à Sept-Îles.

Mine Arnaud est propriété d’Investissement Québec (62%) et la norvégienne Yara International ASA (38%). L’actionnariat sera appelé à changer d’ici les prochains mois, réduisant notamment la participation du bras économique de Québec.

Le directeur de projet Mine Arnaud, François Biron, le ministre de l’Environnement, David Heurtel, le ministre des Ressources naturelles, Pierre Arcand et le ministre délégué aux Mines, Luc Blanchette, lors de l’annonce de lundi. (Photo: Le Nord-Côtier)