Le peuple Innu parlera d’une seule voix

Par Éditions Nordiques 27 février 2015
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Près de 75 élus des communautés innues au Québec réunis en sommet à Essipit sur la Haute-Côte-Nord du 24 au 26 février, ont enclenché un processus d’unification de la Nation en entérinant la création d’un regroupement appelé Nation Innue. Ils ont par ailleurs abordé différents enjeux ayant trait à la protection, au développement et au partage de leur territoire, le Nitassinan.
Shirley Kennedy

Invités lors de l’ouverture du Sommet, le ministre responsable des Affaires autochtones Geoffrey Kelley, de même que la présidente de la CRÉ Côte-Nord, préfète de la MRC HCN, Micheline Anctil, ont démontré leur volonté de travailler de concert avec Nation Innue pour le bien de tous.

Agissant à titre d’hôte du gala organisé le mercredi soir au Centre multifonctionnel des Escoumins, le maire André Desrosiers est demeuré fidèle à la vision de partenariat et de cohabitation qu’il a toujours défendue, en accommodant ses voisins d’Essipit de sa présence.

Regroupement Nation Innue est né
La volonté des élus est que Nation Innue devienne un instrument d’information et de consultation auprès des membres des neuf communautés innues, et qu’il joue un rôle de défense et de promotion sur différentes tribunes régionales, nationales et internationales.

L’organisme sera également la voix du peuple Innu auprès des diverses instances gouvernementales, administratives et corporatives, avec pour mandat de traiter de « Nation à Nation » avec les gouvernements du Québec et du Canada. Axé vers la défense des droits ancestraux du peuple Innu et la protection du Nitassinan (territoire traditionnel), Nation Innue accompagnera les communautés dans leur démarche vers l’autonomie en matière de développement économique, d’éducation, de culture, de santé et d’environnement.

Des conditions au développement
Lors de ce Sommet, les élus ont par ailleurs discuté de développement et de protection du Nitassinan. C’est ainsi qu’ils ont proposé diverses orientations destinées à guider l’équipe de Nation Innue dans ses discussions avec les gouvernements fédéral et provincial, notamment sur la question du Plan Nord.

Ces orientations vont permettre aux représentants Innus d’élaborer une approche stratégique dans leurs échanges avec le Québec portant sur les différents enjeux en cause, plus particulièrement à l’occasion d’une rencontre avec le premier ministre Couillard prévue pour le mois de juin 2015. Les élus ont aussi réitéré leur position à l’effet qu’ils sont en faveur d’un développement équilibré et durable de leur territoire.

Le partage du territoire
Sur la question de la délimitation des territoires de Premières Nations, les élus ont reconnu l’extrême fragilité de ce dossier qui découle des divisions géographiques arbitraires imposées par les gouvernements dans le cadre d’édits, de prescriptions et de règlements issus de la Loi sur les Indiens ou autres mesures législatives.

Dans un esprit de conciliation et de partage, ils ont demandé à l’équipe de Nation Innue, d’entreprendre, au cours des 12 prochains mois, une démarche d’information et de consultation auprès des membres des différentes communautés. Il sera notamment question du partage des territoires entre les Innus eux-mêmes et avec les autres Nations, dont les Hurons-Wendat, les Atikamekw, les Cris, les Mi’maq, les Naskapis et les Inuits.

Une constitution innue
La dernière journée du Sommet a porté sur l’étude d’un projet de constitution dont l’objectif est de confirmer l’autorité des Innus sur l’ensemble du Nitassinan. Avant d’en arriver à une forme définitive de constitution, les élus ont adopté le principe d’un document général et évolutif qui, dans l’intervalle, va permettre de positionner la Nation Innue face aux intervenants qui utilisent déjà le territoire et ceux qui projettent de le faire.

Il a été convenu que ce document préliminaire allait circuler dans les communautés afin d’en arriver, d’ici environ deux ans, à une proposition définitive qui devra alors être entérinée par les membres des neuf communautés.

Dans un contexte où l’on prévoit en arriver à la création d’un gouvernement national, une constitution innue va permettre de définir et établir la liste des responsabilités que l’on souhaitera alors exercer. La démarche amorcée constitue donc un geste d’affirmation des droits de la Nation Innue sur son Nitassinan.

En conférence de presse jeudi, les élus des communautés innues ont annoncé qu’ils parleraient désormais d’une seule voix. (Photo : courtoisie)

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